Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

Good-bye Murray
IL Y A PLUS DE DEUX MOIS, une figure importante du mouvement libertaire américain a cessé de vivre. Murray Bookchin est mort à à l'âge de 85 ans d'une crise cardiaque. Tout à la fois militant et penseur incontournable du mouvement libertaire contemporain. Son influence et son implication furent marquantes lors des mouvements civiques et sociaux des années soixante et soixante-dix, et au-delà des milieux anarchistes. Le Monde libertaire ne pouvait pas tarder davantage à lui rendre modestement hommage et saluer sa mémoire.

Il est né à New York City en 1921 de parents immigrés, eux-mêmes activistes révolutionnaires durant le pouvoir tsariste. Adolescent dans les années trente, il s'inscrit dans le mouvement des jeunesses communistes dont il est expulsé pour avoir critiqué Staline au moment du pacte germano-soviétique de 1939. Pendant quatre ans, en tant qu'ouvrier métallurgiste, il milite syndicalement dans le New jersey au sein du CIO(1). Dans le même temps, il a un bref flirt avec le trotskisme qu'il cesse en raison de son autoritarisme endémique. Dans legs années quarante, l'armée ne voulant pas de lui, il poursuit son militantisme ouvrier cette fois dans l'UTWA, un syndicat d'inspiration libertaire à son origine. Après avoir participé, à la glande grève de 1948 menée par les travailleurs de l'UWA(2) contre General Motors, Murray Bookchin en tire enseignement et ses réflexions 'remettent en cause la conception quasi hégémonique d'alors de « l'avant-garde révolutionnaire » de la classe ouvrière. Il produira des années après une grande quantité d'écrits sur ce sujet.
Dans la foulée des années cinquante, tout en s'affirmant socialiste libertaire; il côtoie le milieu d'exilés allemands marxistes dissidents dont les orientations pour certains se font soit libertaires soit conseillistes. Ses liens et activités tant en Allemagne fédérale qu'aux États-Unis le conduisent à écrire sur des problématiques écologiques.
Dans les années soixante, ses travaux sur l'écologie et les technologies alternatives font l'objet d'une reconnaissance de la part de la communauté scientifique, ce qui est somme toute pas banal pour un autodidacte comme Murray! Mais son positionnement politique a dès cette époque également une influence non négligeable dans l'ensemble des milieux progressistes et radicaux. Son opposition marquée à la pensée marxiste a un fort retentissement dans la « gauche » américaine. Soulignons à cette occasion, le fameux pamphlet Listen Marxist!(3) lancé lors de la convention de l'organisation Students for a Democratic Society(4) à Chicago en" 1969. Il dénonce l'omniprésence marxiste dans les sciences humaines et son obscurantisme entretenu à propos du rôle profond de la hiérarchie sociale dans la formation de l'histoire humaine. Ses études anthropologiques, ont affirmé l'action de la domination patriarcale, gérontocrate et d'autres manifestations de, puissance sociale comme préexistantes à l'exploitation économique moderne.
Vers la fin des années soixante, il entreprend d'enseigner dans des universités libres et alternatives du pays, au début à New York. Puis, en 1974, il cofonde et dirige dans le Vermont un institut des théories d'écologie sociale et de technologies alternatives. Il enseignera également les théories sociales à l'université de Ramapo dans le New jersey.
Pour des raisons de santé, il réduit progressivement ses activités professionnelles à partir des années quatre-vingt, il poursuit ses travaux de recherche et réflexions dans les domaines historiques, sociaux et environnementaux. Il mène ainsi de nombreux voyages, échanges, et conférences. Il produit articles, livres et explore des « voies », des « possibles » libertaires qu'ils voudrait immédiats tout en portant un regard critique sur les faiblesses ou le manque de rigueur philosophique anarchiste.
Toute sa philosophie écologique a stimulé les idées dans la plupart des groupes verts dans le monde. L'élaboration d'une écologie sociale rompant avec les formes d'écologie mystique ou primitiviste fut largement saluée dans les milieux anarchistes. En revanche, sa théorisation du municipalisme libertaire provoque de vifs débats dans les milieux anarchistes. L'idée reprise par certains libertaires prêts au grand écart et donc à leur participation aux élections sous prétexte de « démocratie directe » a renforcé l'incompréhension naissante à. l'encontre de Murray Bookchin et au désaccord avec les milieux anarchistes. Pourtant, à l'aune des révolutions passées, sans jamais renier l'expression du pouvoir de l'individu sur le heu de production comme sur le local, il accorde une dimension révolutionnaire plus grande à ce dernier espace plutôt qu'au premier. Mais sa conception du municipalisme s'appuie (en 1984) sur son optimisme en l'apparition de nombreux mouvements sociaux. Hélas, l'ère de l'Homo municipalis anarchiste n'est pas perceptible à cette heure.
Qu'importe! Son parcours issu du marxisme et allant très vite vers l'idée libertaire; l'histoire qu'il traverse depuis le mouvement ouvrier à ceux des droits civiques, du pacifisme ou de l'antinucléaire; et enfin l'époque capitaliste actuelle qu'il n'a de cesse d'analyser contribuent à forger sa pensée jusqu'à la fin de sa vie. Et puis, dans sa volonté de réflexion à placer l'individu au centre de tout, au-dessus de tout, il a su, qu'on soit d'accord ou non faire preuve d'imagination avec talent. Toujours est-il que son influence est telle qu'il fut récemment encore une référence jusque dans le rassemblement des groupes antiautoritaires lors du contre-sommet de l'OMC de Seattle en 1999.
Sans conteste, nous portons cet estimé compagnon dans notre coeur et notre mémoire. Nous le saluons ainsi que son ancienne épouse Béa Bookchin, sa compagne Janet Biehl et son entourage.

