L'En Dehors

lu sur actionconsommation : " Dans son dernier bulletin d’information, Carrefour présente son « guide d’achat cafés équitables » , en indiquant que tous les cafés sélectionnés sont « issus du commerce équitable et portent le label Max Havelaar », lequel garantit que « ces cafés ont été produits et commercialisés selon les standards internationaux du Commerce équitable », avec l’assurance « que les producteurs vivront dignement de leur travail ».

Dans le « guide d’usage », après la liste des cafés indiquant leur qualité et leur prix, et avant une série de « conseils » (choisir le bon grain, la bonne mouture, l’importance de l’eau, conseils pour la conservation »), entre « Quel arabica choisir » et « Le café soluble, à emporter partout », apparaissent trois paragraphes intitulés « Le café du commerce équitable, pour une consommation responsable ». Le consommateur, après avoir lu que « un café devient un acte citoyen, engagé, qui contribue à l’amélioration des conditions de vie et de travail de producteurs vivant dans des pays du Sud » peut se rassurer sur la qualité des produits : « Choisir un café issu du commerce équitable ne se résume pas à un acte d’achat responsable, c’est aussi l’assurance de se faire plaisir ! »

Si les consommateurs souhaitent en savoir un peu plus sur les « standards internationaux du commerce équitable » ou sur ce qui rend le commerce des autres cafés inéquitables au point de devoir créer des produits « labellisés équitables », ils devront voir ailleurs ! Idem s’ils souhaitent aussi s’informer sur les conditions de travail des employés dans la grande distribution, y compris chez Carrefour. Ou sur les conditions d’achat de la grande distribution aux producteurs et agriculteurs, qui les rendent toujours plus dépendants, à défaut de les « étrangler » ou de les abandonner pour s’approvisionner dans des pays aux coûts plus bas, aux législations environnementales et sociales plus laxistes.

Le « label commerce équitable » est-il ici pour le consommateur autre chose qu’un signe de qualité valorisant, sans autre implication que de s’afficher « citoyen » en se faisant plaisir, sans autre curiosité ? D’ailleurs, un café peut-il être « équitable » en soi ?

Bref, Carrefour récidive, après sa campagne publicitaire lancée début 2004 « Mieux consommer, c’est urgent ! ». Nous y avions répondu en suggérant aux consommateurs : « Ouvrir les yeux, c’est urgent ! ».

Il serait temps, en effet, d’ouvrir enfin les yeux.

Véronique Gallais
Action Consommation
le 15 août 2006