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Il pleuvait sans cesse sur Gaza ce jour-là ...et des mensonges partout sur le monde
--> in le Monde libertaire # 1539 du 15 au 21 janvier 2009

Un article de Sami Chemin dans le Monde libertaire, hebdomadaire de la Fédération anarchiste # 1539 du 15 au 21 janvier 2009 . Quelles sont les deux industries qui prospèrent alors que la crise est mondiale? Allez, nous allons vous éviter un claquage de méninges et répondons à votre place. Il s’agit de l’industrie de la guerre et de sa cousine germaine, la fabrique du mensonge.


Depuis le 27 décembre 2008 la population de Gaza est soumise à un déluge de fer et de feu. Cette opération de guerre à grande échelle préparée dans le plus grand secret par les généraux d’Israël depuis plus de six mois a pour objectif affiché de faire cesser les tirs de roquettes du Hamas sur les localités du sud d’Israël.


Faute de reconnaître que de répugnants calculs électoraux sont à la base de cette agression – le parti Kadima au gouvernement ayant voulu démontrer aux électeurs qu’il est au moins aussi ferme envers les Arabes que son concurrent le Likoud en vue des législatives de février 2009 – la fable de « l’autodéfense » est déversée à gros bouillons par la machine de propagande de l’État hébreu, fable servilement et abondamment reprise par les États occidentaux et leurs nombreux médias aux ordres.


Mais les F16 et les chars Merkava ont beau réduire en bouillie sanglante des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants et pulvériser les immeubles et fragiles habitations de la bande de Gaza que cela ne suffira jamais à falsifier la vérité de l’histoire.


En 2005 le gouvernement israélien avait démantelé les colonies qui s’étaient incrustées dans la bande de Gaza, chose qui avait permis à la machine de relations publiques d’Israël de turbiner plein pot pour valoriser cette mesure.


Or cette décision découlait d’un choix stratégique peu avouable puisque l’objectif réel était de redéployer les forces militaires pour intensifier leur contrôle sur la Cisjordanie. À ce sujet, Dov Weisglas, le principal conseiller d’Ariel Sharon avait mis les points sur les i: « Le désengagement c’est du formol en réalité. Il fournit la quantité de formol nécessaire pour qu’il n’y ait pas de processus politique avec les Palestiniens […] l’ensemble de ce paquet que l’on appelle l’État palestinien a été retiré de notre ordre du jour infiniment. »


Vinrent les élections législatives organisées par l’Autorité palestinienne en janvier 2006. Au grand dam d’Israël, de ses

complices occidentaux et du fort malléable Mahmoud Abbas, le Hamas obtint la majorité absolue des sièges.


Ce résultat – pourtant acquis dans des conditions parfaitement régulières – resta en travers de la gorge du gouvernement israélien et de ses marionnettes occidentales. Sur le champ les démocrates de la petite carotte et du gros bâton décidèrent d’infliger des punitions collectives aux centaines de milliers de Palestiniens qui avaient eu la naïveté de croire que leur choix serait respecté. Le blocus sur terre, sur mer et dans les airs s’intensifia sur le territoire de Gaza qui dès lors fut transformé en une immense colonie pénitentiaire.


Weisglas put jubiler, sa volonté de « mettre au régime » les Gazaouites fut appliquée impitoyablement : électricité, carburant, eau, ciment, nourriture, médicaments et même les fournitures scolaires aux enfants ne franchirent les points de passage qu’au comptegoutte.


Conséquence de quoi ce n’est point un soulèvement de la population contre le Hamas qui se produisit – car tel était le calcul machiavélique de ces stratèges à la noix – mais, comme il était prévisible l’extension et l’aggravation de la misère, celle-ci se doublant de conditions médicales et sanitaires épouvantables.


La totalité des organisations humanitaires sur place tirèrent maintes fois la sonnette d’alarme, ce fut peine perdue car la logique des bouchers est impitoyable: les Gazaouites s’en étaient remis à une « organisation terroriste » dorénavant eux-mêmes seraient considérés et traités comme tels, depuis l’enfant qui vient de naître jusqu’au vieillard chassé de sa terre lors de la Nakba en 1948.


Néanmoins un statu quo en trompe-l’oeil entre le Hamas et Israël prévalut pendant le second semestre de l’année 2008. Dans le cadre du cessez-le feu prévu pour durer du 19 juin au 19 décembre, le Hamas s’engageait à ne plus tirer des projectiles sur le sud d’Israël (promesse qui fut respectée comme en témoignent les statistiques du ministère des affaires étrangères israéliens), l’État hébreu promettait pour sa part le levée du blocus de Gaza alors que l’Égypte donnait son accord pour l’ouverture du passage de Rafah. Les promesses du gouvernement de Ehud Olmert valant autant que la morale de son premier dirigeant, le siège de Gaza ne fut que partiellement levé.


