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Et vous croyiez que la Grèce avait un problème ?

Alors que vous pourriez penser que l'argent était le support de notre économie, en fait c'est l'énergie qui construit la solvabilité d'une nation, dont seul un surplus d'énergie peut combler les espérances des gouvernants et les souhaits des citoyens. Jusqu'à l'avènement de la révolution industrielle, et surtout depuis que le pétrole bon marché est devenu accessible, cette énergie ne pouvait provenir que d'un territoire susceptible de produire assez de nourriture et de quelques éléments essentiels au maintien d'un niveau de vie un tant soit peu civilisé. Nous pouvions réclamer que nos dirigeants nous fournissent des hôpitaux, des écoles, des routes et toutes les choses qui rendent la vie plus confortable, mais sans l'excédent d'énergie qui permettait de les obtenir, cela restait impossible. Aucune manigance ou promesse politique, ou même d'imposition ne pouvait modifier cet état de fait.

Beaucoup de gens récusent cette idée, mais nous vivons dans une société fondée sur l'énergie, pas sur l'argent. Sans notre perpétuelle poursuite de l'énergie, aucun système économique ne pourrait persister dans le contexte auquel nous sommes habitués.

Et ce n'est pas seulement les Grecs, mais tous les responsables de toutes les nations sur terre, qui ont ignoré cette loi fondamentale qui nous gouverne tous, collectivement : si un pays ne produit pas assez d'énergie supplémentaire suffisante pour honorer les demandes de son peuple, alors il lui faudra mendier, acheter, emprunter, ou voler cette énergie qui devra venir d'ailleurs, ou alors on risque l'effondrement, ou la famine, jusqu'à ce que la population soit réduite à un niveau acceptable.

Cette fonction de la survie nous a hanté depuis la préhistoire. Des tribus nomades, probablement originaires de ce que nous appelons maintenant l'Irak, ont eu un jour l'idée brillante de créer des frontières autour de territoires où ils pourraient faire pousser leur nourriture au lieu de chercher à la chasser. A partir de là, des clôtures et des limites ont été définies, soumises à la propriété, et on leur a accordé une valeur, mesurable en termes d'énergie.

Ce que nous savons de la civilisation est basé sur ce simple concept. La terre et son potentiel d'énergie est devenu 'capital', et nos ressources énergétiques nous ont permis de l'exploiter à fond. Les premiers paysans ne connaissaient rien des valeurs calorifiques ni du capitalisme ; ils savaient pourtant que s'ils manquaient de nourriture, cela signifiait la famine, un peu plus d'aliments et on arrivait à la suffisance, et avec beaucoup plus, on atteignait un certain niveau de prospérité. Personne ne souhaitait la disette, quelques uns se contentaient du suffisant, et la plupart désiraient un excédent. C'est toujours le cas. L'échelle a changé, et l'on en est arrivé à la recherche d'un profit. Tout le monde réclame une augmentation, rares sont ceux qui la refusent. Nous sommes tous devenus des capitalistes à plus ou moins grande échelle.

Les terrains enclos exigeaient un contrôle renforcé et la volonté de les défendre par la force. C'est la force qui a prévalu contre la faiblesse alors que la lutte pour les ressources s'est développée et s'est diffusée parmi les territoires des tribus. Si la terre produisait assez de nourriture et d'autres objets indispensables, il était devenu possible d'équiper et de nourrir une armée, en l'utilisant pour occuper plus de terrain. De cette manière, l'énergie collective pouvait transformer de petits territoires en nation ou en empire, créer des seigneurs de la guerre et des rois, en encourageant la croyance dans des dieux qui toujours se trouvaient dans le camp des vainqueurs.

La possession de la terre et de ses produits constitue la partie cachée de ce que nous entendons par l'économie et l’existence de notre infrastructure. Les conflits rendent cette économie encore plus rentable, et le conflit qui implique le pouvoir et l'agression procure le potentiel d'une lutte persistante pour les ressources, qu'elle soit sanguinaire ou politique. En 1941, L'Allemagne a envahi la Grèce et ce fut un événement sanguinaire. En 2015, ce fut une occasion d'ordre politique. En tant que petit pays faible, la Grèce n'a pas les ressources suffisantes pour résister.

