vendredi 6 janvier 2006, 18h49
PARIS (AP) - Au terme de trois heures de délibéré, la cour d’assises de Paris a condamné vendredi Hélène Castel, 46 ans, à deux ans de prison avec sursis pour le vol à main armée d’une agence parisienne de la BNP en 1980. Une décision accueillie par les pleurs de l’accusée et de certains de ses proches.
Dans l’après-midi, son avocat, Me Henri Leclerc, avait demandé à la cour de ne lui infliger qu’une peine amnistiable. "Le temps suffit à punir celui qui porte le remords. Je dis qu’elle a payé. Le châtiment qu’elle a subi, si long, si dur, je dis qu’il faut en tenir compte".
Dans la matinée, l’avocat général Philippe Bilger, sensible aux regrets de l’accusée, a requis une peine allant de trois à quatre ans de prison, dont 11 mois ferme, période couvrant la détention provisoire d’Hélène Castel après son arrestation au Mexique en mai 2004, quelques jours à peine avant la fin du délai de prescription.
Dès le premier jour d’audience, Hélène Castel avait reconnu sa participation à ce braquage. Mais son rôle, comme l’ont rappelé ses anciens compagnons et expliqué l’avocat général, a été mineur.
Le 30 mai 1980, sept jeunes gens pénètrent, armés, dans une agence de la BNP rue Lafayette. Lors de l’arrivée de la police, ils prennent des otages pour couvrir leur fuite. L’un des braqueurs est tué au cours de la fusillade qui suit, trois sont arrêtés et trois autres réussissent à prendre la fuite, dont l’un n’a jamais été identifié. Trois ont été condamnés en 1984 à cinq, huit et dix ans de prison. Hélène Castel à perpétuité par contumace.
Ce braquage devait changer leur vie, ils voulaient ouvrir un restaurant autogéré. Ce braquage a effectivement changé leur vie, mais peut-être pas de la façon espérée à l’époque.
L’avocat général a fait sienne la thèse selon laquelle l’accusée n’a pas tiré un coup de feu et n’a pas, lors de sa fuite, pris les employés en otage. "Elle était chargée de surveiller le personnel, elle a rassuré un malfaiteur excité", a-t-il expliqué, se défendant de vouloir faire d’Hélène Castel "une sainte, même laïque".
En 1980, elle a pris la fuite aux Etats-Unis, puis au Mexique où elle a refait sa vie. Dans cet exil mexicain, elle a entamé un "travail de deuil intense". Hélène Castel a pris l’identité de Florencia Ribeira Martin, devenue psychothérapeute. Et eu une fille, Maria, aujourd’hui âgée de 19 ans.
"La vie mexicaine, à partir de cette péripétie fondamentale, va lui permettre de retrouver son unité avant que ce procès ne la parachève", a analysé Philippe Bilger.
"Je suis vraiment reconnaissante à la vie de vivre ce moment", a-t-elle déclaré à la cour avant qu’elle ne se retire délibérer. Une audience où ses anciens compagnons, aujourd’hui réhabilités -l’un est psychiatre, l’autre documentaliste- ont replacé "cette erreur de jeunesse" dans le "contexte extrêmement contestataire de la fin des années 70".
Plus surprenant encore a été l’attitude des employés de banque qui n’en voulaient pas à Hélène Castel vingt-cinq ans après les faits. "Je suis sans rancune", la consolera un ancien employé de la banque après avoir évoqué les faits "très pénibles, violents et douloureux".
"Je ressens effectivement que je suis beaucoup plus entière, beaucoup plus posée ici qu’auparavant. Cela n’empêche pas que je n’oublierai jamais", a-t-elle assuré à la cour dont la décision a mis fin vendredi à l’exil de Sainte-Hélène.
à 17:48