L'En Dehors

Notre monde est fait de petites misères. Tout va pour le mieux et l'instant qui suit vous amène son lot de contrariétés. Vous tirez les leçons du passé et pourtant les malheurs ne cessent de se répéter.

Les adhérents d'Attac ne vous diront pas le contraire. Ça chauffe par chez eux alors que tout allait si bien. On y parle de compromis pour éviter le pire. Sur leur forum de discussion, on se traite de bureaucrates ou de liquidateurs. La direction mise en minorité propose d'élire une nouvelle direction du mouvement par un vote direct des adhérents. Levée de boucliers! Cette crise au sein d'Attac intervient après la victoire du non au référendum où il s'était particulièrement investi. Loin de nous gargariser, nous constatons une fois encore combien, après le 29 mai, nous étions loin du massif mouvement social qui nous était promis. Si, séisme il y a eu, c'est au sein des appareils politiques, syndicaux et associatifs. Seront-ils à même de préserver leurs intérêts propres en vue des prochains horizons électoraux ou leurs militants continueront-ils à prendre, en main leurs aspirations pour les

mener vers des victoires qu'ils ne devront qu'à eux-mêmes? Là est l'enjeu si nous avons le désir de changer ce monde radicalement.

Nous en sommes loin si l'on écoute les atermoiements des collectivités locales en Isère. Elles ne- se . remettent pas de l'annonce de Hewlett-Packard concernant son plan de suppression de 1240 emplois en France. Elles sont en effet particulièrement concernées après avoir offert purement et simplement au groupe plus de 1,8 millions d'euros pour qu'il s'installe dans leurs localités. Pour seule réaction: « U décence commande qu'ils nous remboursent les aides que nous leur avons consenties. » Mais de quelle décence nous parle-t-on? S'il s'agit de celle du capitalisme, i1 y à erreur de casting. Voilà des élus qui misent gros au poker et qui pleurnichent le lendemain pour avoir voulu jouer dans la cour des grands. Voilà qu'ils vaudraient aujourd'hui un capitalisme à visage un peu plus humain, qu'ils voudraient inventer des règles de bonne conduite. La décence voudrait qu'ils démissionnent pour mauvaise gestion de l'argent du contribuable et envisagent leur vision du monde sous un autre angle, celui des 1240 qui se demandent de quoi sera fait leur avenir.

Le monde et ses petites contrariétés... Tout laisse croire qu'il n'est pas prêt de s'arrêter de tourner, laissant de côté ceux qui ne vont pas assez vite. À force de piétiner chaque mètre carré de la planète, s'apercevra-t-il un jour qu'il laboure un champ de cadavres ? Oui, pour peu que les bonnes questions soient posées.

Sommaire :

Faucheuses et faucheurs devant les tribunaux, par Daniel du groupe du Gard-Vaucluse, page 4
L'autruche est vigilante en ce début, d'automne, par Frédo, page 5
Philippe Boubet et la justice, par jipé, page 5
Vive la France terre d'accueil ?, par Justhom, page 6
Brèves de combat, l'actualité en concentré, page 7
La Louisiane dans la décomposition avancée des États-Unis, par Harry Black, Page 8
En Allemagne le nazisme est encore là, par Olynx, page 9
Argentine, richesse, pauvreté et pétrole, par Eva Troxler, page 11
Zone d'attente et immigration, interview de René Schérer, page 12
Pierre-Joseph Proudhon, la dialectique sérielle, par Jacques Langlois, page 14
62e Mostra de Venise, sensations et sentiments, par Heike Hurst, page 17
Alors, l'anarchisme ?, par Nestor Potkine, page 21
Merlieux, demandez le programme !, page 23
Agenda page 23

Le Monde libertaire #1408 du 22 au 28 septembre 2005