Plus les terres contrôlées et gouvernées sont importantes, et plus de nourriture-énergie peut être produite. Le surplus d'énergie sous la forme de viande et de céréales ou de bois est devenu trop important pour être transporté, alors l'or et l'argent ont servi de symbole pour le remplacer comme élément reconnu de l'énergie mesurée.

Diverses civilisations se sont développées et ont utilisé différents systèmes monétaires, pour arriver à notre situation actuelle : ceux qui contrôlaient les terres contrôlent l'énergie qui supporte l'économie dominante, qu'elle soit primitive ou sophistiquée, guerrière ou pacifique. Avec assez d'excédent et une force de travail soumise sous une forme quelconque de servage ou de dépendance, les ressources énergétiques totémisées ont pu servir à payer pour la construction de villes, de châteaux ou de cathédrales. Alors que le travail des hommes pour les construire, l'allégeance des soldats pour les garder et la foi des prêtres pour les honorer étaient achetés au moyen d'or et d'argent, le système dépendait de la fourniture des aliments et des produits de la consommation ordinaire, bien au-delà de l'ordinaire indispensable pour subsister, grâce à la chaleur du soleil. C'est pour cela que les premières grandes civilisations ont débuté dans les régions tropicales ou sub-tropicales de la terre. Les esquimaux n'ont, par contre, déployé aucune armée, ni construits des cités, ni ne se sont infligés une hystérie religieuse massive : le soleil ne leur en fournissait pas les ressources.

Tout cela nous à conduits aux conditions dans lesquelles nous vivons actuellement : des terres chaudes et riches font vivre une population plus abondante et plus saine. Les peuples mangent et procréent, réclament de leurs dirigeants davantage de vivres. Et donc la recherche d'énergie, la poursuite d'une expansion continue se fait plus effrénée encore. C'était vrai des premiers peuples d'entre le Tigre et l'Euphrate, comme ça l'était de l'Empire romain. Là se trouve ce qui a conduit les puissances européennes à dépecer l'Afrique, les Amériques et l'Extrême orient en accordant à une partie privilégiée une prospérité unique dans notre histoire. Ceux qui profitent de ces privilèges ont oublié d'où ils venaient et ne considèrent même pas la fragilité de leur situation.

Et donc, nous nous retrouvons coincés dans une dynamique capitaliste énergivore, en croyant que l'argent a surpassé le rôle de l'énergie qui est à son origine, et que même il a pris sa place. Pour la plupart des gens, l'illusion de l'argent a remplacé la valeur concrète des vraies ressources. On ne considère plus l'énergie comme l'élément essentiel de notre prospérité ; on peut maintenant lmprimer, ou mieux encore, faire apparaître cet argent électroniquement.

Qui a besoin de pétrole ? L'économie Keynésienne nous raconte que la croissance éternelle nous viendra au moyen de petits papiers ou de morceaux de plastique de couleur qui passeront de la main à la main toujours plus rapidement.

Les dirigeants de toutes les nations industrielles avancées croient pouvoir promettre une telle croissance à leur peuple, sous le prétexte qu'il y a toujours eu de la croissance, et que donc la croissance continuera dans le futur ; c'est comme çà, et on ne sort pas de là. On croit que l'argent a acquis une valeur inhérente toute particulière.

Les Grecs trichaient avec leurs comptes, et ils ont rejoint l'EU en acceptant la monnaie unique et la foi collective en la prospérité de la croissance par l'argent, quand le pétrole était encore à $25 le baril. Comme il était si bon marché, il n'était point besoin de se préoccuper d'avoir ses propres ressources énergétiques. Ils avaient une industrie de construction navale et une marine marchande de premier ordre (qui dépendait toujours du pétrole) et un secteur touristique (tout autant drogué aux hydrocarbures) en plein essor. A la fin des années 90, quand le pétrole est tombé à $18 le baril, ils ont emprunté $11 milliards pour brûler plus d'énergie et organiser les jeux olympiques de 2004. La richesse des Grecs reposait sur une quantité infinie de pétrole, et ils ont continué de croire en l'argent infini.

