Lu sur
Le Jura libertaire :
"Comme espéré depuis près de 3 jours, la
réquisition d’un nouvel espace de logement et d’activités a eu lieu mercredi 29 août vers 19h30 par des personnes se souciant de proposer et agir pour faire face à la crise du logement et de son complice capitaliste…
Ce lieu vide depuis des années au 45 rue de Saint-Jean, qui abrite un espace commercial et un espace affecté à du logement a été investi pour y habiter et continuer le programme d’activités qui avait été débuté au
5 Boulevard Jaques-Dalcroze le week-end passé. De ce fait, au moins 150 personnes étaient présentes pour participer au concert des
René Binamé, partager un repas et quelques Sagres… tout cela dans une ambience festive et communautaire.
Certes,
un appel avait été effectué au début du concert d’une potentielle
arrivée des «gardiens de la guerre» afin de stopper ces belles
créativités autogestionnaires, mais de là à imaginer ce qui allait se
passer quelques instants plus tard, il fallait soit une imagination
délirante soit faire confiance aux politiques de faire respecter
l’«État de droit» (on dit aussi «Traité de sécurité nationale et
prospérité» outre-Atlantique).
Les
rêves de réappropriation ont tourné vite aux cauchemars sécuritaires
quand un peu plus de 3h après le début des festivités, vers 23h, 7
camions de flics et leur tank à eau sont arrivés pour «déloger» (ne
parlons surtout pas d’expulsion car ça risquerait de froissser Sieur
Procureur) les personnes présentes à l’intérieur du lieu. Après
quelques jets de pierre et la fermeture de la porte, simple souci de
légitime défense pour certains, face à une horde militarisée, qui ayant
dû oublier tout leur vocabulaire, après avoir été écervelés par leurs
patrons «chefs de guerre», n’ont prononcé aucune sommation ni à
l’extérieur ni à l’intérieur. Ces policiers «pro-émeutes» ont cassé
violemment les portes et vitres d’entrée, puis sur leur lancée une
caméra et journaliste de la TSR (Télévision Suisse Romande). Ils s’en
excuseront plus tard : «C’est que son badge TSR n’était pas très
visible et qu’elle n’avait pas de carte de presse, et on l’a juste
poussé». Ça signifierait donc que si tu as une carte de presse, t’es
exempté de coups de batons ? Idées à mûrir pour l’avenir…
Des gaz lacrymogènes ont été lancés dès leur entrée dans l’espace
(fermé) investi pour le concert… tandis que s’écoutait depuis l’arrière
un boucan énorme de flics qui défonçaient les fenêtres barricadées… les
gens étaient forcément paniqués, plusieurs personnes s’imaginant déjà
un passage à tabac général et sauvage, dont une se projetant dans des
pensées «revival» cauchemardesques de Gênes (ou des flics avaient insulté, violenté, sequestré des personnes pacifistes allant même
jusqu’à leur faire chanter des chants fascistes mussoliniens)…
De l’Italie à l’Helvétie, juste une frontière nous sépare, si
imperméable humainement et si fluide pour la diffusion des délires
sécuritaires de Nantis, primordiaux pour conserver leurs privilèges de
Seigneurs modernes.
Un
tel degré de sauvagerie n’aura pas lieu, du moins cette fois-ci, les
personnes pourront sortir par les fenêtres sans échapper aux multiples
coup de matraques, une chaîne se tissant pour sortir les dernières
personnes violentées. À la solidarité ils ont bien sûr répondu par la
virilité… Rien de bien nouveau, ce qui est un peu plus surprenant ce
sont leur fragilité, plusieurs matraques ont pu leur être arrachées,
jetées hors de portée de nuire, par des personnes en face d’eux, non
armées. Quelle impression étrange de voir quelques visages blancs et
tremblottant quand ils furent désarmés… mais quoi de bien étonnant
lorsque l’on se rendit compte qu’une partie de cette garde sauvage
avait à peine 20 ans…
De l’Helvétie au Mexique… un océan et plusieurs frontières sont à
chevaucher… afin de se confronter sur cette «terre latine» à une
campagne de recrutement occupant les métros de la plus grande ville du
monde (Mexico), pour seul outil des banderolles qui ne valent pas
certes l’esthétique des occupant-es genevoises mais qui sont d’une
efficacité affolante, voire totalement flippante, car un nombre
hallucinant de jeunes mexicains s’en vont, ou ont projet de rapatrier
les troupes de la guerre de l’État mexicain et leurs camps de
décervelage de conscience…
Peut-être est-ce juste une banale coïncidence…
ou peut-être pas ? Certain-es personnes comploteraient un aprentissage
sécuritaire «méga contrtôle» depuis notre premier âge, et ceci dans
tous les pays du monde… Non non, je paranoïe certainement, c’est juste
possible dans 1984 ce genre de délires, non ?
