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Hacktivist news service : "Audiences à Gênes contre 47 policiers, gardiens de prison et médecins suite aux tortures pendant le G8 de 2001 (autres audiences en cours contre 25 manifestants)
Rencontre de notre envoyé spécial avec la française qui pendant le G8, a été enfermée dans la caserne de l'horreur 78 heures durant.
Probablement, elle referait tout. Venir à Gênes, entrer dans la zone rouge, résister à son arrestation. Non, Bolzaneto non ! Ca a été un vrai cauchemar.
Ce n'est pas possible qu'en l'an deux mille, deux mille un, il se passe des choses pareilles dans un pays civilisé, l'un de ceux qui prétend exporter la démocratie, par exemple en Irak.
Pourtant, ce devaient être des évènements joyeux, sociaux... je les définirais de "très humains"...
Valerie Vie vit en France, dans un village entre Avignon et Nîmes. Elle a 38 ans et trois enfants de 14, 12 et 6 ans.
En 2001 elle débarqua à Gênes avec la caravane d'Attac. Le 20 juillet, journée d'action contre le G8, elle était Place Dante, celle où il y a la maison présumée de Christophe Colomb et la gratte ciel des années 30 de la terrasse Martini. C'était l'une des limites de la zone rouge, illégal rideau de fer et de ciment qui isolait les Huit Grands séquestrant la vieille ville. Là devait avoir lieu la violation symbolique de l'enceinte des puissants. L'Arci avait annoncé qu'un grand pied en mousse aurait enjambé les imposantes barrières en maille d'acier tellement serrées qu'on ne voyait quasiment pas au travers.
Ensuite, Valerie et un homme d'un certain âge réussirent à entrer par un passage ouvert patiemment avec des pinces. Ce devait être un évènement joyeux. Et arrêter là vu que la zone rouge était un cirque vide (...)
Mais l'arrestation est immédiate, brutale, violente.
Valerie "résiste" mais elle est seule, ses compagnons sont à distance, hors de la cage. Mais elle résiste car elle est convaincue que la perte de ses droits humains et civils commence au moment où elle met les pieds dans une cité blindée. Pour cela, elle sera la première condamnée du G8, cinq mois avec la suspension de peine, qu'elle ne digère pas ; elle a fait appel.
Mais Valerie - qui parle tandis qu'au Palais de Justice commence l'audience préliminaire pour les tortures avec l'appel des parties - est la seconde à être arrivée à Bolzaneto, la caserne au nord de la cité transformée par un décret du ministre Castelli en prison de triage pour les arrestations de masse prévues ces journées là.
Personne ne devait perturber la parade de Berlusconi et de Bush à la veille de la guerre.
Le premier à convaincre que ce G8 fut une réunion de philantropes, il clamait aux quatre vents que des centaines de millions ont été donnés par son gouvernement pour la faim dans le monde, budget taillé et retaillé et dont il n'est rien resté.
Mais ses polices devaient venger l'affront de centaines de milliers de manifestants accourus à Gênes pour révéler cela et d'autres mensonges. Les frapper, aller les chercher dans les hôpitaux, sur les places et dans les gares pour leur faire passer l'envie de protester.
Voilà la stratégie imprimée sur la peau et dans l'esprit de Valérie arrivée à Bolzaneto le vendredi à 14 heures.
C'est un peu après qu'est partie la charge sans cause des carabinieri contre une manifestation autorisée légalement - les preuves abondent- et qui a déchaîné le trouble pendant lequel le pistolet d'un carabinieri a mis fin à la vie d'un garçon de 23 ans, Carlo Giuliani.
Affaire archivée, aussi à cause de la timidité du Parlement qui n'a pas voulu d'une véritable enquête.
Ainsi, Valerie est retournée à Gênes pour le nième procès. Elle n'est pas la seule, à l'intérieur et devant le Tribunal, mais ils sont de moins en moins nombreux à garder la mémoire et à se comporter en conséquence.
En France, dit-elle, ce n'est pas mieux. La situation politique et économique est si difficile que c'est la survie qui est à l'ordre du jour dans les associations de base.
C'est l'activité principale. Pour elle, Attac-France c'est du passé depuis son retour en France juste après la mésaventure. La majorité de l'organisation, en fait, s'est montrée convaincue que la bestialité des corps de police fut en quelque sorte la conséquence et non le moteur de l'hostilité des manifestants.
Ceci, mais pas seulement, amènera Valérie à être censurée dans des débats publics mais cela éteindra peu à peu l'écho de Gênes. En français, on appelle cela "faux débat". Mais la dame ne mollit pas : ces violences d'hommes en uniforme n'avaient aucune justification, ni autodéfense, ni raisons d'ordre public.
Ce fut purement et simplement de la torture, qui par manque d'une loi ad hoc, a été traduite par les juges en une longue liste de délits pour lesquels on demande le procès de 47 carabinieri, agents, médecins et gardiens de prison. Parmi eux, certainement ceux qui ont terrorisé Valérie en lui montrant les photos des enfants "qui sait si tu les reverras" disaient-ils. Et puis les coups, les crachats, les insultes déjà commencés dans la cour, à sa descente de la voiture qui l'emmena à la caserne. Ce fut systématique, elle en est convaincue, ce régime de coups et d'humiliations qu'elle a partagé avec 250 personnes. Enfermée dans une pièce pendant soixante dix huit heures avant d'être emmenée à la prison d' Alexandrie, sans même aller au toilettes car ceux qui en revenaient étaient en sang. Pas d'avocats, pas de traducteurs. Le couteau sur la gorges, elle a signé des documents inexacts.
Trop de choses se sont rompues à Gênes, dit-elle en tremblant, elle dit c'est le "froid de l'émotion". Les pressions pour mollir sont constantes, rechercher la vérité et la justice, cela coûte beaucoup, dans tous les sens du terme.
Mais elle va de l'avant, indignée par les comptes-rendus inexacts sur les journées de Gênes, car elle ne saurait pas l'expliquer à ses enfants si elle renonçait. Pendant trois jours, ils ne surent rien d'elle, jusqu'à ce qu'un matin, ils virent sa photo sur l'affiche d'un journal.
Personne en Italie n'avait pensé à informer la famille. Les seuls à être proches d'elle sont les militants d'Indymedia impliqués dans le soutien légal, le groupe d'appui aux avocats qui risquent cependant de fermer les portes par manque de moyens. Si cela arrivait, nous serions tous encore plus seuls.
Checchino Antonini
Traduction de l'article de " Liberazione" du 30 janvier reçu sur
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à l'ordre de : Verita' e Giustizia per Genova
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