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Chaque consommateur fixait lui-même le prix qu'il évaluait son heure de travail et celui des femmes était égal ou à peu prés à celui des hommes. Le temps employé à servir un consommateur était déduit du bon qu'il présentait et l'un des ornements les plus curieux du magasin était l'horloge faisant face au client. En 1833, il lança à Cincinnati le premier journal anarchiste qui ait jamais vu le jour The Peaceful Revolutionist (le révolutionnaire pacifique), une feuille hebdomadaire de 4 pages, qu'il rédigeait, composait, stéréotypait et imprimait lui-même. Elle vécut un an. En 1835, il essaya de créer une colonie à Tuscaramas, dans l'État d'Ohio, mais la malaria l'obligea de renoncer à son entreprise au bout de deux ans. Pendant ce temps New Harmony était devenu une ville prospère. Après un nouvel essai infructueux à Mount Vernon, dans l'Indianja, Warren se rendit à New Harmony, où il fit des conférences et ouvrit un nouveau magasin The New Harmont Time Store. Macdonald, qui lui rendit visite en 1842 vit en sa possession de nombreuses labor notes - bons de travail horaires - représentant toutes sortes de genres et de quantités de travail, émises par des ouvriers et des artisans de New Harmony et des environs.
Après la dissolution de 1a Clermont Phalanx, association fouriériste et de la Cincinnati Brotherhood, à qui elle devait d'avoir vu le jour, Warren se rendit sur les lieux du désastre et découvrit 4 familles disposées à faire l'essai du Commerce Équitable. Avec elles, il créa un village appelé Utopia, où tout était conduit sur la base individuelle à en croire The Peaceful Revolutionist qui avait sans doute reparu. Pas d'assemblée ou l'on discutait d'une constitution, pas de réunion, pas de délégation de pouvoir, pas de réglementations, pas de fonctionnaires, de prêtres, de prophètes. Des soirées ayant pour but de converser amicalement ensemble, de faire de la musique, de la danse ou de passer le temps agréablement. Tout ce qui concerne les différences d'opinion quant au goût, à l'opportunité, à la question économique à légalité, à ce qui est bien ou mal, bon ou mauvais, raisonnable ou insensé, laissé à la décision suprême de chaque individu, chaque fois qu'il lui était possible de prendre à sa charge le coût de ses décisions. Tout le contre-pied de l'owenisme.
En 1846 ou de bonne heure en 1847, paraissait Equitable Commerce, l'oeuvre maîtresse de Warren, plusieurs fois réimprimée, en 1852 Practical Details in Équitable Commerce; les deux ouvrages parurent réunis en 1863, à Boston; sous le titre True Civilisation - La Véritable Civilisation. En 1851, Stephen Peel Andrews (1812- 1886) publiait sa fameuse Science of Society, qui fit plus d'impression encore que les publications de Warren. C'est là où se trouve énoncé non seulement le principe de la souveraineté de l'individu mais aussi celui du coût comme limite du prix : les efforts qu'ont coûté un produit, c'est ce qu'il vaut.
Stephen Pearl Andrews essaya de créer une association d' « individus souverains » à New-York et parmi ses amis se trouvait un certain Dr Thomas L. Nichols, qui publia en 1853 son Esoteric Anthropology et édita son fameux catalogue de noms imprimés à l'usage de tous les chercheurs d'affinités des États-Unis, qu'on considère comme le début de la réalisation pratique de l'amour libre ou souveraineté individuelle en matière de relations sexuelles (idée dominant alors chez les spiritualistes à tendance avancée). A en juger d'après un numéro de The New-York Tribune, il existait alors à New-York une Ligue de l'Amour libre, à cause de laquelle un débat s'engagea entre Henry James, Horace Greeley et Stephen Pearl Andrews. Tout le monde sait que Benj. R. Tucker a toujours regardé Josiah Warren comme son initiateur.
En 1851, ce dernier s'était établi à Long Island,. aujourd'hui faubourg de New-York, et y avait créé une colonie individualiste célèbre MODERN Times - « les Temps modernes ».
Qu'était « Modern Times », que fréquenta Stephen Pearl Andrews, Thomas Nichols, et où résida Henry Edger, l'un des dix apôtres de propaganda fide nommés par Auguste Comte et que Noyes appelle « la Mère » de l'amour libre ?
