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L'En Dehors


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Genres, Identité masculine et domination politique, économique et sociale
L’originalité idéologique de l’anarchisme, tout à la fois comme matrice d’analyse de la société, que comme projet social global accompagné de dynamiques de luttes pour y parvenir, c’est de considérer la société à travers le prisme des rapports de domination et de l’idée d’appropriation.Domination, propriété, ces deux fondements de la société qui nous opprime et nous aliène se retrouvent dans trois champs essentiels : les rapports économiques (la société de classe, mais aussi l’exploitation genrée que représente le travail domestique gratuit de nombre de femmes), sociaux (comportements, relations affectives et sexuelles, question du pouvoir et de la position sociale des hommes et des femmes, racisme, agisme,… normativité homophobie et hétéronormativité), politiques ( hiérarchie, parodie de la « démocratie représentative » donc sans contrôle direct ni révocabilité des mandaté et donc apropriation de la gestion sociétale par une classe bourgeoise ou bureaucratique, et un genre, le genre masculin (construction sociale), autoritarisme).
A cette société de domination et d’apropriation, qui nous opprime et nous aliène dans tous les champs de notre vie, nous opposons un projet social et sociétal basé sur les idées essentielles de liberté et d’Egalité sociale, politique et économique, c’est à dire l’accès égal aux richesses et aux decisions gestionnaires au travers de la démocratie directe et du fédéralisme libertaire, la libre fédération des individu-e-s, mais également la construction de rapports égaux entre tous et toutes, que ceux-ci se matérialisent à l’échelle « sociétale » ou interpersonnelle.
Notre analyse politique et sociale, mais aussi les moyens nécessaires pour parvenir à faire avancer et à atteindre notre émancipation totale, s’attachent à identifier les systêmes de dominations et d’apropriation à l’œuvre au niveau social, leur caractère déterminant dans les identités et les rapports sociaux, afin d’agir sur ceux-ci au moyen de l’action directe, à l’échelle individuelle et collective, ne peut faire l’économie d’une analyse de genre sous un angle antipatriarcal .
Le genre, autrement appelé « sexe social », recoupe l’identité construite par l’environement social des individus, c’est à dire la « masculinité » ou la « féminité », que nous considérons non pas comme des données « naturelles » , mais le résultat de mécanisme extrêmement fort de construction et de reproduction à l’échelle sociale, au travers de l’éducation . Pour citer Simone de Beauvoir, « on ne nait pas femme, on le devient », sous l’influence de l’éducation patriarcale. Dès lors, cette constatation est valable également pour nous les hommes : « on ne nait pas homme, on le devient », et c’est à travers toute une éducation, composée de rituels d’intégration de la norme masculine, que nous façonnons notre identité masculine, que nous en venons à assumer dans la société une fonction de reproduction de la domination. Cette identité masculine, si elle nous assure de fait une position de pouvoir en ce qu’elle contribue à l’oppression des femmes, dont nous bénéficions au final même malgré nous, nous aliène c’est à dire qu’elle nous dépossède de notre contrôle sur nous même, qu’elle nous empêche de nous réaliser en tant qu’individu, en ce que nos désirs, notre identité sont écrasés et comprimés par le cadre étroit de la norme sociale, que l’on ne doit pas transgresser, sous peine de stigmatisation sociale , voire de violence physique .
Nous intégrons un rôle actif et expensif, par la valorisation de notre dynamisme qui se fait au détriment des filles que nous privons de ce fait d’espace dans les cours d’écoles, elles qui sont reléguées sur le bas-côtés alors que nous occupons le centre du terrain. Gare à ceux qui transgressent et qui jouent à des « jeux de filles » : ils seront remis dans le droits chemin par les moqueries de leurs pairs et par celles des adultes. Nous intégrons cette idée aux conséquences destructrices, que le petit garçon, comme plus tard l’homme, ne montre pas ses sentiments, ne les partage pas, ne pleure pas, ce qui est considéré comme une faiblesse, quand cela est accepté pour les filles dans la même perspective. Non, le rêgne du « même pas mal » s’impose, où le petit garçon chuineur se verra remmettre dans le droit chemin par un « un homme ne pleure pas » ou encore par une baffe.
Plus tard, dans ses relations affectives, ce même petit garçon, reproduira ce tabou, ce qui aura pour effet très concret de maintenir des situations de domination par le non dit : nous n’avons pas été éduqués de la même manière que les femmes quant à notre approche du relationnel et de la sexualité : le plus souvent l’initiation que nous subissons se fait au travers de représentations sociales qui non rien à voir avec la réalité : nous projetons dans nos relations notre propre façon d’apréhender celles-ci, souvent très marquée par l’identité masculine et les stigmates de la domination. Nous projetons sur les femmes notre manière –masculine- de vivre les relations, manière souvent guerrière, centrée autour de la satisfaction de notre propre désir, par dessus la réalisation des désirs de l’autre. Nous vivons souvent, du fait de la construction de la sexualité masculine à l’adolessence aux manière de rites collectifs et guerrier, notre désir comme devant obtenir satisfaction à tout prix, quel que soit le prix pour le ou la partenaire. C’est le règne de la pulsion, quand une remise en cause de cette construction identitaire nous prouve bien que nous pouvons maitriser nos désirs , pour faire d’une relation une relation égalitaire et partagée, pour prendre en compte les désirs et les non-désir de l’autre. Car, remmettre en cause cette manière de vivre la sexualité, le dictat du désir masculin, c’est remmettre en cause un fondement social essentiel du viol, cette objéification barbare et absolue de l’autre au service du désir masculin. Remmettre en cause ce dictat du désir masculin, c’est aussi, dans une relation hétérosexuelle, remmettre en cause une sexualité centrée autour de l’éjaculation, donc de « l’orgasme masculin » . C’est prendre donc en compte le plaisir de la partenaire, c’est vivre la sexualité comme un partage, et non comme l’assouvissement mécanique d’un seul désir avec comme corrolaire l’objeification et la passivité de l’autre, la négation de ses intérêts et de son plaisir et ses envies.
Rompre également le silence dans le relationnel et la sexualité, ce silence sur nous même, sur l’autre et sur la relation que nous avons intégrés à grand renfort d’images et de représentation de « l’homme fort » qui ne se confie pas, c’est rompre avec un des éléments essentiel, qui maintient dans les relations une situation de domination, car ce dialogue peut nous aider à déconstruire nos représentations masculines d’une sexualité épanouie, représentation bien souvent éronnées car normées hors de la prise en compte de l ‘intérêt des femmes, et perpétuant de fait un mode relationnel opprimant pour les femmes, aliénant pour hommes et femmes et qui nous empêche de nous réaliser pleinement en tant qu’individus, qui empêche les femmes de se réaliser elles mêmes en tant qu’individues, dans le relationnel, donc qui nous empêche de nous réaliser dans nos relations entre homme et femmes, qu’ils s’agisse de relations affectives « amicales » ou « amoureuses » .

