Jacqueries paysannes d'hier et d'aujourd'hui : Guillaume Calé et la grande jacquerie
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collège Guillaume Cale : "Jacqueries et révoltes paysannes d'hier et d'aujourd'hui : Guillaume Calé et la grande jacquerie au moyen âge
L'histoire de Guillaume Cale se déroule
au Moyen Age, pendant la guerre de Cent
Ans.
En 1328, le roi de France Charles VI
meurt sans héritier direct. Sa sœur Isabelle, mariée
au roi d'Angleterre Edouard II a un fils qui peut prétendre
au trône de France mais les grands seigneurs lui préfèrent Philippe
de Valois "né du royaume" et plus proche cousin du roi. En 1337, Edouard III rompt son hommage
vassalique à Philippe VI et réclame la couronne de France.
Commence alors une guerre qui allait durer plus de cent ans (1337-1453).
Le roi et les chevaliers français sont défaits à Crécy (1346), Calais (1347)
et plus encore à Poitiers (1356)
où le nouveau roi, Jean II le Bon , fils de Philippe VI est fait prisonnier avec une grande partie de la
noblesse du royaume.
Pendant cette période, la mort est partout présente : dès 1347,
une épidémie de peste noire fait mourir un européen sur trois alors que les campagnes
sont dévastées régulièrement par des compagnies armées, en temps de guerre comme en
temps de paix. Les seigneurs, protecteurs traditionnels des paysans, sont mis en
accusation. Jamais une telle contestation ne s'était développée depuis la révolte des Karls en Flandres.
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Les codes sociaux vont s'inverser : les paysans vont faire subir aux seigneurs ce
qu'ils subissent habituellement de leur part. Dans les villes, la crise économique
provoque chômage, hausse des prix et révoltes. Le Prévôt des
marchands de Paris, Etienne Marcel, conteste
l'autorité royale en la personne du Dauphin (le futur Charles V) mais plus encore la chevalerie française incapable de
protéger le royaume. Dans les campagnes les paysans que l'on surnomme les Jacques se révoltent. Ils sont écrasés par les impôts auxquels
s'ajoutent les rançons à payer pour délivrer les chevaliers français. En 1358, dans notre région, ils apprennent en plus que les châteaux
de la région de Compiègne où résident ceux qui les
pressurent devront être reconstruits. Au mois de mai de cette
année là, des paysans de Saint-Leu d'Esserent, de Nointel et de Cramoisy tuent 9
chevaliers qui dit-on arrêtaient et rançonnaient des convois qui allaient vers Paris. Ce n'était au départ qu'une banale altercation entre les
habitants des bourgs nommés ci-dessus et Raoul de Clermont
et sa suite de gentilshommes. Le comte est tué ainsi que trois chevaliers et cinq
écuyers. L'émeute devient rapidement une révolte plus ou moins organisée qui gagne
tout le Beauvaisis. Les Jacques
s'organisent sous la direction de Guillaume Callé ou Calle ou Karlé, homme instruit en
l'art militaire. Souvent paysans, ces révoltés intègrent néanmoins dans leurs rangs
des petits bourgeois et des commerçants tel Gilbert Colas d'Acy en Multien (petit et pauvre marchand de volaille et de
fromage), des prêtres comme messire Jehan Nérenget, curé
de Gilocourt, des fonctionnaires royaux à Senlis comme Henri de Murat et
quelques petits seigneurs comme Jehan de Macreux ou Loyse de Templeux, fille du seigneur de Béthancourt.
Un certain nombre de châteaux sont ruinés par les Jacques
comme ceux de Chantilly, Francastel,
Cuise, Montataire ou Thiers. Le seigneur d'Ermenonville, Robert de Lorris (chambellan de Jean II le
Bon), après avoir résisté est fait prisonnier. Il est alors forcé de suivre les
révoltés qui ne peuvent par la suite pénétrer dans Compiègne
mais rallient la ville de Senlis à leur cause.
Pendant cette période, on parle d'une entrevue possible entre Etienne
Marcel et Guillaume Cale en forêt d'Ermenonville. Par peur d'une rébellion qui gagne du terrain et
qu'ils ne peuvent contrôler, les bourgeois refusent au dernier moment une alliance qui
aurait pu faire du royaume de France la première monarchie
constitutionnelle de l'histoire de l'Europe chrétienne. A
vrai dire, la révolte des Jacques manquait cruellement de
penseurs et d'objectifs politiques précis.
Le roi de Navarre, Charles le Mauvais,
réunit momentanément la noblesse française pour organiser une répression sanglante.
D'après Froissart (chroniqueur n'ayant guère de sympathie
pour les Jacques), Jean de Grailly
(captal de Buch) et le comte de Foix
libèrent la dauphine et les princesses
qui sont assiégées dans une forteresse de Meaux et
massacrent plus de 7000 Jacques dans cette ville. Le 13 juin, près de Catenoy l'armée des
Jacques de Guillaume Cale et
celle des chevaliers sont face à face. La détermination des paysans et telle que la
bataille n'a pas vraiment lieu et c'est par traîtrise que Guillaume
Cale est attiré dans la ville de Clermont . Aussitôt
chargé de chaînes alors qu'il venait parlementer, il est torturé puis décapité dans
cette ville. Privée de commandement, l'armée des Jacques se
débande et la répression peut commencer. Si la rébellion a duré entre deux et quatre
semaines, la répression elle, durera plusieurs mois. L'amnistie imposée par le Dauphin le 10 août 1358 mettra un
terme à tous ces événements. D'autres soulèvements paysans auront lieu quelques
décennies plus tard mais ils n'atteindront jamais la violence de la Jacquerie.
La spontanéité de cette révolte n'est pas sans rappeler la Grande
Peur de juillet 1789.