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La crise financière partie des Etats-Unis accapare l’attention des médias et à travers eux l’opinion publique, tout comme l’élection de Barak Obama. Diverses causes sont avancées pour expliquer cette « crise financière occidentale » comme la qualifie l’International Institute for Strategic Studies [1] (IISS). Pour éviter la désintégration du système financier mondial, les principaux gouvernements occidentaux n’ont pas hésité à mettre en œuvre des mesures exceptionnelles. Les Etats-Unis ont ainsi injecté, malgré un 1er refus du Congrès, près de 700 milliards de $ dans le sauvetage de leurs établissements bancaires.
Cette somme est à rapprocher d’une autre : celle que représentent les dépenses liées à la « guerre globale contre le terrorisme » qui depuis le 11 septembre 2001 a englouti 824 milliards de $ (171,1 milliards pour l’ Afghanistan et 653 milliards de pour l’Iraq [2]). Comment croire qu’il n’existe aucun lien de cause à effet entre ces deux masses financières ? Comment ne pas comprendre qu’une économie, fût-elle la 1ère du monde, ne peut entretenir aussi longtemps un tel effort militaire à un prix aussi élevé, notamment les 600 000 emplois détruits depuis janvier 2008 ?
Quoi qu’il en soit, cette crise financière en cache une autre tout aussi importante pour l’avenir du monde. La place des Etats-Unis sur la scène internationale doit, en effet, beaucoup à la doctrine militaire de l’airpower [3] ou de la puissance aérienne, conceptualisée notamment par Ader en France, Douhet en Italie et Mitchell en Amérique du Nord. En témoignent la seconde guerre mondiale (à travers les bombardements massifs de l’Allemagne, comme ceux de Dresde, mais aussi ceux de Nagasaki et Hiroshima à l’arme nucléaire), le Vietnam (avec les tapis de bombes larguées par les B-52), la guerre du Golfe de 1990-1991, l’intervention de l’OTAN contre la Yougoslavie, puis contre l’Afghanistan et de nouveau contre l’Iraq. Des films retracent cette toute puissance aérienne américaine : le docteur « fol amour » (pour les bombardiers stratégiques), le vol de l’intruder (guerre du Vietnam), ou Top Gun (Navy).
La guerre du Golfe 1991 constitue, ainsi, une illustration parfaite de cette doctrine. Comme le souligne le général soviétique Vladimir Slichenko, ce conflit « démontre que les frappes aériennes, à elles seules, façonnent les bases de la victoire. Dans l’opération Desert Storm, la puissance aérienne est la cause principale de la victoire car la supériorité aérienne a modifié le visage de la guerre dans tous ses aspects » [4].. Mais peut-être convient-il avec le lieutenant colonel J.P Hunerwadel [5] de l’USAF, de modérer un tel enthousiasme pour cette manière de faire la guerre à distance : « certains estiment que la dépendance excessive d’Israël sur la puissance aérienne contribua à la défaite apparente » en 2006 au Liban.
C’est donc paradoxalement au moment même où plus aucune
menace n’existe dans le ciel à l’égard des 3500 appareils US, (soit
deux fois plus que toutes les armées de la planète réunies), que sa
force de frappe et de suprématie aérienne connaît une crise sans
précédent caractérisée par deux phénomènes complémentaires :
L’incapacité des Etats-Unis à maintenir leur instrument militaire aérien
La nécessité pour eux de s’appuyer sur des forces locales aussi modestes que les forces aériennes iraqienne et afghane
Ce, sur fond d’incertitudes quant à l’issue de ces conflits…
Un article de Karim Lakjaa
Karim Lakjaa, Doctorant en Droit international – Université de Reims, Diplômé du Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques de Paris (CEDS), Collaborateur occasionnel de la Revue Militaire Suisse, de Damoclès (CDRPC) et du Quotidien d’Oran (Algérie), Envoyé spécial de Jeune Afrique en Iraq en 1998.