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Lu sur le Plan B : "Les duettistes comiques de LCI sont formels : « depuis trente-quarante ans et même un peu plus », il n'y a pas eu de dictatures de droite, d'extrême droite ou religieuses.
Le
triomphe de Sarkozy n'a pas émoussé la vigilance des intellectuels. Le
26 mai, au cours de leur « débat » hebdomadaire sur LCI, Luc Ferry
et Jacques Julliard conviennent de l'urgence de briser un tabou :
celui de la barbarie communiste, dangereusement sous-estimée en France
depuis l'élection présidentielle. La mèche virevoltante sur son front
contracté par la pensée, Ferry inflige à son compère perruqué une
implacable leçon d'histoire : « Au fond, quand vous
réfléchissez [sic] - moi j'ai la chance de vivre avec une jeune femme
et je me rends compte combien la différence de génération induit aussi
des différences d'attitudes politiques -, pour elle, comme pour tous
les gens qui ont 30-40 ans, et même un peu plus, l'horreur politique
qu'ils ont connue, c'est pas la droite, c'est pas l'impérialisme, c'est
pas le fascisme, c'est pas le nazisme. Ce qu'ils ont connu
d'abominable, c'est l'URSS, c'est l'Albanie, c'est la Corée du Nord,
c'est les Khmers Rouges, ce ne sont que des exemples entre guillemets
de gauche - je ne vais pas dire que c'est la gauche social-démocrate
qu'aime Jacques, c'est pas ça que je veux dire - mais enfin, en gros,
c'est les horreurs du communisme qu'ils ont connues. »
Un peigne entre les dents
Toutes communistes, les dictatures des trente ou quarante dernières
années ? Pour Ferry, qui a appris l'histoire au salon de coiffure,
les régimes pro-américains de Pinochet au Chili, de Somoza au
Nicaragua, de Strœssner au Paraguay, de Noriega au Panama, de Videla en
Argentine, de Montt au Guatemala, de Marcos aux Philippines, du Shah en
Iran ou de Zia Ul-Haq au Pakistan étaient des démocraties
irréprochables. Certes, on peut juger discutable le bilan des colonels
en Grèce, de la junte militaire en Birmanie, de l'apartheid en Afrique
du Sud, des Duvallier à Haïti, de Suharto en Indonésie, de Mobutu au
Zaïre, de Bokassa en Centrafrique, d'Amin Dada en Ouganda, des Taliban
en Afghanistan, de Ben Ali en Tunisie ou de Saddam Hussein en Irak,
mais, renseignements pris auprès de sa « jeune femme »,
l'ex-ministre de l'Éducation est formel : les « horreurs » de ces
régimes étaient sponsorisées par l'Albanie communiste. S'épongeant la
brillantine qui goutte de sa mise en plis, Luc Ferry poursuit : « Et
donc on ne se rend pas compte suffisamment que lorsqu'on parle d'une
droite décomplexée, c'est lié au fait que toute une génération qui est
pas si jeune que ça, qui a trente ou quarante ans aujourd'hui, pour
elle le repoussoir absolu, c'est la gauche. Et ça, la gauche ne l'a pas
compris, c'est ça qui est formidable, c'est qu'elle a toujours pas
compris ça. »
L'œil rivé sur la permanente de son ami, et piaffant d'impatience de lui ravir la parole, Julliard bondit : « Le pire, c'est que c'est la gauche qui aurait dû le comprendre !
Ferry : ... Mais la première !
Julliard : Car c'était son intérêt, c'est-à-dire la gauche social-démocrate...
Ferry [refusant de lâcher le morceau] : Et il y avait une gauche anti-totalitaire en plus, dont vous avez toujours fait partie d'ailleurs.
Julliard [ravi] : Évidemment ! Et qui a souvent pris le plus de coups de la part des staliniens, vous avez tout à fait raison. »
Au terme de leur joute, Julliard aurait demandé à Ferry la marque de sa lotion capillaire.
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Outrage
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Furieux de n'avoir pas encore reçu de places gratuites pour le festival
d'art lyrique d'Aix-en-Provence auquel il assiste chaque année, Jacques
Julliard profite de son émission de LCI
(« Ferry/Julliard », 14.7.07) pour les quémander. Le directeur délégué du Nouvel Observateur conseille d'abord aux téléspectateurs Mille et Un Opéras, un livre de deux mille pages paru en 2003. Puis il enchaîne : « On
peut le prendre pour Avignon, pour Aix s'ils veulent bien me donner des
places - ce qui est moins sûr. Je leur dis au passage, hein ! Je leur
fais dire au passage. Pour le moment, ils ne veulent pas m'en
donner. »
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Julliard tenté par la pornographie
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Jacques Julliard a deux obsessions. Chacune renvoie à un rendez-vous
particulier : les festivals d'art lyrique (lire ci-dessus) et Fred,
son teinturier-perruquier qui assure à Jacques, malgré ses 74 ans
passés, une crinière noire aussi brillante que celle de son ami Arno
Klarsfeld. Mais tout cela n'est pas assez pour alimenter ses dialogues
passionnants avec Luc Ferry sur LCI. Heureusement, il y a le chauffeur
de taxi Ali qui, chaque semaine, dépose Julliard à la tour TF1-LCI
quelques heures avant qu'Edwy Plenel y arrive pour son émission à lui.
Rien de tel qu'un chauffeur de taxi : un journaliste paresseux peut
tout lui faire dire - et souvent il s'en contente. Le 22 juin,
justement, le fils de cure Julliard souhaitant manier la gaudriole sans
en avoir l'air (sa matrone de femme le regarde), il se rabat sur son
ami Ali pour commenter l'entretien de Sarkozy avec PPDA et Chazal - sur
TF1 bien sûr : « J'ai
trouvé son comportement physique un rien canaille. Un rien canaille, un
petit peu comme quand on avait vu Yves Mourousi poser une fesse sur le
bureau du président Mitterrand. Je suis arrivé tout à l'heure, c'est un
chauffeur de taxi tunisien qui me conduisait, qui me dit : "Vous
savez, j'ai vu le président de la République tourner ses chaussures, et
même ses semelles, en direction de Claire Chazal. Dans mon pays, c'est
pas très poli, c'est un peu insultant pour la personne." Alors, le
président, même s'il veut moderniser le style, il ne faudrait pas qu'il
le modernise au point de tomber dans un style, ce que j'appelais un peu
canaille quoi. » Sa contribution érotique à l'analyse politique
de la semaine achevée, Julliard, imitant Ferry, caressa ses belles
boucles noires. Rien à dire, son teinturier-perruquier est un as.
Le Plan B n°9 (juillet - septembre 2007)