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Le Monde libertaire :
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« Récupérons l’Athénée encyclopédique populaire », c’est le nom de la campagne lancée par Manel Aisa Pámpols
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et ses camarades, bien décidés à obtenir enfin un local répondant aux
besoins d’une structure permettant d’archiver une nombreuse
documentation ouvrière et d’organiser conférences, débats et spectacles
pour préserver et divulguer la mémoire sociale de Barcelone. La campagne
a été lancée sous le double slogan de « Papel Quemado » (papier brûlé)
faisant référence au saccage des locaux de l’AEP par les troupes
franquistes et à la période 1939-1977, et « Papel Mojado » (papier
mouillé, expression équivalente à « lettre morte ») pour les années
1977-2014.
L’histoire de l’Ateneu enciclopédic popular (AEP) a déjà fait l’objet d’un article de Manel Aisa Pámpols, traduit dans
Le Monde libertaire 2.
Rappelons simplement que l’AEP de Barcelone fut fondé en 1902 par des
ouvriers et des intellectuels, passionnés de littérature, assoiffés de
culture et ayant des visées pédagogiques et revendicatives envers la
société en place. La déclaration de principe était la suivante : « Le
premier but de l’Athénée encyclopédique populaire est l’instruction de
ceux qui, travaillant de leurs mains, en sont le plus privé, et ensuite
la transformation en une véritable université populaire. » Son objectif
était donc clairement de conscientiser la classe ouvrière en ouvrant des
bibliothèques et athénées populaires avec l’aide d’étudiants et
d’artistes qui croyaient en l’instruction du peuple. C’est ainsi qu’on
développa un large éventail d’activités : il y avait des sections
littérature, beaux-arts, sciences naturelles, économie…
On y
dispensait des cours du soir (grammaire, calcul, comptabilité, dessin
industriel, solfège, piano…). Les activités sportives n’étaient pas
délaissées : athlétisme, natation, lutte gréco-romaine, boxe (l’AEP fut
le premier siège de la Fédération espagnole de boxe). Également des
cours de gymnastique à destination des femmes afin d’en préserver « la
santé, la jeunesse et la beauté », sans oublier la pratique pour tous du
naturisme et du nudisme avec le groupe des Amics del Sol (Amis du
soleil), organisateurs de randonnées… Jusqu’aux années 1930, l’AEP eut
un rôle prépondérant dans les luttes urbaines. Son siège abritait
groupes clandestins et syndicats (CNT). L’AEP regroupait ainsi ce qu’on
pouvait qualifier de « gauche démocratique et laïque », ce qui allait de
l’anarchisme au catalanisme et au républicanisme. Son fonctionnement
était uniquement financé par les cotisations de ses adhérents. À noter à
ce sujet que, dans les années 1920 et 1930, il compta jusqu’à 25 000
membres (pour celles et ceux qui aiment les comparaisons, à la même
époque le Football Club de Barcelone, le fameux Barça, n’avait que
3 000 supporteurs !).
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