Tsinapah
Liaison Albert-Camus

1.Le Congress of Industrial Organizations émerge dans le début des années trente et ses positions radicales la démarque-à l'époque de l'AFL (Arnerican Federation of Labor) plus modérée et corporatiste, l'AFL s'est construite sur la dégénérescence politicienne des Chevaliers du Travail (Knights of Labor) et s'est toujours attaquée aux Wooblies des IWW. L'AFL-CIO regroupées en 1955 surtout pour le pire en servant l'anticommunisme de l'administration américaine via notamment la CIA
2.L'United Auto Worker, créée par l'AFL au milieu dés années trente s'imposa par sa combativité et sa capacité à mobiliser en à peine cinq ans face aux capitaines de l'industrie automobile. L'UWA sera dirigée par Walter Reuther de 1946 jusqu'à sa mort en 1970. Sous la houlette de celui-ci, les travailleurs de l'automobile obtinrent de nombreux acquis Servant de phare pour d'autres secteurs. Mais c'est une autre histoire et l'eau a coulé depuis, voir Roger and me de Michael Moore.
3. Listen marxist! distribué à cent mille exemplaires aux États-Unis et en Grande Bretagne fut un véritable succès! Et pas seulement à cause de sa couverture rose illustrée avec Marx, Engels, Lénine et Bugs Bunny!
4. Le Students for a Democratic Society, organisation étudiante apparue en 1962 à Ann Arbor, Michigan. D'inspiration socialiste, elle s'attaque à politique nationale et internationale du pays (contre la guerre au Vietnam, libération de la femme, libre contraception, anti-sexisme, entre autres...). Les premières années, elle préconisait la désobéissance civile non violente. Elle fut le ferment de toute une jeunesse très tentante pour les officines marxistes-léninistes de l'époque (maoïstes). Le SDS, alors en pleine apogée, vola en éclat lors de sa convention nationale de 1969 sous la pression d'intérêts pas toujours convergents de différents groupes radicaux (Black Panters et mao par exemple) et les manoeuvres des « infiltrés » des services fédéraux.
5. Institute for Social Ecology, Plainfield, Vermont Son attrait est réel et des milliers d'étudiants s'y sont formés depuis trente ans.

Le Monde libertaire #1452 du 26 octobre au 1er novembre 2006
Ecrit par libertad, à 09:53 dans la rubrique "Pour comprendre".



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom