Jean-Marc Rouillan : « Ne voir aucune arrogance dans ma position de résistance... »
Le 20 février, à Fresnes, à Toulouse et à Bordeaux, des manifestations réclameront la libération immédiate de Georges Cipriani et de Jean-Marc Rouillan. Il est possible de s’associer à ces initiatives en signant une pétition.
Depuis le 31 janvier, Jean-Marc Rouillan est dans les mains des « experts » du Centre national d’orientation, à Fresnes. En clair, des psys sont chargés d’examiner la « dangerosité » du militant qui est passé d’Action Directe au NPA. Pas sûr que leur grille de lecture soit à la hauteur de la situation. Dans son dernier livre, Paul des Épinettes et moi, Jann-Marc Rouillan, double de Jean-Marc, rappelle que son vocabulaire a bien peu à voir avec la « langue administrative ». La révocation de son régime de semi-liberté pour « une poignée de mots » mal interprétée à la suite d’une interview suffit à mesurer le gouffre qui le sépare de ses geôliers. « L’État est prêt à me liquider pour quelques mots exactement comme je suis prêt à mourir pour une histoire vieille de trente ans. »
« Pourquoi cet attachement fidèle à une génération aujourd’hui disparue ?, s’interroge Rouillan dans les pages publiées chez Agone. Ne voir aucune arrogance dans ma position de résistance. Peut-être de l’orgueil. Un orgueil intime qui n’est plus coté aux Bourses du temps présent. » Réglée sur une autre époque, l’horloge interne de Jean-Marc Rouillan est à contre-courant des reniements et des capitulations très en vogue aujourd’hui. « Ma fidélité repose sur le drame. Fidélité à une aventure sociale et humaine. Je reste fidèle au camarade garrotté un matin dans une prison catalane ; à celui assassiné d’une balle dans la nuque ; à celui devenu fou sous la torture… Fidèle à tous nos malheurs, bien sûr, mais plus encore à la joie et à la liberté, à l’incalculable liberté de combattre pour cet absolu vivant, fraternel et incandescent. »
Pendant que les experts de Fresnes psychologisent, le syndrome de Chester-Erdheim ronge inexorablement la carcasse de Rouillan. A priori, si la loi Kouchner est toujours en vigueur, Rouillan devrait être libéré sur le champ pour raisons médicales... Ailleurs, dans la prison d’Ensisheim, Georges Cipriani attend de savoir si sa quatrième demande de libération conditionnelle lui permettra de mettre un pied dans le Pays du Dehors. Chose qu’il n’a jamais connue depuis vingt-trois ans. C’est en effet le 21 février 1987 que Joëlle Aubron, Nathalie Ménigon, Georges Cipriani et Jean-Marc Rouillan ont été arrêtés pour leurs activités au sein d’Action Directe. Nathalie Ménigon est en liberté conditionnelle depuis le 3 août 2008. Libérée pour raisons médicales le 16 juin 2004, Joëlle Aubron est décédée le 1er mars 2006.
Après un démarrage difficile, la pétition qui exige la libération de Georges Cipriani et de Jean-Marc Rouillan (qui ont purgé leur peine de sûreté en 2005) commence à bien s’étoffer. Aux noms que nous avons récemment publiés, Il faut ajouter par exemple le philosophe et psychanalyste Miguel Benasayag, les réalisateurs Jean-Michel Carré et Jean Asselmeyer, Bob Siné (Siné Hebdo), les écrivains Gilles Perrault, Jean-Paul Cruse et Roger Martin, le philosophe Arnaud Spire, le metteur en scène Stéphane Arnoux, Frédéric Gircour (blog Chien Créole), le chanteur Éric Mie, la compagnie Jolie Môme... mais aussi des organisations libertaires ou communistes, des associations (ARPPI, Campagne civile pour la protection du peuple palestinien, comité Chiapas, lycéens autonomes...), des librairies, des médecins, des infirmiers, des travailleurs sociaux, des enseignants, des journalistes, des paysans, des chômeurs, des retraités, des étudiants, des intermittents... Il faut un maximum de noms sur la pétition avant le 20 février. Envoyez vite votre signature à sout.ad@orange.fr
À l’approche de la date « anniversaire » de l’arrestation des militants d’Action Directe, plusieurs comités de soutien organisent des rendez-vous en France :
- Samedi 20 février, rassemblement devant la préfecture, à 11 heures, place Saint-Etienne à Toulouse.
- Samedi 20 février, manifestation devant la prison de Fresnes, avenue de la Liberté, à 13h30, à Fresnes.
- Samedi 20 février, rassemblement à 15h place Saint-Projet à Bordeaux + projection du film Salvador à 20h15, à la librairie du Muguet.
- Dimanche 21 février, projection du film 9 m2 à Molodoï, à Strasbourg.
- Samedi 27 février, projection et discussion au Lokal autogéré, à Grenoble.
Paco
Le texte de la pétition, des images de plaques de rue aux noms des prisonniers et d’autres documents sont disponibles sur le blog d’information et de mobilisation pour les
militants d’Action Directe emprisonnés.