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lu sur avoixautre: " Dès sa conception, le referendum sur le droit, pour une femme portugaise de choisir de garder ou non, un enfant a été faussé. En effet, selon nos camarades anarchistes vivant dans le pays : « Il n’aurait pas dû avoir raison d’être : il est issu d’un honteux consensus, obtenu entre les socialistes, de plus en plus impopulaires, à cause de la casse sociale qu’ils ont cautionnée, et les curés portugais ». Quelle autre meilleure preuve, que l’absence d’affrontement dans la rue, entre les anti-IVG et les militantEs pour le droit au choix. S’agit-il d’un nouvel effet de manche socio démocrate qui sera mal appliqué, par manque de moyens ? Dans d’autres pays européens, nous avons, hélas, eu l’occasion de nous en rendre compte, comme en France (pays laïc ?) où, malgré la loi Veil, les cliniques pratiquant l’IVG se font de plus en plus rares, tandis que les anti-IVG continuent à prier impunément à genoux sur nos trottoirs, tout en brandissant des photos de foetus... Une loi est-elle suffisante, pour faire respecter le droit au choix des femmes ?
Pour autant, la question posée aux Portugais le 11 février, avait l’avantage d’être assez claire : « Etes-vous pour la dépénalisation de l’IVG, si elle est réalisée à la demande de la femme, dans les 10 premières semaines de grossesse, dans un établissement de santé légalement autorisé ? ». Trois jours après les résultats, les chiffres divergent un peu, mais la fourchette se situe entre 52 et 59 % de « oui », selon diverses sources. Il est vrai que le taux de participation, malgré les appels des deux camps « celui du oui et celui du non », n’a été que de 50 % [1]. Ceci aurait pu poser un problème, mais en dépit de cette forte abstention, le référendum sera validé, les résultats étant « non contraignants ». L’Assemblée légiférera, car les formations favorables à la dépénalisation détiennent une majorité parlementaire absolue. « Il s’agit bien, cependant, d’une immense victoire pour les femmes portugaises » a souligné le directeur du Planning familial de Lisbonne. En effet, jusque-là la question du choix était taboue, dans un pays où l’influence de l’Eglise catholique reste forte (et représente, selon les chiffres officiels plus de 90% des ressortissants). « Une législation permettra un accès à l’interruption de grossesse dans des conditions de sécurité pour les portugaises, ainsi que le désir d’une maternité consciente, responsable et libre ».
Une bonne campagne pour le choix
Il est possible que la campagne menée, en faveur du « oui » ait influencé les choix. Elle a surtout porté sur les 23 000 avortements clandestins, pratiqués chaque année dans le pays [2]. Et ce, malgré le risque de 3 ans de prison, sauf en cas : « de viol, de danger pour la vie de la mère ou de malformation du fœtus ». Pour autant, il faut bien reconnaître que la majorité des procès se sont achevés sur des condamnations assorties de sursis ou d’acquittements [3]. Durant cette période, les femmes portugaises, qui en avaient les moyens, pouvaient traverser la frontière, pour rejoindre l’Espagne, où l’IVG a été légalisée, depuis une décennie. Pour l’heure, les socialistes au pouvoir proposent d’autoriser l’avortement dans les dix premières semaines de la grossesse. Il est important de noter que ce délai, très réduit, par rapport aux autres législations en court dans d’autres pays européens, laisse le Portugal dans le classement des pays les plus conservateurs, en ce domaine. C’est ainsi qu’on se doit de parler de victoire relative. Un long chemin reste encore à parcourir, pour allonger les délais, comme c’est dorénavant le cas en France. Sur ce point, le directeur du planning familial de Lisbonne rappelle : « Il faut faire pression pour que la couverture contraceptive soit plus efficiente et que l’éducation sexuelle dans les écoles soit effective, ainsi que l’adoption rapide d’une loi, qui permettra d’intervenir rapidement, pour aider à l’information et dépénaliser le cas des femmes encore aujourd’hui concernées et poursuivre les avancées ». Pour autant, nos camarades vivant au Portugal nous alertent sur un autre aspect du problème. Les lieux d’accueil sociaux pour les femmes concernées sont de plus en plus laissés en perdition, sans moyens financiers et de fait, les femmes ont de moins en moins de lieux, pour se faire entendre. Quid de l’aide psychologique, quid de la destruction des droits sociaux, au détriment de la santé publique ?
