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Avec la mise au jour de tortures exercées par des soldats américains sur des prisonnier-ères en Irak, à partir de photos diffusées partout, la dernière justification à l'intervention américaine et à son maintien là-bas tend à disparaître. Les précédents arguments avancés tour à tour sont en effet tombés à l'eau: il n'existait pas d'armes de destruction massive détenues par Saddam Hussein; les liens entre son régime et Ai-9aida n'ont pas été établis; l'Irak ne représentait pas une menace immédiate pour les ÉtatsUnis. Il ne restait donc plus qu'une raison possible pour justifier leur guerre: l'apport de la « démocratie" à la population irakienne; on devait la libérer d'un dictateur sanguinaire, un argument grâce auquel l'Occident se donne toujours le droit d'intervenir partout dans le monde.
En fait, l'armée américaine se conduit en Irak comme ailleurs en armée d'occupation bien plus que de libération, et les pratiques de torture récemment dévoilées montrent que sa hiérarchie les a largement couvertes: la sérénité affichée sur les photos par leurs acteurs prouve qu'ils-elles savaient aller « dans le bon sens» en agissant ainsi et avoir le soutien de leurs supérieurs.
La défense sans faille des « valeurs occidentales »
Pour surmonter le scandale, deux procédés sont utilisés par le pouvoir américain, mais aussi par les médias européens, car c'est de la défense du système occidental global qu'il est question ici:
- D'une part, on tente d'étoufer le choc des photos sous le poids des mots, en opposant sans cesse démocratie et liberté à dictature et barbarie, la guerre « contre le terrorisme » autorisant et justifiant tout. Bush mène la croisade de Dieu contre le Mal avec ses guerriers invincibles, c'est bien connu. Pour rester dans la bonne tradition chrétienne, l'acte de contrition se répand: «excuses » et « regrets N sont des mots à la mode aux États-Unis comme en Grande-Bretagne - où, du simple troufion au chef de l'État, tout le monde s'excuse avant de remettre ça. Bénéfice d'une telle attitude: se faire reconnaître comme foncièrement «bon », faire du bien aux victimes et à leurs proches, et se sentir bien soi-même après. Cependant, personne n'est vraiment responsable des faits incriminés; la meilleure preuve, c'est que le secrétaire à la défense américain Rumsfeld conserve ses fonctions: pas question de toucher au bouclier de Bush avant les élections! L'annonce parfaitement grotesque faite par lui, le 24 mai, que la prison d'Abou Ghraib va être détruite s'inscrit dans cette logique d'apaisement. C'est comme s'il voulait libérer un lieu hanté par quelque mauvais esprit -sans doute l'ombre de S. Hussein qui en imprégnait les murs et a perverti ses successeurs américains, pourtant « si gentils » ; on efface tout et on recommence: on construira une autre prison, « plus moderne»... et d'où, on y veillera, des informations aussi embêtantes pour les États occidentaux ne filtreront jamais.
-D'autre part, on minimise les actes commis afin d'absoudre l'institution militaire et le gouvernement des États-Unis. D'abord, on affirme avoir ignoré les faits: promis juré, disent politiques et militaires, on ne savait pas... alors que les photos incriminées circulent depuis des mois sur Internet et que des rapports faisant état de tortures ont été communiqués aux dirigeants américains depuis plus d'un an. quelques dates la prison d'Abou Ghraib, rouverte en juin 2003, a accueilli le mois suivant le 320e bataillon de police militaire, rejoint le 14 août par une équipe d'interrogateurs de l'entreprise privée CACI (sur laquelle on reviendra). En septembre, le général Miller, commandant du camp de Guantanamo, est venu en Irak et a recommandé dans un rapport que les soldats de la police militaire < créent des conditions favorables pour les interrogatoires N afin d'obtenir des prisonnierère-s des renseignements. Les traitements qui en ont découlé ont commencé d'être connus dès lors (quant au gouvernement anglais, il avait reçu dAmnesty international un mémorandum en mai 2003 sur les méthodes musclées de ses soldats en Irak). Le 13 janvier 2004, le soldat Joseph Derby, de la 372e compagnie de police militaire, arrivée dans la foulée à Abou Ghraib et placée sous le contrôle du renseignement militaire, a transmis des photos de torture à ses supérieurs. quatre jours plus tard, la générale Karpinsky qui dirigeait le commandement de cette prison a été rappelée à l'ordre. Le 26 février, la Croix-Rouge internationale a fourni au gouvernement américain un rapport corroborant les faits, un autre rapport rédigé par le général Taguba allant ensuite dans le même sens. À partir du 24 avril, l'information est passée dans la presse, avec la diffusion des premiers clichés par CBS... « On" ne savait vraiment pas ?
