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Lu sur No Pasaran. Depuis deux ans, la Russie a connu un accroissement considérable des violences commises par des bandes de néo-nazis, qui prennent pour cibles des militants antifascistes et antiracistes. Dans un climat déjà très violent, où immigrés issus des anciennes républiques soviétiques, Roms et étudiants étrangers subissaient bien trop souvent la violence des naziskins très présents dans les rues de Moscou, Saint-Pétersbourg et Voronej, quatre militants antifascistes et antiracistes ont été assassinés depuis juin 2004.
Les attaques qui se sont soldées par la mort de Nikolaï Guirenko, Timur
Kacharava, Samba Lanpsar et Alexander Ryuhin ne sont pas isolées :
d’autres militants antiracistes et antifascistes ont fait l’objet de
menaces de mort et ont été tabassées en pleine rue, en plein jour...
Par ailleurs, chacun de ces militants dont nous déplorons aujourd’hui
l’absence en Russie pour continuer le combat antifasciste et
antiraciste a été exécuté par des agresseurs qui connaissaient leur
visage et leur nom. Les modes opératoires, certes différents (coup de
feu à travers la porte d’entrée du domicile de Nikolaï Guirenko, coups
de couteau portés au cœur et au cou pour Timur Karachava, coup de feu
tiré par une arme sur la crosse de laquelle était gravée une svastika
pour Samba Lanpsar et à nouveau coups de couteau portés à la gorge pour
Alexander Ryuhin), montrent de la part des assaillants d’extrême droite
un entraînement et une formation qui ne les ferait pas renier dans les
camps d’entraînement où ils ont été formés. En effet, les néo-nazis de
toutes sortes ont pignon sur rue en Russie, où certaines organisations
ouvertement national-socialistes ont pu rassembler des milliers
d’adhérents, leurs services d’ordre bénéficiant même parfois
d’entraînements armés dans des camps militaires tout à fait officiels.
Dans un contexte où les défenseurs des
Droits de l’Homme sont parfois condamnés pour incitation à la haine
raciale quand ils publient un appel contre la guerre en Tchéchénie
(avec lequel ils ne sont pas forcément d’accord), où les ONG voient
leur marge d’action de plus en plus restreinte par le gouvernement de
Poutine, contre l’avis même du Conseil de l’Europe (dont la Fédération
de Russie assume la présidence depuis début mai !), où les assaillants
de petites filles tadjikes tués de 11 coups de couteaux s’en tirent
sans que le chef d’accusation de meurtre raciste soit retenu, il
importe de faire savoir au gouvernement de la Fédération de Russie que
les organisations et associations antiracistes et antifascistes
européennes et françaises se mobilisent pour protester contre le sort
qui est fait à ceux et celles qui ont fait le choix de s’engager pour
lutter contre le racisme, l’antisémitisme et le fascisme à Moscou,
Saint-Pétersbourg, Voronej et partout ailleurs en Russie.
Nous ne serons pas seuls à protester,
physiquement et virtuellement, ce 8 mai à Paris : d’autres journaux ou
organisations antifascistes du réseau antifanet se mobiliseront en
Europe et aux États-Unis. Dans le Nord de l’Allemagne, une
manifestation aura lieu ; de Grande-Bretagne (Searchlight), de
Scandinavie (Demos, Monitor et Expo), de Pologne (Nigdy Wiecej) et des
Pays-Bas (Alert ! Kafka), des lettres seront adressées aux ambassadeurs
de la Fédération de Russie, afin de soutenir les antifascistes russes,
qu’ils soient chercheurs, journalistes, militants des Droits de l’Homme
ou musiciens de la scène alternative radicale.
Ce 8 mai, jour de
libération pour l’Europe du joug hitlérien, montrons que la solidarité
internationale n’est pas un vain mot. Retrouvons-nous à partir de 14h
devant le siège de l’ambassade de la Fédération de Russie, boulevard
Lannes, métro Porte Dauphine pour dire : “ Vive la solidarité
internationale antifasciste et antiraciste ”