Quand le prix du pétrole a atteint des sommets, en 2008, la crise est devenue inévitable. La certitude que l'argent représentait la prospérité s'est trouvée démolie avec l'augmentation du prix du pétrole, et alors ils ont emprunté des millions pour se prouver ce n'était pas le cas. Toutes les raisons valaient mieux que la réalité : mais on ne peut gérer une économie pauvre en énergie si l'énergie devient très coûteuse.

Le premier groupe de politicards grecs a été élu parce qu'ils racontaient ce que les grecs voulaient entendre : la prospérité était à leur porte, si l'accessibilité à l'énergie nationale n'était qu'une question de choix politique. Alexis Tsipras a cru à cette illusion keynésienne et il s'est persuadé que l'argent emprunté mis en circulation permanente générerait la richesse et la 'croissance'. $11 milliards dépensés sur un stade olympique abandonné auraient dû servir d'avertissement. Mais cela n'a pas été le cas.

Plusieurs plans de sauvetage ont été acceptés ; les grecs peuvent revenir à leur soporifique mode de vie et les reporters trouveront d'autres grands titres. Mais le marteau de la réalité rode encore au-dessus de leur économie. Une autre année, et il frappera à nouveau, plus violemment.

Les Grecs ne sont pas à cours d'argent, ils sont à cours d'énergie.

A peu près comme les autres pays, à différents niveaux, la situation de l'Arabie saoudite est pire, en termes de banqueroute énergétique, mais ils ne s'en rendent pas encore compte.

Il y a un siècle, la Grèce comptait une population de quelque 5 millions, et elle venait à peine de se libérer du contrôle de l'Empire Ottoman. Après des guerres, des révolutions, de l'hyperinflation et de l'occupation étrangère, elle est restée pauvre, mais à peu près autosuffisante en tant que pays à ressources pastorales. En cent ans, sa population a doublé, surtout grâce à la récupération de terrains occupés par les Turcs au début du 20ième siècle. Au pire, la Grèce renoncera à honorer ses engagements et sortira de l'EU et de la monnaie européenne, et 11millions de Grecs devront subsister chichement suivant leurs propres moyens. Ils n'auront d'autre choix que de se débrouiller par eux-mêmes, en oubliant le luxe procuré jusqu'ici par une forte consommation de pétrole, en ne dépendant que de l'énergie produite chez eux. Éventuellement, leur banqueroute énergétique disparaîtra.

Il y a 100 ans, l'Arabie avait une population de 1,5 millions, et elle aussi était une province de l'Empire Ottoman. On ne la qualifiait pas encore de saoudite et les états du Golfe n'existaient pas. Son peuple était surtout nomade et il ne s'imaginait pas une identité nationale, ni même une civilisation au même niveau que la Grèce. Si théoriquement ils dépendaient des Turcs, en fait ils étaient défendus par leur désert résolument hostile. La vie était rude, mais comme les Grecs, ils s'en sortaient tous seuls.

Alors en 1938 on a trouvé du pétrole en Arabie Saoudite, et maintenant leur population dépasse les 30 millions. Il n'est pas besoin de rappeler ici les excès de ce pays. Nous savons tous que les saoudiens se sont servis de leur pétrole pour construire des cités difficilement soutenables dans le désert, là où il n'y en a jamais eu auparavant. Ils ont utilisé leur ressources pétrolifères pour pomper l'eau de leur nappes phréatiques et dé-saler la mer, pour une illusion de prospérité sans fin. Ils se procurent tous les produits de luxe imaginables et se font concurrence à coups de tours immenses et absurdes pour se prouver leur richesse et leur puissance. Ils construisent tant qu'ils peuvent, tant que leur permettent leurs bons de cadeau sur l'énergie, c'est-à-dire leur argent. Comme la vanité des Grecs avec leur spectacle olympique, les tours scintillantes de Riyadh, de La Mecque et de Jeddah sont considérées comme des gages de prospérité qui leurs fourniront des fonds, bien après que les puits se seront taris.

Quand les grecs ont découvert que le flot d'énergie qui les alimentait s'est interrompu, ils ont commencé à se désintégrer. Sans un accès constant à cette énergie, l'argent concrétisé en béton, en verre et en acier ne peut délivrer des richesses que si l'on ajoute toujours d'argent (d'énergie) pour résister à la force ultime de l'entropie. Mais si les tours saoudites peuvent bien avoir été construites pour durer un siècle, l'énergie-pétrole qui les soutient devrait tenir pour moins de 30 ans, à peine 20 ans selon certaines estimations. (Il a été suggéré que l'Arabie saoudite deviendra un importateur de pétrole vers 2030, même si, alors, le pétrole leur viendra de l'Iran ou d'ailleurs, on n'est pas très sûr). Alors, les tours commenceront à se désagréger avec leur économie dépendant du pétrole, incapable de soutenir leur vanité sans avenir. Mais ils ne pourront pas honorer leurs dettes et leurs créanciers ne seront pas des banquiers, mais leurs propres jeunes appauvris. Ceux-ci ne se contenteront pas d'une existence de gardiens de chèvres, qu'ils n'auront jamais expérimentée.

Comme les Grecs, ils demanderont que le mode de vie qu'ils ont connu jusque là continue comme avant. Ils essaieront d'emprunter de l'argent, avec le même résultat. Une banqueroute à l'échelle saoudienne fera apparaître la crise grecque comme un simple découvert bancaire. Car, contrairement à la Grèce, le désert est hostile à la vie humaine, à la densité démographique saoudienne d'aujourd'hui, qui demandera toujours à être alimentée en nourriture, en eau et en air conditionné pour survivre à la température de 50° en été.

11 millions de Grecs peuvent se nourrir avec leur terres. 30 ou 40 millions de Saoudiens vont bientôt réaliser la brutale réalité qu'ils ne le peuvent pas chez eux. Les Saoudiens ont couramment besoin de produire 10 millions de barils par jour, dont un tiers pour eux-mêmes pour leur luxe habituel. Ils se sont créés une existence artificielle entièrement dépendante du commerce du pétrole pour leur nourriture et ils devront se confronter à une véritable famine, car il n'y aura plus de surplus d'énergie alimentaire pour l'éviter une fois que le pétrole sera épuisé. Au taux actuel, leur population devrait atteindre 60 millions vers 2050 et d'ici là une fin soudaine et catastrophique de leur surplus pétrolier est inévitable. Cette aubaine d'un baril de pétrole sur trois cessera d'exister et ils épuiseront cette ressource qui leur permet de rester en vie. Des jeunes gens sans travail découvriront qu'un futur vide de tous les privilèges auxquels ils s'attendaient innocemment a disparu an-delà de tout contrôle et compréhension. Une fois les puits taris, la flotte US disparaîtra de Bahrein, et l'insatisfaction se transformera en émeutes. Dans peut-être 10 ou 15 ans, l'Arabie Saoudite ne sera plus une nation viable car elle n'aura plus sa propre source d'énergie pour éviter l'effondrement. Elle ne pourra plus acheter, mendier, emprunter, sans pétrole à exporter. Elle se trouvera dans la même situation que la Grèce aujourd'hui.

Depuis que la richesse s'est engagée avec l'or noir et que la population a explosé, les Saoudiens ont vu leur population croître fortement. 37% ont moins de 14 ans, 51% moins de 25 ans. Le taux de chômage des 16 à 29 ans atteindrait 29%, peut-être même plus. Les diplômés de l'université travailleront dans le secteur public, avec les Chiites étant plus favorisés que les sunnites plus nombreux. Les emplois qui demandent une plus grande expertise technique seront occupés par des étrangers. En pratique cela veut dire que tous les emplois et les indemnités de chômage proviennent des revenus du pétrole. C'est alors que commenceront les émeutes quand le flux d'hydrocarbure se tarira. L'état Saoudien a déjà versé des milliards pour calmer ces jeunes gens inemployables tout en laissant l'essence à 16 c. le litre, et donc subventionné.