Vint la journée fatidique du 4 novembre 2008 pendant laquelle Israël lança un raid sur Gaza « afin de détruire un tunnel arrivant près de la barrière frontière » pour reprendre la terminologie de ses décideurs. Cette opération faucha la vie de plusieurs Palestiniens et eût pour effet direct d’inciter le Hamas à riposter en utilisant à nouveau les lance-roquettes qui sommeillaient jusque là.


C’est ici qu’une fois supplémentaire la redoutable machine à désinformer sioniste fait preuve de sa remarquable efficience en vue de propager puis faire avaler un énième répugnant mensonge, à savoir (que) « la rupture du cessez-le-feu est exclusivement imputable au Hamas ».


Bush, le neu-neu qui raisonne comme une Winchester, proclame la même saloperie ouvertement. Obama ne dit rien car « il n’est pas encore Président » mais il a déjà donné des sérieux gages sur sa volonté de continuer à aligner la politique de son administration sur celle d’Israël. Sarkozy – fidèle à lui-même – fait le flambard tout en se couchant aux pieds de Tzipi Livni et de Benjamin Netanyahu.


Quant à Kouchner, conscient qu’il n’a plus la force de porter des sacs de riz sur l’épaule, implore Olmert de lui donner l’autorisation d’aller livrer des pansements aux hôpitaux de Gaza entre deux bombardements.


Pour leur part, le Conseil de Sécurité de l’ONU et les autres chefs d’État du « monde libre » tiennent des discours à la Ratzinger: « nous demandons à chaque partie de faire preuve de retenue et d’épargner la vie des innocents », façon aussi piteuse qu’ignoble de s’exonérer de leurs propres responsabilités.


Tout ceci vous soulève le coeur? Normal, mais veillons à ce que la colère et l’indignation ne nous fassent occulter la dimension historique et politique de ce qui n’est pas un conflit entre deux États mais la perpétuation d’une guerre coloniale menée par Israël pour s’approprier de nouvelles terres (en Cisjordanie) et transformer les autochtones en citoyens de seconde zone dans l’État des juifs ou bien pour les reléguer dans des bantoustans administrés par des fantoches, remarquons à cet égard que Mahmoud Abbas présente de plus en plus ce profil.


Nous ne sommes pas des adorateurs de l’ONU, il s’en faut de beaucoup, mais cela ne nous empêche pas d’observer qu’aucune des résolutions adoptées dans cette instance n’a été respectée par Israël. Ainsi les continuateurs de la politique de Ben Gourion font fi d’un retour aux frontières de 1967, pis ils étendent et multiplient les colonies de peuplement en expulsant brutalement ceux qui y vivaient depuis de nombreuses générations, modifient unilatéralement le statut de Jérusalem, enterrent toute idée de négociation pour traiter du droit des réfugiés pour retourner sur la terre dont ils ont été chassés en 1948, etc.


Pareillement il convient de signaler qu’Israël viole impunément le droit international en se torchant le Sion avec les conventions de Genève et plus spécifiquement la 4e relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, conclue le 12 août 1949 et ratifiée à ce jour par 194 États dont… Israël.


Pour être plus précis, nombre d’exactions commises par l’État hébreu correspondent trait pour trait aux violations graves du droit de la guerre selon les définitions qu’en donne l’article 147. En abrégé, il ressort de cet examen qu’Israël a pris un long abonnement à la perpétration de crimes de guerre, ce qu’assumait sans honte le général de division de réserve Giora Island lorsqu’il tenait les propos suivants: « Israël ne devrait pas limiter ses attaques aux équipements militaires mais devrait frapper des cibles civiles. Les atteintes à la population civile devraient être maximisées parce que pire est la crise humanitaire et mieux et plus rapidement s’achève l’opération.


» Ce galonné se fout le doigt dans l’oeil jusqu’au coude car plus la redoutable machine de guerre d’Israël martyrisera les populations palestiniennes et plus elles se souderont derrière les barbus du Hamas, ces derniers apparaissant comme étant leurs seuls véritables sinon ultimes défenseurs.