Et puis, ces mêmes politiques et militaires s'emploient à réduire les tortures exercées aux faits montrés par les photos et promettent que les « quelques brebis galeuses » (formule de Bush) apparaissant dessus seront punies... alors que ce que subissent les personnes arrêtées avant même d'arriver à Abou Ghraib, et ce qu'elles subissent vraiment dans cet endroit, est bien pire que les images en question. Les autres centres de tri et d'interrogatoires préliminaires existant en Irak, comme celui de Baghdadi, sont connus de la population pour les sévices et assassinats qui y sont pratiqués à grande échelle. 43 000 Irakien-ne-s ont été emprisonnés depuis mars 2003, et ils-elles étaient évidemment loin d'être tous des terroristes.
La « torture-nécessité » une réalité de toujours et partout
On le sait, Bush s'assied sur les conventions internationales, jugées trop encombrantes. Il a décrété en janvier 2002 que les prisonniers talibans ou d'Al-Quaida détenus à Guantanamo ne bénéficieraient pas des accords de Genève, car la guerre contre le terrorisme est un « nouveau genre de guerre » qui rend obsolètes de tels accords. L'enclave de Guantanamo, concession perpétuelle pour laquelle les États-Unis paient une somme dérisoire (que le gouvernement cubain refuse d'ailleurs d'encaisser), est un bon moyen d'échapper à tout contrôle judiciaire; les prisonniers rassemblés là sont des « combattants irréguliers > et non des prisonniers de guerre: « Ce sont des tueurs, parmi les plus dangereux, les mieux entraînés et les plus cruels de la planète N, affirme Rumsfeld.
Par ailleurs, la torture a de tout temps et en tous lieux été justifiée « en cas de nécessité ». Récemment encore, un procès intenté en France par le général Schmitt à Henri Pouillot, ex-appelé d'Algérie et auteur de La Villa Susini (qui l'avait estimé prêt à « se salir les mains » de nouveau, s'il le fallait), a reflété cette idée: la torture se justifie quand elle permet de « sauver des innocents » et de défendre la « démocratie » .
En fait, l'embarras constaté aujourd'hui chez les défenseurs de cette « démocratie » découle de la diffusion incontrôlée de photos montrant ou de rapports faisant état d'actes de torture bien plus que de ces actes eux-mêmes. Ainsi, la CroixRouge internationale, qui observe un principe strict de neutralité et de confidentialité, a déploré la publication des « fuites » par la presse et s'est défendue d'en être responsable. Bush s'est dit aussitôt « désolé de la douleur causée » par une telle publication, et le colonel Stewart l'a également déplorée en ce que les faits révélés « sont le meilleur agent recruteur possible pour Al-garda » . Mais le porte-parole de la Maison-Blanche, McCellan, a aussitôt estimé que la différence entre S. Hussein et G. Bush, par rapport aux tortures pratiquées à Abou Ghraib, est que le premier « encourageait ces actes, alors que les États-Unis les condamnent [!] » . Bush a réexprimé son «dégoût» au sujet des faits exposés le 30 avril, en ajoutant cependant, comme pour les contester: «Nous trouverons la vérité [...] Nous allons enquêter jusqu'au bout. Le monde verra que l'enquête et la justice seront servies. » Enfin, il s'est déclaré le 6 mai « désolé des humiliations subies par les prisonniers irakiens » (Tony Blair faisant de même trois jours après), sans remettre en question le rôle de Rumsfeld, un «membre important» de son gouvernement et qui le restera. quant à ce dernier, il s'est reproché non tant de n'avoir pas su prévenir les sévices que de ne pas avoir mesuré l'effet de leur divulgation sur l'opinion publique... quelle mauvaise image donnée, vraiment; encore un problème de « communication » mal maîtrisée!