Avec sa richesse pétrolière qui diminue, c'est une véritable bombe à retardement que les Saoudiens lancent, divisés qu'ils sont par les factions et les sectarismes, poussés à force de répression à un niveau médiéval et entourés de fanatiques religieux qui considèrent l'industrie des infidèles comme entretenue par une huile sacré qui appartient en vrai à la terre du prophète. Comparée à cela, la Grèce est une oasis de tranquillité.

Pour une autre perspective sur la crise de l'énergie/l'économie, il nous faut regarder la Chine.

Là-bas, l'énergie est transformée en un immobilier inutilisable sur une très grande échelle, concentrée dans la construction de cités où personne n'a besoin de vivre. Cités après cités continuent à être construites dans tout le pays, en créant une illusion de PNB, par lequel les dirigeants sont reconnus pour les taux d'infrastructures qu'ils ont produites. Un bâtiment sans personne à l'intérieur est considéré comme négligeable. 6 millions de personnes entrent le marché du travail chinois tout les ans. La construction crée de l'emploi. Le PNB, c'est tout ce qui compte, et les prévisions d'urbanisation doivent être atteintes.

L'emploi est la panacée pour arriver au bien-être. A ce propos, le gouvernement ne doit faiblir à aucun moment… Pour nous, une croissance stable est nécessaire pour soutenir l'emploi.. Le Premier Ministre Li Keqiang, Novembre 2013

Si un immeuble ou un centre commercial coûte $10 millions à construire, cela devient sa 'valeur' dans le bilan de la prospérité nationale. S'il reste vide pendant des années, cette 'valeur' est retenue quand même. En Chine, la motivation est différente de celle de l'Arabie saoudite ou de la Grèce, mais on y est tout autant déterminé à dépenser de l'argent sur des projets supposés fournir une prospérité commerciale infinie suivant la valeur imaginée du bâtiment lui-même.

Ils construisent ainsi des douzaines de citées pleinement opérationnelles en se basant sur la présomption que des ouvriers vont éventuellement les habiter. Mais, bien sûr, ces ouvriers ont autant besoin de se nourrir que d'un emploi permanent, ce qui ne sera pas toujours le cas. Et donc les villes fantômes n'auront pas les moyens de subsister. Les villes sont faites pour y habiter et la campagne est là où la nourriture est supposée être produite.

Mais tout les deux ont besoin de beaucoup de pétrole pour continuer à fonctionner. Au taux actuel de croissance d'environ 8% par an, en 2035 la Chine consommera (en théorie) la même quantité de pétrole que le monde utilise en ce moment. Cela sera impossible, parce que la Chine aura les mêmes besoins que l'Arabie saoudite dans 20 ans, peut-être moins, quelque soit la quantité qu'elle achète, ou met de côté. Le désir des Chinois d'obtenir du pétrole deviendra dramatique, au moment où les exportations saoudiennes cesseront d'exister. Comme l'offre se rétrécira, les conflits iront en croissant, en limitant ainsi la production jusqu'à ce qu'elle s'épuise complètement. Mais les 'villes fantômes' chinoises, comme les tours saoudiennes, sont destinées à durer un siècle.

Les comptes ne cadrent pas ; les chiffres font bien trop peur. La Chine dépend d'une production trop croissante pour générer de nouveaux emplois. Cela conduit à un niveau de pollution suicidaire et à une consommation insatiable de ressources parce que la croissance doit toujours avoir la priorité sur l'environnement. La croissance sans pétrole est impossible parce que si les villes fantômes de Chine ont une valeur, d'après les statistiques gouvernementales, elles ne produisent vraiment rien ; et tant que cela durera, elles ne produiront rien. Même si quelques ouvriers arrivent à habiter ces villes fantômes, sans pétrole ils ne pourront les garder en état de fonctionner. D'après l'inflexible deuxième loi de la thermodynamique, sans l'introduction constante d'énergie, l'entropie l'emportera et les bâtiments commenceront à se détériorer dès qu'ils auront été achevés.

