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L'En Dehors


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Du bon usage de la caricature
Dessiner Mahomet en terroriste, est-ce un blasphème ou bien une provocation délibérée ? C’est une question qu’on peut se poser. Le blasphème est une atteinte irrespectueuse et bien souvent d’autant plus volontaire qu’il est chargé de sens. Il n’exclu pas la provocation, bien sûr. Mais que voit-on dans ces dessins ? L’irrespect, c’est certain, et ce n’est pas forcément immérité. Les terroristes musulmans respectent-ils les mécréants ? Pourtant, chacun sait que Mahomet est le prophète de tous les musulmans et que tous ne sont pas terroristes. Mais ne soyons pas naïfs : il y a d’autres questions importantes à se poser à propos des « caricatures ». Pour qui roule le dessinateur ? Le camp du bien contre le camp du mal ? Comment pouvait-on publier de tels dessins et ignorer les conséquences que cela allait engendrer à l’époque du village planétaire ? Pourquoi alors s’en prendre aux intégristes musulmans et pas aux autres religions, qui ont elles aussi leurs fous furieux ?


La provocation intervient dans un contexte où les conservateurs américains parlent de « guerre de civilisation ». Lorsque ce concept à été créé il y a quelques années, par Samuel Huntington, cela semblait plus être un fantasme qu'une réalité. Mais il n'est pas impossible qu'un certain nombre d'événements en fasse une réalité. Et ce genre de dessin (par ailleurs assez médiocre quant au graphisme) participe objectivement à envenimer une situation conflictuelle. Ensuite, comme toujours, la violence appelle la violence : à celle des dessins répond celle cailloux dans les vitres, incendies de drapeaux, voire de bâtiments. Le lavage de cerveau à la lessive coranique a visiblement empêché certains d’imaginer que tout un pays voire tout un continent n’est pas forcément l’auteur des dessins incriminés. Dans le même temps, il faut reconnaître que l’amalgame prophète=terroriste ne les a pas tant choqués que le fait que le « prophète » soit représenté... De fait, le concept de guerre de civilisation convient assez bien à l’état d’esprit des islamistes radicaux, d’ailleurs certains parlent de djihad anti-croisés.
Le contexte, c'est aussi les changements politiques en Palestine avec l’élection du Hamas, parti politique musulman, en Iran avec un nouveau président disciple de fanatiques religieux, en Egypte avec la poussée des Frères musulmans aux élections législatives... Ne soyons pas naïfs. On sait aussi que le gendarme du monde ne fait pas dans la nuance en Irak…Ne faudra-t-il pas un jour aller les bombarder pour leur imposer la démocratie ? On voit bien que l'affaire est déjà engagée...

Le blasphème est une liberté, le blasphème est émancipateur !

Il y a la proposition, opportune, comme il se doit, de Tarik Ramadan dans Libération (1). Le respect des uns envers les autres devrait tout résoudre. L’ennui avec Ramadan, c’est que, comme dirait Coluche, il n’a pas un échantillon sur lui. Sa position vis à vis des femmes et des homosexuels est tout sauf respectueuse. Par ailleurs, la prompte réaction des catholiques, des juifs et des protestants montre bien, comme souvent, qu’un ennemi commun peut rassembler des ennemis.
Pourquoi se laisser impressionner par des obscurantistes ? Qu’ils soient extrémistes ou non, on le voit bien, les religions sont solidaires contre les attaques dont l’une d’entre elles est victimes. Au non de quoi ? Parce que des textes qu’ils considèrent comme sacrés interdisent leur propre contradiction. Nous considérons précisément que cet interdit constitue non seulement un problème en soi mais une posture de diktat. Il faudrait croire ou bien se taire. Non, nous ne croyons pas, et nous avons le droit de faire ce que bon nous semble pour divulguer notre non croyance, et l’illusion philosophique que constituent les doctrines religieuses. Evidemment, c’est une remise en cause douloureuse à entendre pour des croyants. Mais est-il moins douloureux d’être censuré ?
Il y a toujours opposition entre les partisans de Voltaire (« Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ») et ceux de Saint-Just (« Pas de liberté pour les ennemis de la liberté »). Adopter cette sentence de Saint-Just ne signifie pas adhérer à tout ce qu’il a pu dire ou faire. Il n’y a pas si longtemps, en France, l’Eglise a réussi à faire interdire une affiche publicitaire qui n’était pas particulièrement blasphématoire, un plagiat de la Cène, dont personne même ne devrait pouvoir revendiquer les droits d’auteurs à la place de Léonard de Vinci. A l’occasion de cet incident des caricatures, les partisans de la guerre ont pris date. Le prochain incident sera un signe d’escalade. Cela ne signifie pas pour nous qu’il faille renoncer à mettre les religions à leurs places. Au contraire, l’actualité nous impose le devoir de combattre les obscurantistes. Et justement, il faut le faire sans discrimination, ne pas s’acharner sur un seul et n’en omettre aucun : ce sera le moyen le plus sûr, non seulement de ne pas jouer un camp contre un autre, mais de les renvoyer dos à dos. Les religions sont ennemies des libertés : soyons antireligieux, et blasphémons tous azimuts !

Le Furet

(1) Libération du 8 février 2006.
Ecrit par libertad, à 15:42 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  magicserge
11-02-06
à 19:39

Caricature de Mahomet
J'aimerais donner mon avis sur le scandale provoqué par le dessin représentant Mahomet avec une bombe dans le cerveau. C'est ce dessin parmi tous les autres qui offense le plus les musulmans et plus généralement l'ensemble des croyants. En effet, on a pu entendre dans diverses émissions le soutien que les deux autres religions monothéistes apportaient à l'islam en affirmant que le sacré se plaçait au dessus de tout.
Que signifie pour moi ce dessin caricatural. En fait, quelle est la mission des religions si ce n'est de dynamiter les cerveaux. Pour reconstruire les cerveaux, faisons de nous des individualités fortes à l'écart de toute orthodoxie sociale et religieuse.
Dénonçons l'humanisme conformiste. 
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