La constuction de l’identité masculine, au travers de l’éducation, au delà de l’intégration de la notion de virilité, de l’image de l’homme fort qui ne partage pas ses sentiment, qui y est lié, de la notion du dictat du désir masculin dans la sexualité, se fait également dans le rapport au travail domestique, ce qui a pour conséquence immédiate et matérielle, dans une très grande majorité de cas, l’exploitation des femmes et de leur travail, dont le caractère gratuit est d’ailleurs un des fondement essentiel de survie du capitalisme par la compression du coût global du travail, tout autant qu’il bénéficie aux hommes. Nous sommes construits en tant qu’hommes dans la passivité face à ces taches : Nous sommes, comme le constataient nombre de féministes, construits dans autour du mode curatif quand les femmes le sont autour du mode préventif. En clair, nous nettoyons quand cela est sale de manière évidente, les femmes nettoient avant que cela le devienne… La conséquence matérielle de cette situation, intégrée à grand renfort d’éducation (pub, non participation des pères au ménage, sauf exception et de manière très irrégulière, par à coup), c’est que l’échelonnement de ces attitudes dans le temps implique que ce sont systêmatiquement les femmes qui interviennent les premières dans le ménages, rendant caduque la participation masculine, qui attend la matérialisation de la saleté pour s’exprimer, ce qui finalement revient à ne rien faire ou à ne faire qu’exceptionnellement. Ce construit à donc pour conséquence l’exploitation économique des femmes par les hommes autour de ce travail .

