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Lu sur Grand angle : "L’action
directe non-violente prouve que l’on peut agir sans violence, mais
peut-on gouverner sans violence ? Car Christian Mellon et Jacques
Sémelin remarquent à juste titre que l’existence d’une non-violence
politique ne signifie pas qu’il y ait une politique non-violente [1]
: « nécessaire et possible dans l’action, la non-violence l’est-elle
encore dans la gestion d’une société au quotidien ? » Cette question se
cristallise autour de la notion d’Etat, que Gandhi définit comme la
violence sous sa forme organisée et intensifiée. Une gestion
non-violente du social implique donc la suppression de l’institution
étatique : mon idéal, affirme Gandhi, serait « un état d’anarchie
éclairée » où « chacun serait son propre maître »[2].
Si les libéraux partagent avec le Mahatma une méfiance permanente
envers l’Etat, ils considèrent néanmoins ce dernier comme nécessaire à
la garantie des libertés individuelles. Il est pour eux un moindre mal.
L’idée de cet article est donc de confronter la pensée politique de Gandhi au libéralisme, paradigme dominant de la modernité politique. Au terme de cette comparaison, nous serons en mesure de répondre à la question du rapport de Gandhi au pouvoir politique. Son modèle de société et sa conception du pouvoir font du Mahatma l’un des précurseurs de ce que nous appellerons l’anarchisme non-violent.
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