Lu sur
Alexandre Jacob, l'honnête cambrioleur : "Jean-Lucien Sanchez travaille sur l’histoire pénale et coloniale de la Troisième République. Avec
A perpétuité, sorti en 2013 chez
Vendémiaire,
il vous invite à un voyage de 384 pages dont on ne revient pas
forcément indemne. Vous rencontrerez les quelques 17000 incorrigibles de
la petite délinquance que la loi du 27 mai 1885 promettait à une
disparition rapide et certaine sous le sunlight des tropiques de la
France ultramarine. Vous côtoierez le bas-fond des bas-fonds, le monde
des pieds-de-biche. Vous sentirez sur vous l’odeur des corps anémiés et
meurtris par la faim, la chaleur, les maladies, les coups, le travail
forcé. Vous sentirez, vous approcherez, vous toucherez, vous verrez
cette œuvre d’exclusion et de mort légale que fut la relégation.
« C’était l’oubliette de la République, le réceptacle de toutes les
misères sociales, le résidu des ‘hommes tarés’ » écrit Dominique Kalifa
dans son compte-rendu pour le journal
Libération en date du 06
février 2013. On peut y rajouter aussi les femmes, même si elles ne
furent que 509 entre 1887 et 1905 à échouer dans la colonie
pénitentiaire. Point de voyeurisme pourtant dans cette étude au style
simple, limpide, clair, mais une histoire sombre et oubliée qui, à n’en
pas douter, fera date dans la connaissance des bagnes de Guyane. Car la
relégue n’avait jamais été à ce point aussi bien révélée. L’auteur
raconte des vies perdues comme celles d’Henry Marty et de Philippe
Martinez dont les souvenirs qu’il a préfacés ont paru aux éditions
Albache
en 2011. C’est peu dire que nous vous conseillons fortement la lecture
de ces deux livres de Jean-Lucien Sanchez qui a bien voulu répondre ici à
quelques-unes de nos questions.
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