La crise n’est pas une fatalité, ni un accident de parcours, c’est une
invention construite de toutes pièces, qui permet au capitalisme
financier de parfaire sa domination en usurpant tous les pouvoirs. Nous
sommes entrés dans l’État d’urgence d’une guerre ouverte contre les
populations. Ce n’est pas le dysfonctionnement du système qui est ici en
cause, mais bien l’économie elle-même dans son fonctionnement, son
achèvement inévitable.
Il s’agit maintenant d’appréhender le système sous tous ses aspects et
dans toute la complexité de ses interactions, pour mieux comprendre
comment la création de richesses a été accaparée par la haute
bourgeoisie dans le processus de la mondialisation, accéléré par
l’informatisation généralisée, la prolifération des dettes, et par le
pillage d’un futur déjà ruiné. L’escroquerie de ce temps décompté se
précipite, l’espace se restreint aux marchandages et aux spéculations
dévastatrices, c'est alors que notre survie s’amenuise dans les
restrictions, la misère et la barbarie.
Le règne de l’exploitation et de sa servitude, des séparations
guerrières et des arnaques mafieuses, paraît se réduire aujourd’hui au
scénario d’une catastrophe programmée. Quand il n’y a plus d’avenir, on
peut alors abandonner les préjugés réducteurs d’un passé révolu. C’est
le moment de prendre le pouvoir sur ses propres conditions d’existence
au cours de situations incertaines, par des pratiques libertaires en
coopérant tous ensemble à l’auto-organisation d’une démocratie générale.
Lukas Stella
Extrait de "L'invention de la crise" publié aux Éditions L'Harmattan, janvier 2012.
http://inventin.lautre.net/linvecris.html