Après la sortie de toutes les personnes, le cordon de taches bleues
laisse s’éloigner de quelques mètres la majorité des personnes, sans
oublier de lancer quelques projectiles depuis le toit, certainement une
tentative de communication, n’oublions pas que ces miliciens n’ont dans
leur dictionnaire policé pas plus d’une dizaine de mots : «sale pute»
(sexiste) «PD» (homophobie)… Ils doivent donc bien trouver des modes de
communication alternative ! On ne peut pas leur enlever cette tentative
d’effort…
Le cordon de flics se refermera sur les dernières personnes, 17
personnes ont été détenues, 14 pendant quelques heures, 2 pendant
environ 15h et une pendant pres de 18h. Plus aucune n’est actuellement
entre les mains de ses pauvres victimes policières, dont un commissaire
a osé se déculpabiliser auprès d’un des détenus en déclarant «Nous ne
sommes que le corps exécutif, les ordres viennent d’ailleurs», on n’est
donc plus très loin de la version terrestre d’«X-files».
À noter que les prises forcées d’ADN se poursuivent, atteignant
cette fois un échelon supérieur, après un refus d’une personne arrêtée,
trois flics l’ont tenue de force, pour lui effectuer le contrôle contre
son gré. En outre, ses droits concernant la possibilité d’obtenir un
avocat et à manger ont été bafoués pendant toute la durée de la
détention.
Certain-es seront encore blessées par un canon à eau, d’une couleur
blanche éclatante, autant au moins que sa pression, laissant un
souvenir de voile noir à l’œil d’une personne. D’autres par des coups
de matraques par les gardes bleus suivant le groupe de personnes qu’ils
cherchaient à disperser, trouvant un plaisir pervers à menacer les gens
tels «des bergers menant leurs troupeaux à la baguette», selon les
dires d’une victime des machines à contusions et autres réjouissantes
violences.
Genève, ta démocratie populaire et ta paix sociale ne se sont pas
seulement égratignées, elle se sont enterrées définitivement, perdant
toute crédibilité… Tes Nantis, sous le couvert de Zapelli (Procureur
non public) et Moutinot (chef de milice), ont choisi de te rendre
«propre», en imaginant que ça se ferait dans un climat de passifliqué,
mais c’est bien la guerre (même la TSR en a conscience) que tu as
déclaré aux habitant-es de la cité en les bafouant et les humiliant…
Certainement que cette première attaque violente avait un objectif de
terreur, et que certaines séquelles resteront chez quelques un-es, mais
beaucoup d’autres n’auront qu’une détermination amplifiée pour défendre
un droit légitime au choix de sa forme de logement et de sa vie sociale
face à votre court argumentaire sur «le flagrant délit» (de
constructions de maisons ?) et la «violation de domicile» (de locaux
vides abandonnés depuis plusieurs années ?).
Ma rage, comme sans doute beaucoup d’autres ici comme ailleurs, n’a
fait que décupler… et ce n’est ni vos abus de pouvoir ni votre
violence, que vous n’avez même pas le courage d’assumer par vous-même,
mais que vous déléguez à des cerfs-personnes écervelées à vos ordres,
qui la feront redescendre !
Vous avez été désarmés de quelques matraques cette fois-ci, ce n’était qu’un début…
Il n’y a pas de guerre sans feu… Vous avez décidé de la déclarer,
attendez-vous à observer un beau feu d’artifice… Ne bougez pas de votre
canapé, on s’occupe de tout !
Pour terminer deux cadeaux, une dénonciation, chacun-e à leur manière, dans des styles bien différents :
— Un clip pour se mettre en pêche : La Rage du
peuple, Kenny Arkana.
— Un lien, en cas de violences policières, pour collectiviser nos résistances
(appel «spécial» à témoignages de personnes qui auraient subi ou observé des violences ce mercredi).
Indymedia Suisse romande (Ian), 31 août 2007