Quotidien anarchiste individualiste
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DU PARTAGE DES FRUITS DU TRAVAIL
Vu sur Cinquième Zone :
Depuis quelques semaines on nous explique que la SNCM, société publique de transport maritime, doit être privatisée car elle n’est pas rentable.
La privatisation doit permettre en
premier lieu de liquider le statut actuel des marins pour abaisser les
coûts de fonctionnement.
La preuve nous en est donnée par
un ancien patron de la SNCM qui déclarait fin septembre sur la
radio BFM (la radio du business) : « Après des
dizaines d’années de grèves qui ont eu pour
résultat de procurer aux marins des avantages sociaux
exorbitants, comment voulez-vous aujourd’hui faire face à la
concurrence ? ».
Les serfs avaient aussi un avantage
social exorbitant comparé au sort des esclaves.
Examinons de plus près toutes les
implications de cette réflexion.
L’existence, ou plutôt la survie,
d’une entreprise privée est le résultat d’un
équilibre difficile entre trois acteurs qui s’ignorent et aux
intérêts antagonistes. Il y a les actionnaires qui veulent
un maximum de profit, les clients qui veulent payer un prix minimum et
les salariés qui ont besoin d’un minimum de salaire et de
conditions de travail. Si le profit diminue, les actionnaires, qui
souvent ne savent même pas où leur argent est
placé, retirent leur mise et investissent ailleurs. Si les prix
sont trop élevés, les clients, sans se soucier de savoir
si ce prix est le résultat d’un meilleur régime pour les
salariés, changent de fournisseur. Actionnaires et clients sont
les deux pôles qui déterminent la vie d’une entreprise.
Pour l’entreprise les salariés ne
sont qu’une charge. Moins ils sont nombreux, plus leurs horaires sont
étendus, plus leurs salaires sont bas et moins ils
coûtent : cela permet à la fois de baisser un peu les
prix pour attirer les clients et d’augmenter au maximum les
bénéfices.
C’est une logique implacable et sans
limites.
Quand un patron tire les prix vers le bas
en réduisant ses coûts salariaux, son concurrent est
rapidement obligé de suivre dès que ce niveau s’abaisse
sous son seuil de rentabilité.
Ensuite c’est le chantage à la
faillite, au chômage et à la délocalisation.
Depuis 30 ans, nous vivons cette descente
qui consiste à dégrader les conditions de travail sous
prétexte de modernisation et de concurrence.
Cela parce que seuls les patrons font
entendre leur logique. C’est pourtant un patron de la SNCM qui nous
suggère la bonne réponse : les marins ont pu,
grâce à des grèves innombrables maintenir leurs
conditions de vie malgré l’ambiance générale
à la précarisation.
Cette logique, tous les salariés
devraient la suivre. En effet, il existe toujours une marge de profit
qu’un patron peut utiliser sans mettre en péril sa
société.
La spirale des hausses de salaire et des
baisses du temps de travail doit s’amorcer pour que le privé
s’aligne enfin sur le public et non l’inverse.
Il ne faut jamais relâcher la
pression car le capitalisme enchaîne détériorations
des conditions de travail et plans sociaux sans la moindre pause. Il
doit y avoir une spirale incessante de la hausse et non une spirale
sans fin de la baisse.
Chaque victoire doit s’étendre
dans toutes les branches d’activité.
Les prix monteront ? Certes, mais
beaucoup moins que la hausse des salaires, car les salaires ne sont
qu’une fraction du coût des marchandises. Les seuls qui
pâtiront de la situation sont ceux qui vivent des rentes des
capitaux industriels, financiers ou immobiliers. Mais leur
problème n’est pas le nôtre.