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Commentaires :
revolte |
Notes sur la journée strasbourgeoise du 4 avril 2009
«L’insurrection désoriente les partis politiques. Leur doctrine, en effet, a toujours affirmé l’inefficacité de toute épreuve de force et leur existence même est une constante condamnation de toute insurrection.» Frantz Fanon, Les damnés de la terre, 1961. 1 Au final, c’est toujours le même cinéma, avec dans le fond une idée commune à l’UMP et au Parti Socialiste, d’Attac jusqu’au Front National : il est impossible que des gens soient révoltés au point de se lancer d’eux-mêmes dans des pratiques émeutières. Il faut forcément, pour cela, que ces gens soient d’une manière ou d’une autre manipulés. 2 3 Et dans une «démocratie», aussi sarkozyste soit-elle, ça ferait mauvais genre de tuer des manifestant-e-s. Parce qu’une des possibilités pour la police de faire taire les émeutes plus rapidement aurait été de tirer à vue. Et autre chose que des gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes et des tirs de flashball… Le 8 avril 2009, Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, a déclaré que «la priorité du gouvernement était qu’il n’y ait pas de mort». Parce que leur «démocratie» ne se sent pas encore trop en danger. 4 5 Le discours médiatico-politicien cherche à donner une image de «casseurs nihilistes et sanguinaires» aux black blocs. Pourtant, les pratiques des black blocs ne se limitent pas à des actes de destruction (tout comme nos existences ne se limitent pas aux black blocs, qui ne sont que des modes ponctuels et contextuels de manifestation). Les black blocs pratiquent l’entraide et la complicité avec tou-te-s les manifestant-e-s, dans l’affrontement, l’auto-défense et la fuite face à l’ennemi policier. Dans l’émeute, se créé une solidarité spontanée et anonyme, authentique au sens où chaque geste n’attend rien en retour. Il y a là deux mondes qui s’opposent dans leurs démarches mêmes : d’un côté, des manifestant-e-s déterminé-e-s qui sont là pour leurs convictions, leurs désirs, leur rage de vivre, gratuitement et pleinement. De l’autre côté, des flics asermentés qui sont là par contrainte et obéissance, pour l’ordre et pour l’argent, ils sont payés pour réprimer et doivent réfléchir le moins possible à ce qu’ils font (le risque de démission serait trop important). 6
7 L’enjeu principal, pour le pouvoir, est de continuer à imposer à tou-te-s la démocratie capitaliste comme unique organisation sociale possible. Et malgré les vies de merde qui sont les nôtres, malgré l’aspect chancelant du capitalisme ces derniers temps, force est de constater que les perspectives révolutionnaires semblent tellement lointaines qu’on ne les imagine qu’avec difficulté. Pourtant, la résignation profondément contre-révolutionnaire de notre époque n’est pas une fatalité. C’est un bel enjeu que celui de réussir à s’émanciper du capitalisme, par la lutte et l’entraide. Et de fait, cette émancipation ne peut co-exister avec le pouvoir capitaliste et étatique. 8 Sachant qu’un autre monde ne peut être possible sans l’anéantissement de la démocratie capitaliste mondialisée, sachant que «toutes les classes dominantes ont toujours défendu leurs privilèges jusqu’au bout avec l’énergie la plus acharnée» (Rosa Luxembourg, Que veut Spartacus ?, 1918), semer le chaos et la destruction (pour reprendre les termes spectaculaires des médias) au sein de ce monde d’oppression et de contrôle social ne nous pose pas de problème. Cela nous semble même insuffisant. Toute possibilité de transformation révolutionnaire de ce monde ne peut avoir lieu sans rapport de force tangible. C’est aux dominé-e-s de poser de nouvelles bases de vie sociale, sans attendre l’assentiment des dominant-e-s. 9
Pour ces mouvements comme pour les black blocs qui ont agi à Strasbourg, les médias focalisent sur la jeunesse de ces mouvements, comme pour enfermer la révolte dans un phénomène générationnel (avec toutes les remarques condescendantes qui vont avec : «Vous verrez, dans dix ans, vous aurez oublié tout ça et vous serez résigné-e-s comme tout le monde»). Nous pensons qu’il y a là un danger à dépasser absolument. Une insurrection ne peut être uniquement le fait de la jeunesse (une révolution encore moins) mais, comme la lutte des classes, elle doit être traversée et vécue par tou-te-s, au-delà des différences d’âge, de couleur de peau, de genre, de corporation, etc. Avec une conscience pleine des dominations et des exploitations.