Le brouillage médiatique comme « agent réparateur » actif
A leur habitude, les médias disent tout et son contraire à propos des fameuses photos, cette surinformation conduisant à leur habitude aussi à une désinformation. La logique de surenchère pour pimenter les nouvelles et accrocher plus que les concurrents remue la boue à plaisir... et la rend plus digeste: la saturation par l'abondance des données contribue en effet à une retombée de l'indignation, puis à l'oubli des faits qui l'ont suscitée. Un exemple parmi mille: on nous annonce que les photos diffusées en Angleterre sont fausses, contrairement aux américaines, tout en nous expliquant qu'en fait on ne peut plus avoir aucune certitude, avec les « techniques modernes »...
De même, pour mieux présenter la « déviance» observée comme un fait anormal en démocratie, on la date: « Tout a commencé à Guantanamo » , titre ainsi Le Monde dans son supplément « La torture dans la guerre » des 9-10 mai... mais la Une du même numéro affiche « Des méthodes répandues depuis 2002 » pour présenter un article qui traite de la guerre en Afghanistan et des exactions commises par l'armée américaine là-bas (d'après un rapport de Human Right Watch datant du 8 mars dernier). On cherche de cette façon à nous faire oublier que la torture apparait chaque fois qu'il y a une armée d'occupation ou une guerre, simplement parce qu'elle appartient à la logique militaire: tout soldat est un meurtrier et un tortionnaire en puissance, et il n'existe pas de «guerre propre».
Cependant, emportée par sa frénésie d'infos-tous-azimuts, la presse dit aussi que la torture existe partout - et de rappeler les génocides des Arméniens par les Turcs, des Aborigènes par les Australiens, les assassinats et tortures de Chinois et Coréens par les Japonais, un petit tour par l'Histoire qui banalise l'affaire en cours... On mentionne même au passage - parce que cela sert pour la circonstance - que, malgré l'avis exprimé par la Cour suprême d'Israël en 1999 contre les « pressions physiques modérées», un centre de torture existe dans ce pays; l'organisation israélienne de défense des droits de l'homme HaMoked a dénoncé le « camp 1391 », dont il est interdit de mentionner l'existence...
Et l'actualité sert également: par exemple, la marche décidée par l'opposition en Côte-d'Ivoire le 25 mars, qui a été noyée dans un bain de sang. 120 morts, une « opération soigneusement planifiée et exécutée » avec le concours de «forces parallèles», d'après le rapport du haut commissariat pour les droits de l'homme de l'ONU, des assassinats qui s'ajoutent à ceux commis par les « escadrons de la mort » du Président « socialiste » Gbagbo... (que soutiennent les 4500 soldats français, car la « patrie des droits de l'homme », sous la gauche comme sous la droite, n'a évidemment jamais lâché son ex-colonie).
Enfin, les médias européens n'ont pas tardé à renvoyer dos à dos les belligérants en Irak, déplorant la mauvaise image donnée de l'Occident par les Américains mais acceptant encore moins le « terrorisme islamiste ». Pour continuer avec Le Monde, son éditorial du 4 mai l'énonce clairement: «Il ne s'agit pas de jeter la pierre à la seule coalition. Les opposants irakiens ne sont pas en reste avec leurs attentats aveugles. Et la torture est, hélas, un sous-produit condamnable mais habituel des situations de conflit et de répression [Mais] il est crucial, pour l'image comme pour l'efficacité de la coalition, qu'elle respecte les conventions de Genève. [...] Sinon, comme convaincre Irakiens et musulmans si cela est encore possible - de la bonne foi de Washington? Et comment persuader d'autres pays européens en particulier - de participer sous commandement américain au processus de paix en Irak?» quant à la presse américaine, elle parle dans l'ensemble d'abuse, c'està-dire de «violences» ou de « sévices » , bien davantage que de torture.
« débat » sur les responsabilités de la hiérarchie militaire; le souci des gouvernants d'empêcher la diffusion d'une information gênante... Ou encore l'humiliation sexuelle, une forme de torture mentale particulièrement efficace en la circonstance, puisque, estiment les « spécialistes », dans des « cultures machistes [?] » un homme qui a été sodomisé ou sexuellement humilié (parce qu'habillé en femme (!), ou dénudé devant un de ses enfants...) est considéré comme une personne dépravée, souillée; s'il est libéré, il observera le silence sur ce qu'il a subi - comme nombre de femmes violées, qui préfèrent taire l'acte plutôt qu'être déshonorées et mourir de honte en l'avouant...
