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samedi 1er mars 2008 Posté par Joëlle Pénochet
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L’agriculture millénaire irakienne détruite par les multinationales agro-alimentaires américaines
Depuis son invasion en 2003, l’Iraq n’a pas été seulement spoliée de sa souveraineté politique, de son patrimoine archéologique, de ses ressources pétrolières, mais aussi de sa souveraineté alimentaire. En violation de la Constitution irakienne et des conventions de la Haye et de Genève, qui stipulent que l’occupant doit respecter la juridiction du pays occupé, l’administrateur provisoire Paul Bremer a édicté, avant l’installation d’un gouvernement fantoche par Washington, cent ordonnances scélérates qui ont force de loi. L’ordonnance 81 du 26 avril 2004 a livré le pays en pâture aux nécro-entreprises géantes qui contrôlent le commerce mondial des graines, comme Monsanto (le fabriquant de l’agent Orange). Elle conduit à la destruction irréversible de l’agriculture Iraquienne. L’Afghanistan avait subi le même sort en 2002.
Biopiratage dans le jardin d’Eden
Cette circulaire, rédigée de façon très perverse, a institué de fait une obligation pour les fermiers irakiens d’acheter chaque année une licence et des semences transgéniques aux multinationales américaines, alors que la juridiction irakienne interdisait toute privatisation des ressources biologiques. La règle de « Protection des variétés des plantes » (PVP), au centre de cette loi, ne traite pas de biodiversité, mais de la protection des intérêts commerciaux des transnationales semencières. Pour être qualifiées, les plantes doivent être « nouvelles, distinctes, uniformes et stables », des critères que les plantes irakiennes ne peuvent pas remplir. Ces sociétés étrangères détiennent un droit de propriété intellectuelle qui leur concède pendant vingt ans le monopole sur la production, la reproduction, la vente, l’exportation, l’importation et le stockage de toutes les semences génétiquement modifiées et les variétés de plantes « similaires ». Monsanto a fait un hold-up sur les semences de l’Iraq pour les modifier génétiquement et les breveter. Ainsi, les agriculteurs sont maintenant contraints de payer pour pouvoir cultiver des céréales qu’ils semaient depuis des millénaires !
Les fermiers iraquiens rançonnés par les géants semenciers
Cette ordonnance a rendu illégales les traditions antiques de sélection des meilleures semences par les agriculteurs pour les réutiliser d’une année sur l’autre, et d’échanges entre voisins. (Selon la FAO, 97 % des fermiers irakiens réutilisaient encore leurs graines, ou les achetaient sur le marché local en 2002). Par croisements, ils avaient créé des variétés hybrides adaptées au dur climat de la région.
Les agriculteurs « coupables » d’avoir semé des graines non achetées, ou dont le champ aurait été contaminé, encourent de fortes amendes, voire des peines d’emprisonnement et la destruction de leurs récoltes, de leurs outils et de leurs installations ! Le terrorisme alimentaire pratiqué par les multinationales comme Monsanto dans les pays qu’elles colonisent, a conduit au suicide de milliers paysans par le monde – ruinés par l’achat annuel de semences transgéniques et des pesticides, herbicides et fongicides très toxiques qui leur sont nécessairement associés.
Les bombardements incessants depuis 1991 avec des armes à l’uranium appauvri – qui ont transformé le pays en une vaste déchetterie radioactive – et l’embargo de treize ans, avaient déjà commencé de détruire l’agriculture irakienne (anéantissement du système d’irrigation, du matériel agricole et des palmiers dattiers). De 1990 (date de l’instauration des sanctions) à 2003, le volume de la production de céréales avait diminué de moitié.
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