10 Si nous sommes parti-e-s du constat que pour renverser le pouvoir, il ne sert pas à grand chose de se contenter de manifester calmement, aussi nombreux soit-on, même à plusieurs millions de personnes, nous sommes également conscient-e-s que s’attaquer à la police et vandaliser des propriétés de l’État et/ou du capital à quelques milliers ne suffit pas non plus. À quelques millions, ça aurait déjà plus de gueule. Toutes les technologies de contrôle et de répression pourraient s’avérer insuffisantes à maintenir la colère généralisée. Mettons en place et répandons des pratiques communes de résistance, des solidarités concrètes, des moyens de lutte hors la loi et des perspectives révolutionnaires… Tout un programme pour en finir avec le vieux monde et ses technologies d’un futur déjà bien moisi ! Quelque part en fRance, le 8 avril 2009, quelques «casseurs» d’un groupe affinitaire actif parmi les black blocs du 4 avril 2009 à Strasbourg.
Florilège de citations bien pensantes : «Ils viennent exclusivement pour casser et sont au stade ultime de la bêtise (…). Ils n’ont pas d’autre idéologie que la violence. Ce sont des voyous qui auraient même pu devenir des criminels quand on voit certaines images.» — Robert Herrmann, premier adjoint au maire (PS) de Strasbourg, cité par Philippe Wendling dans un article de 20 Minutes, 3 avril 2009.
Indymedia Auvergne, 8 avril 2009. Répondre à ce commentaire
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libertad 14-04-09
à 23:45 |
Re:Vu à la télé sur Canal + : Alain Bauer expliquer qu'à Strasbourg la stratégie de la police fut celle de l'exutoire, c'est à dire laisser les manifestants se défouler dans un lieu qui leur est laissé, pour éviter que les affrontements ne dégénèrent avec des morts.
Je crois qu'il faut aussi arrêter de prendre ceux d'en face pour des idiots, si des trucs ont brulé à Stasbourg, c'est parce que les flics avaient choisi de laisser faire dans un lieu pas stratégique, du genre un quartier populaire et surtout pas proche de la zone rouge. Après on peut toujours penser "mais si on était nombreux et les flics ont eu peur". On pourrait penser aussi que tout ça n'a eu aucune influence sur le sommet de l'OTAN qui s'est déroulé sans anicroche et que c'était ça le but du pouvoir.Que ça flambe dans un hotel de banlieue, c'est vraiment le cadet de leur souci. Répondre à ce commentaire
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LordPepper 15-04-09
à 07:01 |
Re:Je suis en grande parti d'accord avec toi Libertad. Mais l'ennui, c'est que si à chaque fois qu'on fait un pas dans un sens on se dit "hop hop hop, ça sert à rien, on recule, on se rassoie, on réfléchit", on ira jamais nul part.
Je suis pas Black Block. Mais je me pose une question. Si la stratégie actuelle du pouvoir en place est celle du spectacle, et que l'Etat organise à date fixée et dans un lieu fixé une petite fête pour les Black Block "voilà, aujourd'hui, à Strasbourg, dans ce quartier, on a invité les journalistes, vous pouvez tout casser", pourquoi ils déplacent pas le spectacle ? Je sais c'est idiot comme question... Mais la zone rouge, elle n'est rouge que pendant les sommets. Après elle redevient normal. Par contre, les bâtiments que les Black Block veulent bruler, ils y sont toujours, eux. Non ? Evidemment, il y a un côté confortable, en terme d'organisation et d'anonymat, à la présence d'une manifestation de taille pour couvrir une émeute. Il est évident qu'en agissant hors de la manif', la repression sera plus efficace. Mais l'action peut être aussi. Honnetement, ça fait dix ans que j'en entends parler des Black Block, il y a peut être moyen qu'ils passent à quelque chose de plus spéctaculaire qu'une kermesse organisée par l'Etat. Genre, revenir deux semaines après le sommet... Répondre à ce commentaire
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satya 15-04-09
à 11:07 |
Re:
ou ne pas offrir le spectacle comme l'état de veut dans l'endroit que l'état a choisi et au contraire agir ailleurs où les lieux seraient désertés mais stratégiquement importants?? j'ai entendu que le campement avait pratiquement été constemment sous verrouillage policier, ils se sont laissés enfermer et manipuler de a à z! l'état se félicite de ne pas avoir fait de morts, c'est pas beau ça? il revendique en plus son monopole de la violence ouvertement et personne ne réagit non plus! Répondre à ce commentaire
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LordPepper 15-04-09
à 13:47 |
Re:Oui, voilà, ou ailleurs.
Vraiment, définitivement, je ne comprends pas pourquoi s'obstiner à agir où et quand on "autorise". A part, évidemment, minimiser la répression, dans une logique de survie. Répondre à ce commentaire
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à 20:46