Dans son History of American Soclalisms John H. Noyes cite sous le titre « Un coup d'oeil dans Modem Times » un article de journal datant probablement de 1853 et inséré dans la collection de Macdonald. Cet article est désigné comme une conversation entre « un résident et un reporter »
« Nous ne sommes pas fouriéristes. Nous ne croyons pas à l'association. L'association aura à rendre compte d'un grand nombre des maux dont l'humanité souffre actuellement. Nous ne sommes pas des Communistes; nous ne sommes pas des Mormons, nous ne sommes pas des Non-Résistants. Si quelqu'un vole ce qui m'appartient ou me frappe, je prendrai bien soin de régler la question avec lui. Nous sommes des Protestants, nous sommes des Libéraux. Nous croyons à la souveraineté de l'Individu. Nous protestons contre toutes les lois qui s'immiscent dans les droits individuels - c'est pourquoi nous sommes des Protestants. Nous croyons à la parfaite liberté de volonté et d'action - c'est pourquoi nous sommes des Libéraux. Nous n'avons conclu aucun pacte les uns avec les autres, sauf le pacte du bonheur individuel; nous affirmons que chaque homme et que chaque femme possède un droit absolu et inaliénable de faire et d'accomplir, pour l'ensemble comme pour le particulier, exactement ce qui lui convient, maintenant et dorénavant.
Mais cette liberté d'action ne peut être exercée qu'aux dépens absolus des individus qui la pratiquent: ils n'ont pas le droit de mettre à contribution la communauté pour la conséquence de leurs gestes.
« - Vous retournez à peu près aux principes primaires du gouvernement et reconnaissez la nécessité de quelque pouvoir contrôlant autre que celui de la volonté individuelle?
« - Pas trop ! Pas trop ! Dans l'état dépravé où se trouve actuellement la société, pourun petit nombre d'entre nous, nous sommes forcés par les circonstances de faire des gestes qui ne sont pas précisément d'accord avec nos principes ou avec le but de notre organisation. Nous sommes une colonie à son début; nous ne pouvons pas produire tout ce que nous consommons et nombreux sont ceux d'entre nous forcés d'aller à d'extérieur gagner ce qu'on appelle de l'argent, de manière à nous procurer de l'épicerie, etc. Nous sommes pour la plupart des artisans et des ouvriers - de l'est des Etats-Unis. La consommation de la colonie n'est pas suffisante pour employer toute notre main-d'oeuvre. Lorsque nous serons plus nombreux, nos ferblantiers, nos cordonniers, nos chapeliers et autres producteurs non seulement auront assez de travail mais travailleront pour la vente au dehors. Cela nous procurera de l'argent. Nous créerons une bourse d'échange, de sorte que si mon voisin le serrurier, demande mon aide et qu'à mon tour je désire ses services, il y aura une échelle pour fixer les conditions de l'échange.
« - Mais ceci attente au principe de la souveraineté Individuelle.
« Je ne vois pas pourquoi. Personne ne sera forcé d'échanger son travail pour celui d'autrui. Si les conditions ne plaisent pas aux parties, ils font comme il leur plaît. Le chemin traverse un champ de blé de trois acres - bon blé, bonne récolte il m'appartient. Vous voyez cet homme à l'oeuvre le coupant et l'entassant. Son travail de cultivateur n'a pas autant de valeur que le mien comme maçon. Nous échangeons et il en résulte un bénéfice mutuel. Le blé est aussi bon étalon que l'argent .....
« - Avez-vous des écoles ?
« Des écoles ? Nous n'avons qu'une espèce d'école primaire pour les petits enfants, défrayée par des cotisations individuelles. Chaque parent paie sa quote-part.
« - Et les femmes ?
« Les dames ? Nous les laissons faire à leur convenance et en général elles s'en tirent fort bien. Oui l'idée de la souveraineté individuelle leur plaît. La colonie leur fournit une masse de divertissements; nous avons des soirées, de la musique, de la danse, d'autres récréations. Elles ne sont pas du tout coquettes ; elles s'habillent comme il leur plaît, pourvu qu'elles puissent le faire.
« - Et elles portent parfois la culotte, je suppose ?
« Certainement, si ça leur plaît, elle peuvent porter la culotte ».
« - Maintenez-vous le mariage ?
« Oh le mariage ! Eh bien on ne discute pas de cette question-là entre nous. Nous, du moins plusieurs d'entre nous, - ne croyons pas aux unions à vie, si les partenaires ne peuvent pas vivre heureusement. Nous supposons que chacun ou chacune ici connaît ses intérêts mieux que tous les autres. Nous ne nous immisçons pas dans ces choses; chez nous pas d'oreilles aux portes ni de cancanages. Nous sommes de braves gens, laborieux, et ne nous occupons que de ce qui nous regarde. Ici l'individu est maître et indépendant et on considère toute loi tendant à restreindre la liberté dont l'homme ou la femme doit jouir comme basée sur une erreur et ne méritant pas d'être prise en considération ».
l'en dehors #218-219 15 novembre 1931