Lu sur
CQFD : "Il est comme ça, André Gerin, député PCF du Rhône et ancien maire de Vénissieux : il lui est insupportable de dégoter un poil de barbe sur le rebord immaculé de sa cervelle de canut. Enfin, ça dépend : si l’intrus provenait du menton du camarade Vladimir Illich, passe encore. Mais s’il a pour origine le système pileux d’un « gourou » islamique, d’un « taliban » des cités, comme Dédé-le-rouge se plait à les nommer, alors l’attentat folliculaire lui déclenche illico une crise de « commission d’enquête sur le port de la burqa ».
Datant du mois de juin dernier, la dernière rechute de ce coco orthodoxe à la coupe de douilles Kim Jong-ilienne a empli d’allégresse Nicolas Sarkozy et ses mastards du gouvernement qui, depuis des années, s’évertuent à faire émerger un bouc émissaire de qualité en ces temps de crise infinie. « La burqa n’est pas la bienvenue sur le territoire de la République française », s’empressait de déclarer le riquiqui de l’État, le 23 juin, juste avant que ne soit mise en place la mission parlementaire sur le port du voile intégral et que Dédé n’en soit bombardé président. Un juste retour d’ascenseur pour celui qui déclarait suite au mouvement des banlieues de l’automne 2005 : « Pour l’essentiel, je suis d’accord avec le diagnostic de Nicolas Sarkozy [alors ministre de l’Intérieur] : le problème aujourd’hui est de s’attaquer aux mafias, aux trafics, à l’intégrisme qui pourrissent la vie des quartiers. » Dédé fait donc fi du chômage, de la misère et des violences policières pour se lancer dans sa croisade contre cette « idéologie barbare », cette menace de « talibanisation de la société », sans hésiter à faire appel à « la France judéo-chrétienne » comme lors des infos régionales de France 3 Rhône-Alpes le 1er février dernier.
Et Dédé n’est point seul en son combat. Dans un élan patriotique digne de l’union sacrée gauche-droite de 1914 [1] , il s’est trouvé un allié de marque en la personne d’Éric Raoult, député UMP et maire du Raincy (Seine-Saint-Denis). Raoult est le rapporteur de leur mission sur le port du voile intégral, mais ces deux-là se fréquentent depuis belle lurette : quand, en 2007, Dédé-le-Rouge publie Les Ghettos de la république sur la « guerre civile » dans les quartiers (édition Les Quatre chemins), c’est le maire du Raincy qui s’attelle à la préface. Oui, LE Éric Raoult, celui qui aime à se faire remarquer par ses petites phrases fleurant bon la droite rancie. Le « devoir de réserve » pour les lauréats du prix Goncourt, c’est lui. Un amendement visant à rétablir la peine de mort, c’est encore lui. Le rejet de l’homoparentalité, (« Dès qu’il y a un enfant, il faut un papa et une maman »), c’est toujours lui. Pour Dédé-le-Rouge, peu importe cette alliance contre-nature. Entre Raoult et lui, il y a « une fraternité d’armes » car ils sont « tous les deux des soldats » contre cette « marée noire » qui, si rien n’est fait, ensevelira d’ici peu not’belle République.
Mais dénigrer les contempteurs de la burqa risque de nous attirer les foudres des camarades laïcs. On nous reprocherait d’être au pire d’affreux islamogauchistes, au mieux de sombres idiots utiles. Laissons donc la conclusion à cet édito du New York Times – que l’on peut difficilement soupçonner d’allégeance à AlQaida–, daté du mercredi 27 janvier 2010 : à quelques semaines des élections régionales françaises, « il est difficile de créer de l’emploi et facile d’attiser les préjugés antimusulmans. […] Aucun gain politique ne peut justifier d’attiser la haine. » Pff, encore un mauvais coup de l’Oncle Sam, pestera Dédé-le- Rouge.
Article publié dans CQFD n°75, février 2010, actuellement en kiosques.