Non, en réalité, dans le « scandale » actuel, la nouveauté tient bien plutôt à certains aspects concernant sa forme:
-Au total, 4 millions de mails ont par exemple été envoyés en un an de Guantanamo, nous dit-on, car avec leurs ordinateurs portables, leurs lecteurs DVD et leurs appareils numériques, les troufions américains conservent leur american way of life... et c'est cet usage frénétique des outils modernes qui a sauté à la figure de Bush. Mais l'image est utilisée par tout 1e monde. D'abord par les bourreaux, comme « souvenirs de guerre, type reality show, dans des albums de voyage mêlant scènes de torture, de combat et de vie quotidienne en Irak: ils-elles font circuler des photos entre eux avant de les envoyer à leurs familles... Touchant, non? Par les défenseurs des victimes et par les médias, comme preuves des exactions commises, ensuite... Mais aussi par la hiérarchie militaire: ces clichés lui donneraient en effet un moyen de pression à l'extérieur de la prison - la menace de les envoyer aux familles des prisonnier-ère-s et de rendre par ce biais publique leur humiliation permettant de les faire chanter pour obtenir leur « coopération » en cas de libération.
- Il y a également cette présence de femmes parmi les bourreaux, de la base au sommet, et la participation active et joyeuse de certaines aux festivités: on nous apprend avec horreur que l'une d'elles est enceinte... comme si son état aurait dû empêcher le sadisme, et ce détail choque plus que les actes perpétrés eux-mêmes.
Enfin, on remarque le recours de plus en plus important du pouvoir américain à des contractuels privés pour mener les interrogatoires aux côtés des services de renseignement (CIA): ils ont autorité sur les soldats et ne relèvent ni de la justice militaire ni de la justice civile. Deux sociétés, en particulier, Titan Corporation et CACI international, continuent leurs activités en Irak, avec 20000 privés mis au service du Pentagone, pour un marché global évalué à 100 milliards de dollars par an. Cette organisation spéciale a semble-t-il été introduite par Rumsfeld et son sous-secrétaire chargé du renseignement Stephen Cambone, tous deux attaqués sur la question par plusieurs médias aux États-Unis, mais là encore couverts par Bush.
Quelques remarques sur demain
Les gouvernants des « démocraties » se moquent bien de l'avis de leurs « citoyens », on le sait: 55 % de la population anglaise, d'après The Independant, sont pour un retrait de leur armée d'Irak; et aux États-Unis 42 % seulement approuveraient la gestion par Bush de la situation en Irak, d'après un sondage Gallup des 2-4 mai. Mais on a vu comment ont été pris en compte les forts mouvements antiguerre en Europe - hormis pour les dernières élections espagnoles, quand l'électorat «vote mal» on le fait revoter jusqu'à ce qu'il «vote bien»...
En fait, les États-Unis ont échoué en Irak comme en Afghanistan, mais l'enjeu électoral prédomine actuellement pour l'équipe de Bush et il n'est bien sûr pas question pour elle de le reconnaître en faisant marche arrière. Alors, elle cherche à se tirer d'affaire en obtenant le soutien du Conseil de sécurité de l'ONU (C. Rice, conseillère de Bush, est récemment allée à Moscou afin d'obtenir l'aide de Poutine en ce sens). Objectif: masquer la présence militaire américaine en Irak derrière une « force internationale » et opérer le 30 juin un transfert de souveraineté bidon à un gouvernement intérimaire, pour maintenir plus facilement son contrôle là-bas. On saisit mieux, dans ce contexte de crise, les réticences de Disney à diffuser le film de Michael Moore, Fahrenheit 9111, qui s'en prend au Président en racontant notamment l'évacuation discrète de membres de la famille de Ben Laden vivant aux États-Unis, au lendemain du 11 Septembre; la multinationale craint de ne plus obtenir les réductions d'impôts accordées aux parcs d'attractions et hôtels du groupe par l'État de Floride, dont Jeb Bush, frère du Président, est le gouverneur.