Un dernier élement de cette construction de l’identité masculine, s’exprime dans notre rapport à la sphère public, et donc à la parole. Nous apprenons à nous imposer dans la sphère collective en haussant la voix (ce qui n’a pas toujours été facile pour moi et qui est loin d’être facile pour tout le monde), nous apprenons à nous couper la parole, nous intégrons un mode d’expression basé sur la conflictualité, ce qui exclue souvent de fait les femmes . Cette réalité a des implication y compris dans les groupes politiques, dont les groupes anarchistes. Ce rapport à la parole et à la sphère public, excluant, marginalise les femmes qui représente pourtant la majorité de la population alors qu’elles ne représentent souvent qu’une faible part des organisations politiques, mêmes des plus révolutionnaires. Si nous n’avons pas toujours les moyens de contrebalancer cette tendance à l’échelle sociale, nous devons créer les conditions d’accès à la parole pour les femmes, en remmettant en cause notre façon d’occuper la sphère publique et communicationnelle. Il faut savoir nous taire, ce qui n’est pas facile (et je suis bien placé en premier lieu, pour le savoir, n’étant de loin pas toujours à la hauteur de cette aspiration).
C’est une des condition essentiel de développement d’un mouvement révolutionnaire de masse (qui ne saurait être de masse en excluant de la participation toute une moitié de la population), et donc de perspectives de transformation sociale.

Tenter de déconstruire notre identité donc dans ce qu’elle a de génératrice de domination et d’oppression, se réapproprier notre individualité dont nous avons été dépossédé par cette intégration d’une norme masculine, tel sont quelques-uns des enjeux essentiels pour construire une société débarassée de toute domination. Si nous ne pouvons pas rejeter au lendemain du grand soir cet effort en estimant que tout ira bien après la révolution, nous devons, tout en agissant ici et maintenant à l’échelle individuelle, agir à l’échelle collective, sociale et sociétale, car nous savons que les constructions individuelles sont le résultat de tendance et de systême sociaux. Par conséquent, seul un changement radical, révolutionnaire des fondements de la société (qui ne se réduira pas à la seule modification des rapports économiques), accompagné par une déconstruction individuelle des identités genrées (masculines et féminines) nous permettra d’en finir définitivement avec le patriarcat. Nous avons notre rôle à jouer dans la lutte contre le patriarcat, au travers de la lutte contre l’identité masculine (une lutte difficile car elle s’attaque à notre identité, l’une des choses les plus douloureuses à déconstruire, mais avec les conséquences les plus libératoires), mais nous devons nous garder d’empiéter sur l’autonomie de la lutte des femmes, car le respect de l’autonomie des luttes menées par les opprimé-e-s est un des fondements de l’idée et de la pratique anarchistes et un des garants des intêrets des opprimées et de leur prise en charge par l’action directe de leurs luttes, donc de la finalité libertaire de celles-ci.

Sam (gpe Durruti, Lyon)
article paru dans le Monde libertaire n°1293 du 17 octobre 2002
Ecrit par libertad, à 22:08 dans la rubrique "Le privé est politique".

Commentaires :

  ketchup
12-01-04
à 12:35

brillant article

En tant que féministe, je trouve cette analyse remarquable. Certaines approches critiques de la construction de la différences des sexe présentent l'affaire comme un simple dysfonctionnement culturel: cette pratique d'éduquer les sexes de façon à ce que les rôles soient très différenciés se serait développée absurdement, pénalisant les hommes autant que les femmes. Il suffirait qu'on prenne conscience de ce qu'elle constitue une "croyance aberrante" contre-productive qui se retourne contre les deux sexes pour que les femmes et les hommes puissent enfin vivre en bonne l'intelligence.
L'approche anar souligne qu'il y a d'énormes enjeux politiques et économiques dans le maintien de cette différenciation; en particulier, l'énorme masse de travail gratuit fournie par les femmes dans la sphère domestique et pour le soin des enfants, travail gratuit sans lequel aucune société, et pas seulement les capitalistes, ne pourrait subsister.
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