Comme le souligne avec beaucoup de lucidité le pacifiste israélien Uri Avnery: « Cette guerre l’écrit en lettres capitales: Israël a manqué une chance historique de faire la paix avec le nationalisme arabe laïque. Demain, il pourra être confronté à un monde arabe uniformément fondamentaliste, un Hamas multiplié par mille. »


Israël bénéficie d’une complète délégation de pouvoir de la part des États-Unis et de ses seconds couteaux (dont l’énumération serait trop fastidieuse mais dans laquelle la France ne laisse pas sa part au chat) pour mener le combat du camp occidental contre celui de « l’obscurantisme », c’est-à-dire le monde musulman. Mais il serait réducteur d’attribuer à la seule théorie du « choc des civilisations » l’explication de l’alignement des États occidentaux sur la politique d’Israël. D’autres raisons concourent à cette situation, l’une est liée à l’histoire, en particulier à la culpabilité ressentie par les États européens à cause de la passivité qui fut la leur pendant que les nazis exterminaient les juifs, chose dont joue d’ailleurs Israël avec une indécence inouïe; l’autre étant que le porte-avions des États-Unis dans la région a constamment démontré son efficacité pour assurer son rôle de bastion avancé du « monde libre » au Proche-Orient en vue de la sauvegarde de ses intérêts… Sauf qu’aujourd’hui le porte-avions échappe complètement à ses anciens maîtres tout en bénéficiant de ses prestations empressées.


Les gesticulations diplomatiques menées à grand tapage sont pure poudre aux yeux en ce sens qu’elles visent à pérenniser une situation totalement inacceptable en les dissimulant sous le voile poisseux de l’humanitaire. Mais, de partout dans le monde des centaines de millions de personnes n’accepteront jamais de se soumettre à la « loi » du crime et du mensonge et, à cet égard, nous saluons tout particulièrement le courage des milliers d’Israéliens qui tous les jours dénoncent vigoureusement les agissements des assassins qui dirigent leur pays.


S. C.


Ecrit par mecano, à 17:43 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  Gorban
18-01-09
à 21:34

merci

Je suis vraiment très heureux de lire cet article et j'en partage le fond.

Si je me permet de le dire c'est que j'ai été abasourdi par l'article " Un compte-rendu des manifestations en soutien à Gaza dans le Monde libertaire # 1539 du 15 au 21 janvier 2009 " et surtout sa conclusion : ne pas manifester et faire un communiqué .......

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  El-Bilob
19-01-09
à 09:54

Re: merci

Moi, ce que je trouve d' "abassourdissant", c'est ces religieux qui viennent avec des slogans religieux ("Allah akbar") et qui prient dans la rue lors d'une manif. Ces gens-là détournent la manif de son objet en voulant confessionnaliser la solidarité avec un peuple massacré. Du coup la grille de lecture du conflit est totalement faussée. Ou plutôt, plusieurs lectures se dégagent, antinomyques. La solidarité internationnaliste contre les crimes de guerre israéliens, le soutien à un peuple colonisé, et le combat national-religieux de certains qui relève quasiment de l'extrême-droite et qui instrumentalisent la cause palestinienne au service de leur idéologie nauséabonde. Le mystificateur "choc des civilisations" à la Bush a aussi ses partisans chez certains manifestants pro-Gaza.

Je comprend que l'on refuse de cautionner une dérive religieuse autoritaire. D'ailleurs, si certains ne vont plus aux manifs, c'est bien parce qu'ils ont été quasiment foutus dehors (avec menaces physiques comme l'exibition de matraques télescopiques à la clé ! C'est une manif ou un régiment à la parade ?) Les révolutionnaires exclus (sauf cachés) mais les prosélytes religieux admis, de quoi fuir, oui, ce genre de cortèges.

Perso je comprend qu'il n'y ai pas de drapeaux révolutionnaires aux manifs pro-Gaza, mais pourquoi admettre ces prières publiques ? Que fout le prosélytisme pour une religion ici ? Mauvais mélange des genres que je fuis moi aussi.
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  leobilski
20-01-09
à 18:53

     Le fait qu'on interdise le drapeau noir dans cette manifestation ne traduit-il pas une certaine peur de la part des organisateurs que certains jeunes qui en ont rien à foutre de la religion , se reconnaissent plus dans nos idées que par une mission suicide en irak ou ailleurs, qu'ils découvrent que les réponses à leurs questions ne se trouvent pas dans le paradis d'allah mais ici et maintenant à nos côtés.

   Dans ce cas ne faudrait-il pas envisager des manifestations de soutien en dehors des religieux ( et çà c'est de l'utopie je sais réunissant des personnes d'origine  juive et musulmanes). Surtout ce serait peut l'occasion de faire le liens entre les émeutiers des banlieues et les anarchistes

 

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