Le concept d’islamophobie est un racket sémantique et politique qui se situe au carrefour de deux camps conceptuels, celui du religieux et celui du racisme. Son but est en effet d’enlever toute légitimité à la critique de la religion musulmane (et donc, par glissement, aux religions en général), taxant systématiquement toute critique de racisme envers les croyants (réels ou supposés). De nombreux soi-disant « révolutionnaires » se sont réappropriés ce concept et, par conséquent,l’aveuglement face au rôle autoritaire et pacificateur de toute religion.
Alors que nos pieux « révolutionnaires » nous parlent d’« islamophobie »
à toutes les sauces, les fachos du printemps français nous parlent,
eux, de « cathophobie », d’autres encore de « négrophobie » ou de
« judéophobie ». Chacun tente son petit racket politique sur
l’antiracisme. Chacun a sa petite oppression et ses petits
particularismes à mettre en avant, toujours en concurrence avec ceux des
autres, approfondissant les divisions entre exploités. Et surtout, plus
personne ne parle de la lutte contre le racisme en tant que tel, et
sous toutes ses formes.
Refuser ce raccourci conceptuel est un point de départ pour s’opposer à
toutes les religions, y compris l’islam, présenté à tort par les
défenseurs du concept d’« islamophobie » comme la religion des opprimés
(comme le catholicisme irlandais ou le bouddhisme tibétain à d’autres
époques). Il s’agit alors de nous faire passer la religion comme élément
d’émancipation dans le pire des cas, et dans le moins pire, de faire
passer l’idée que la religion n’est pas, en soi, un outil de domination
séculaire au service de l’ordre. Derrière cela se cache l’idée que les
rapports de domination, lorsqu’ils sont portés par de supposés
« opprimés », deviendraient émancipateurs.
Parce que la religion reste un problème majeur pour ceux et celles qui
veulent une transformation radicale de ce monde, sa critique est
nécessaire, aujourd’hui plus que jamais. Parce qu’il n’y a pas de
« religions des opprimés », seulement des religions qui oppriment.
Mardi 26 janvier 2016 – 19h à la bibliothèque anarchiste La Discordia.
45 Rue du Pré Saint-Gervais, 75019 Paris
Métro Place des Fêtes (lignes 7bis et 11 du métro).
http://ladiscordia.noblogs.org/