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Fabrice Magnone : LE LIBERTAIRE (1919 - 1956), Autopsie d'un Organe Anarchiste

Lu sur Le Libertaire (1919 -1956) :
Cette étude de presse est le fruit d'un travail de recherche mené sous la direction de M. le professeur Ralph Schor à l'Université de Nice. Il s'agit d'une thèse d'histoire en cours de rédaction. Les internautes qui découvrent ces pages sont donc invités à nous faire part de leurs critiques et à nous signaler les « coquilles » inévitables à ce stade.

Introduction
Parcours politique du journal
Conditions d’existence et analyse de contenu
Idées, discours et pratiques
Sources et bibliographie
Annexes

Introduction

Qu’est-ce que l’anarchie ? Pour répondre à cette question embarrassante, le militant et le chercheur se trouvent trop souvent contraint d’employer une des nombreuses expressions consacrées. La formule la plus laconique mais pas la moins énigmatique est attribuée au géographe Elisée Reclus pour qui « l’anarchie c’est l’ordre ». Cette définition présente l’avantage de s’opposer à la signification la plus répandue du terme qui en fait un synonyme de désordre, chaos...

Le néophyte choisit plutôt d’ouvrir son dictionnaire. Il lit à la page 64 de l’édition 1995 du Petit Larousse : « anarchie : (gr. anarkhia, absence de chef). 1. Anarchisme. 2. Etat de trouble dû à l’absence d’autorité politique, à la carence des lois. 3. Désordre, confusion dans un domaine quelconque. » Ces définitions sont accompagnées d’un exemple d’emploi familier du mot : « L’anarchie règne dans ce service » et d’un très bref rappel historique :


L’anarchie a connu un grand succès en Europe à la fin du XIXème siècle. Ses théoriciens furent les Russes Bakounine et Kropotkine, l’Allemand Stirner et les Français Elisée Reclus et Jean Grave. Les anarchistes multiplièrent les attentats contre les représentants de l’autorité, en France, entre 1880 et 1894. Ils jouèrent un rôle important dans la guerre civile espagnole (1936-1939).

Les notices des mots « anarchique », « anarchiquement », « anarchisant », « anarchisme », « anarchiste », « anarcho-syndicalisme » et « anarcho-syndicaliste » ne lui en diront pas beaucoup plus. Frustré par la concision de ces définitions, il découvrira peut être l’article rédigé par Henri Arvon pour l’Encyclopædia universalis [1] ou le « Que sais-je ? » [2] du même auteur.

Si ces deux textes constituent une assez bonne introduction à la philosophie libertaire, c’est avant tout parce qu’ils affirment la pluralité de l’anarchisme. Au delà de l’opposition entre individualistes et communistes libertaires, Arvon dénombre cinq traditions différentes incarnées par William Godwin, Max Stirner, Pierre Joseph Proudhon, Michel Bakounine et Léon Tolstoï [3]. Pour cette raison son inventaire est assez déroutant dans la mesure où il souligne d’emblée les divergences entre chacune de ces tendances en affirmant toutefois que « si jamais une doctrine a possédé l’avantage de pouvoir se ramener à un seul point central, c’est bien l’anarchisme. Tous ses aspects sont commandés par une seule préoccupation : le maintien de l’autonomie de la volonté individuelle » [4]. Sébastien Faure, qui cherchait le plus petit dénominateur commun entre les différentes conceptions anarchistes, en donne une définition équivalente : « quinconque nie l’Autorité et la combat est anarchiste » [5]. D’autre part, il assure qu’« il n’y a pas, il ne peut y avoir ni credo, ni catéchisme libertaire » [6].

Le mot libertaire pose un nouveau problème de définition. S’il ne renvoie pas à l’image d’Epinal de l’anarchiste terroriste, il peut néanmoins prêter à confusion. Cette fois-ci le recours à l’Encyclopédie anarchiste ou à un quelconque « Que sais-je ? » est impossible. Le Dictionnaire Larousse est assez concis. Le libertaire est un « partisan de la liberté absolue de l’individu en matière politique et sociale, c’est à dire un libéral, un individualiste radical ou un anarchiste. » Joseph Dejacque, qui le premier avait utilisé ce titre, lui donnait une signification nettement plus « communiste » :


Le libertaire n’a de patrie que la patrie universelle. Il est l’ennemi des bornes : bornes-frontières des nations, propriété d’Etat ; bornes-frontières des champs, des maisons, des ateliers, propriété particulière ; bornes-frontières de la famille, propriété maritale et paternelle. Pour lui l’Humanité est un seul et même corps dont tous les membres ont un même et égal droit à leur libre et entier développement, qu’ils soient les fils d’un continent ou d’un autre, qu’ils appartiennent à l’un ou l’autre sexe, à telle ou telle autre race. Il a pour principe, un et supérieur : la liberté en tout et pour tous. [7]

Le mot libertaire permet donc d’englober dans la mouvance anarchiste des manifestations très diverses. Il jouit d’ailleurs d’une meilleure réputation que son synonyme. Nombreux sont les anticonformistes qui acceptent sans sourciller de se voir qualifier de libertaire mais qui refusent l’étiquette d’anarchiste pour ne pas passer pour de dangeureux terroristes ou tout simplement par refus de l’esprit partisan inhérent à n’importe quelle idéologie [8]. Frank Mintz signale d’ailleurs que si Sébastien Faure a adopté ce titre pour son journal, c’est tout simplement pour éviter de tomber sous le coup des lois scélérates qui avaient été adoptées l’année précédente condamnant toute propagande anarchiste.

En définitive, l’idée qu’il y a autant d’anarchismes que d’anarchistes l’emporte. Cette définition a notre préférence car elle interdit les conceptions dogmatiques. D’ailleurs, il semble que tous les travaux sur le sujet ne font qu’essayer de répondre à la même question centrale : qu’est-ce que l’anarchie ? Nous pensons, pour notre part, que chacun est libre d’apporter sa propre solution à ce problème, dans la mesure où l’explication proposée dépasse les poncifs qui en font un équivalent du chaos ou de la terreur et qu’elle admette l’existence de conceptions différentes, voire opposées, du phénomène. Cette étude du Libertaire devrait donc nous servir de prétexte pour proposer une interprétation argumentée sans tomber dans la profession de foi.

[Lire la suite]

[1] Henri Arvon, « Anarchisme » in Encyclopædia universalis, vol. 1, p. 988-990.

[2] Id., L’Anarchisme, Paris, P.U.F., coll. « Que sais-je ? » n°479, 1951, 11e édition, 1995, 128 p.

[3] Paul Elzbacher dénombre sept théoriciens en ajoutant à cette liste l’Américain Benjamin Tucker et le Russe Pierre Kropotkine.

[4] Henri Arvon, L’Anarchisme, op. cit., p. 64.

[5] Sébastien Faure, « Anarchiste » in Encyclopédie anarchiste, Paris, Librairie internationale, 1925-1934, p. 56-84.

[6] Ibid.

[7] Le Libertaire n°1, 9 juin 1858.

[8] Daniel Cohn Bendit, qui a débuté sa carrière politique dans les rangs des anarchistes avant de rejoindre ceux des écologistes, se laisse qualifier par ses partisans comme par ses détracteurs de « libéral-libertaire ».

Ecrit par Cercamon, à 17:04 dans la rubrique "Pour comprendre".



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