Les anti-IVG dans le bénitier !
Durant toute la campagne, les anti-IVG n’ont eu de cesse d’avancer des arguments que les militantEs pour le choix connaissons bien : « qu’une légalisation entraînerait un accroissement du nombre des IVG, une augmentation des dépenses de santé et pourrait également créer un précédent susceptible de remettre en cause d’autres lois ». Or, pour prendre le cas de la France, il s’avère que le nombre total de femmes ayant eu recours à l’avortement (tous âges confondus), depuis sa légalisation, n’a pas du tout explosé, loin de là. Il faut bien sur rappeler, qu’une telle loi doit s’accompagner d’une bonne campagne d’information sur les moyens de contraception, dont l’utilisation précoce est certainement directement en rapport avec le nombre d’IVG pratiquées. Au lendemain des résultats, l’église catholique n’a pas tardé à ramener sa fraise pour rappeler que la légalisation de l’avortement mettrait en péril les valeurs traditionnelles (voir les brèves de combat ML 1457). Déjà, au cours de la campagne, les représentants de l’Eglise menaçaient d’ex communier celles et ceux qui oseraient voter oui. Un archevêque a même déclaré : « le vote est secret, mais Dieu voit tout ! ». On croit assister à une campagne médiévale sur le sujet. Cependant, on peut avancer que les résultats du vote sont, tout de même, une bonne claque pour le CDS/PP (ultra droite) et pour le PSD (centre droit), formations qui s’étaient engagées pour le « non », à grand renfort de slogans démagogiques et obscurantistes. Et pan sur le bec des corbeaux !
Rien n’est jamais acquis aux femmes !
Pour au niveau européen, en En Irlande, en Pologne et à Malte, les choses ne semblent pas évoluer favorablement. Bien sûr, d’aucuns prétendent que le passage par le Parlement européen l’Europe pourrait faire aboutir l’harmonisation des législations européennes en matière d’avortement. Mais, c’est oublier que ces pays, profondément catholiques reçoivent l’appui, sans condition, des puissants lobbies intégristes, qui agissent presque impunément dans les couloirs de Strasbourg ou de Bruxelles (le Monde libertaire a plusieurs fois abordé ce sujet). En France, plusieurs partis d’extrême droite, Fhaine en tête, rêvent d’un referendum, dont l’objectif reconnu est de remettre en cause la loi Veil. No Pasaran !
[Patrick Schindler, Groupe Claaaaaash, FDédération anarchiste]
groupe-claaaaaash@federation-anarchiste.org
[1] Lors du précédent référendum de 1998, seulement 32% des électeurs s’étaient déplacés dans les bureaux de vote, ainsi le résultat avait été invalidé. Pour cette année, une source portugaise indique qu’à peine 40 % des 8,4 millions de portugais se sont déplacés pour se prononcer sur la dépénalisation (source web de l’humanité). Pour sa part, Libération porte à 54,6 % le taux d’abstention.
[2] D’autres sources indiquent une centaine d’IVG pratiquées dans les hôpitaux et une estimation fixée à moins 20 000 sont pratiquées clandestinement (source nationale portugaise).
[3] Depuis le précédent referendum de 1998 qui avait obtenu 50 % de non, 30 femmes ont été jugées et 15 emprisonnées, tandis que 10 autres ont perdu la vie après des IVG ratées, tandis que des dizaines d’autres se sont exposées aux pires mutilations.
Commentaires :
Rakshasa |
"comme en France (pays laïc ?) où, malgré la loi Veil, les cliniques pratiquant l’IVG se font de plus en plus rares"
N'est-ce pas dû à la possibilité aujourd'hui d' IVG médicamenteuse à la maison ? Répondre à ce commentaire
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à 20:00