Detroit a pris un autre chemin pour arriver à la banqueroute.

Les ruines de l'usine de construction automobile Packard abandonnée (Septembre 4, 2013 à Detroit, Michigan) servent aujourd'hui de toile de fond à des artistes du graffiti. 78,000 bâtiments désertés hantent désormais les 360 km² de la ville de Detroit.

Quelque soient les causes de la déréliction de Detroit, et on dit qu'il y en a beaucoup, Le déclin de l'énergie semble en être la principale. Ses habitants ont déménagé et ont cessé d'y dépenser l'argent qui aurait pu leur permettre de rester une entité viable. Les fabriques d'automobile ont fermé, et alors il n'y avait plus besoin de personne, le manque d'habitants a vidé la ville de son énergie collective et la ville s'est désintégrée. Le résultat est inéluctable : on enlève l'énergie, et l'illusion disparaît et s'effondre toujours plus rapidement.

Detroit est un microcosme de la faillite des USA : une nation de 330 millions construite sur le système capitaliste qui a besoin d'une expansion infinie empruntée à un futur insoutenable.

Elle répond à un scénario un peu différent de l'Arabie saoudite et de la Chine. Toujours plus d'eau est extraite de ses réserves toujours plus appauvries et ce qui lui reste d'hydrocarbures est transformé en engrais pour produire de la nourriture à des villes installées dans des déserts hostiles. Les produits de Detroit et du carburant bon marché ont permis à un étalement tentaculaire et à un système de traitement des eaux usées de se développer à 80 kms autour de la ville et d'altérer le climat suivant leur bon vouloir. Le déclin du pétrole rendra les faubourgs hostiles à la vie moderne telle que nous la connaissons ; l'environnement local peut bien avoir l'air différent mais les effets sur l'existence humaine sont les mêmes qu'en Arabie ou en Chine.

L'Arabie saoudite, la Chine et l'Amérique sont des exemples de l'avenir qui nous attend. Chacune de ces nations se promet un avenir prospère d'une façon plus effrénée, en ne se donnant pas les moyens de survivre.

L'importance du pétrole dans les économies nationales ne sauve pas l'humanité des lois de la physique. Les attractions de la civilisation n'ont pas modifié les règles fondamentales de l'existence : que vous soyez puissant ou misérable, si vous ne produisez pas personnellement vos propres aliments de la terre, il vous faudra dépendre de quelqu'un d'autre, même très indirectement, par agent interposé, en convertissant la lumière du soleil pour votre compte. Non seulement : il vous faudra commercer à un prix raisonnable dans un environnement stable. C'est juste cela, la civilisation. Sans cela, ce sera la famine pour beaucoup et ceux qui auront assez de résilience personnelle n'auront d'autre choix que la situation de chasseur-cueilleur ou de prédateur, parce que ce que nous appelons civilisation est aussi fragile que le pétrole qui nous sert de fondement. Pour les millions de SDF qui hantent les rues de nos cités 'civilisées', nous arrivons au bout. Il y a pour eux peu d'espoir de retrouver la prospérité avec un bon emploi, un foyer chaud, et la sécurité.

L'Histoire nous montre qu'un environnement radicalement déstabilisé apporte la guerre, la famine, les maladies et la mort. Un seul de ces quatre fléaux peut exacerber les trois autres.

Notre civilisation devient toujours plus instable et désormais les quatre cavaliers deviennent impatients.

Dans un siècle, où faudrait-il mieux vivre, aux États-Unis, en Chine, en Arabie saoudite… ou en Grèce ?

 

tiré de : http://collapseofindustrialcivilization.com/

Auteur : Norman Pagett (extrait de « The End of More ») traduit par Borogove


Ecrit par libertad, à 23:27 dans la rubrique "Pour comprendre".



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