L'institution militaire et les services secrets américains s'emploient aussi activement à étouffer l'affaire des tortures américaines: «petit arrangement entre amis» avec Jeremy Sivits, auteur de photos, le seul des sept prévenu-e-s identifiés à dire que la hiérarchie n'était pas au courant des sévices perpétrés, et qui charge les sous-officiers inculpés avec lui. Son procès s'est déroulé devant une cour martiale « spéciale » le 19 mai; en plaidant coupable et en témoignant contre ses coïnculpés, Sivits a gagné de ne pas prendre plus d'un an de prison. Les autres procès viendront sans doute seulement quand le scandale aura été étouffé, ils ne connaîtront pas le même battage médiatique et se dérouleront à huis clos, puisque les accusé-e-s ont le mauvais goût de se retrancher derrière les ordres de torture donnés par la CIA et les collaborateurs civils. Cependant, deux des photos circulant montrent que la réalité n'est pas loin de leurs affirmations et gêne bien l'administration Bush: les militaires n'y posent pas en regardant, hilares, l'objectif avec leurs victimes à côté; prises à l'insu des personnes présentes, on y note au moins un civil en train de « s'occuper» d'un prisonnier...
Bien sûr, la décapitation de Nick Berg le 11 mai a contribué à minimiser les tortures perpétrées par l'armée américaine (voir encadré): pour politiques et médias occidentaux, quelques «fautes» de quelques soldats n'ont rien de comparable avec l'acte monstrueux des «terroristes» qui a montré « la véritable nature des ennemis de la liberté » , d'après la Maison-Blanche. Le Monde toujours, dans son éditorial du 13, a reflété l'évolution de la presse: «Dénoncer des abus est une chose, et c'est le privilège des régimes démocratiques que de le rendre possible, même si c'est douloureux. En commettre de pires au prétexte que l'"ennemi" s'est sali les mains le premier n'est qu'une ignominie » ; le mot « barbare » figure quatre fois dans ce court texte pour qualifier un « crime qui dépasse l'entendement »...
Colin Powell, le 15 mai,a condamné le silence de la plupart des dirigeants arabes devant la décapitation: ils < auraient pu exprimer davantage leur indignation » car cet acte est beaucoup plus grave que les faits reprochés à un petit groupe de soldats qui vont être punis, a-t-il fait remarquer. Il y a aujourd'hui tentative de réduire toute l'« affaire des photos » à la bêtise de ces bidasses qui ont voulu s'amuser... alors que tout le monde sait qu'il s'est agi et qu'il s'agit toujours de faire craquer les détenu-e-s par une torture systématique et systématisée. (Toutefois, le 21 mai, le ministère de la défense a avoué que 37 décès au total, dans les prisons afghanes et irakiennes, ont fait l'objet d'enquêtes depuis août 2002 ; et il a admis que Rumsfeld avait autorisé fin 2002 l'emploi de « techniques dures » à Guantanamo, mais seulement jusqu'en... janvier 2003 !)
Diverses mesures d'apaisement sont peu à peu annoncées pour faire oublier le « malaise » encore fort, et gênant dans une période d'élections aussi bien pour la Grande-Bretagne que pour les États-Unis: débarquement d'experts pénitentiaires en Irak pour donner un supplément de formation aux policiers militaires, leurs « débordements » étant attribués à des lacunes en ce domaine; libération de 300 prisonnier-ère-s d'Abou Ghraib; transfert de 3 200 autres dans un nouveau camp de la prison où plus de « commodités » leur sont paraît-il offertes; droit de visite pour eux-elles deux fois par mois; interdiction de 25 des 53 « techniques d'interrogatoire autorisées » par l'US Army en Irak... Enfin, on s'emploie partout au renforcement de la politique sécuritaire, l'antiterrorisme à tous crins étant un argument électoral cher à nos gouvernants (le « M. Antiterrorisme » de l'Union européenne, Gijs de Vries, affirme le 19 mai que « le risque d'attaques terroristes reste élevé, l'UE est vulnérable » ; le démantèlement d'un réseau préparant de nouveaux attentats aux États-Unis est annoncé par Bush le 27 mai, etc.). quoi qu'il en soit, gageons que l'usage des appareils photo numériques et des ordinateurs portables va être sévèrement réglementé pour éviter dorénavant les désordres qu'ils viennent de créer dans le bel ordonnancement de notre civilisation occidentale si policée.
Vanina
Courant alternatif #140 juin 2004