J’étais en prison...
Lu sur
Altermonde-le village : : "A tous ceux que l’on enferme en prison, coupabes ou innocents ; ils ne sont pas des bêtes d’abattoirs. Quelle est donc cette Justice qui ne sait que se venger ? ...
Pour mieux parer aux peurs, garder leurs patrimoines,
Nos fins législateurs, imitant les saints moines,
Ont créé des cachots fermés à double tour.
Qu’il fasse froid ou beau, c’est brûlant comme un four.
Ils pouvaient pardonner, soigner les prévenus...
Seul punir est aisé au cœur des parvenus.
Le voleur, l’assassin, valant bien moins qu’un rat,
Ils leur cassent les reins dans leurs cages à judas...
Ils tiennent au châtiment, infligé chaque jour,
A ces méchants pendards par goût des vengeances.
On les voit médisants, fiers et bavards toujours...
Aux scélérats les dards, aux « purs » bonne conscience...
La haine est leur atour ; ils en appellent à Dieu !
Mais pas celui d’amour, non, l’assoiffé de sang !
Le dieu d’inquisition, celui du mal, du feu ;
Un divin furibond, idole des puissants !
Comment, sans le recours au dieu des vengeances,
Garder pendant le jour, la bonne conscience,
Dormir encore en paix et se croire important ?
Des porteurs de ce faix, coupables ou innocents,
Chaque jour ils exigent affront et repentir !
Les juges se figent par orgueil pour le pire ;
Ils imposent aux captifs tous les maux de leurs vices,
Imposent leurs motifs, disant que c’est justice...
Et à quoi bon, sinon, être un bouc-émissaire,
Si ce n’est pour de bon diffamer la misère ?
Innocents, coupables, leur sort est de crever
Pour plaire aux charitables ainsi qu’à tout bien-nés.
Ceux qui, depuis toujours, ont eu les poches pleines,
Ignorent au jour le jour, combien les pauvres peinent...
Eux qui jamais n’ont eu à lutter pour survivre,
Croient que tout leur est dû, qu’il est aisé de vivre...
Ô combien êtes-vous, compagnons de misère,
A croupir dans la boue, pour que ceux-là soient fiers,
Afin qu’ils se pavanent et s’offrent aux bains de foules ?
Ils sont comme des ânes à l’âme bien trop saoule !
Ô combien êtes-vous, séquestrés si lucides,
Morts pour si peu ou prou de tristesse ou suicide ?
Morts pour leur goût du sang et pour prix de leur haine !
Quant à vous, survivants, sachez briser vos chaînes...
Ô combien êtes-vous, qui ressortez debout
Et non pas à jamais rabaissés et détruits ?
Le cœur dur, le corps mou, et l’esprit un peu fou...
Voilà ce qu’ils voulaient : jeter en vous la nuit...
Un pauvre poète, libre, pareil au vent,
Dira à tue-tête : Vos lois et leurs servants
Ne sont que paravent ! Amoureux de la mort,
N’offrant que des tourments, vous connaîtrez leur sort...
Jean Dornac