Lu sur
le blog flegmatique d'Anne Archet : "Je m’excuse à l’avance auprès de tous ceux qui n’entendent rien aux débats byzantins au sujet de doctrines politiques assommantes et marginales, car je m’apprête à disserter interminablement au sujet du libertarianisme. Si vous pensez qu’il s’agit d’un mouvement réclamant la liberté pour Ariane Moffatt ou si les pinaillages idéologiques et le coupage de cheveux en quatre vous rebutent, je vous conseille fortement d’aller faire quelque chose de plus utile que de lire cet article. Allez boire un bon café, c’est ma tournée.
L'effet des thèses libertariennes sur l'individu moyen.
Si vous êtes encore là, c’est qu’il y a fort à parier que vous êtes vous-même un libertarien, que vous allez lire ce truc indigeste jusqu’au bout et que vous n’allez pas être content du tout du tout du tout. Je sens déjà que cette note va se remplir de commentaires désobligeants, car de tous les idéologues, les libertariens sont ceux qui gonflent l’audimat de ce blogue — que voulez-vous, je suis d’une habilité redoutable quand vient le temps d’être désagréable et de faire fuir la clientèle.
Par libertarianisme, j’entends cette sous-catégorie du libéralisme particulièrement populaire aux États-Unis qui conteste la puissance de l’État et vise la réduction de ses pouvoirs — voire son abolition pure et simple, dans le cas des variantes les plus radicales de cette idéologie. Ce qui distingue les libertariens des anarchistes est leur attachement à la propriété privée et leur conviction que le marché est non seulement l’institution qui permet une distribution optimale de la richesse, mais aussi le moyen le plus juste et le plus équitable de réguler la société. Les libertariens poussent la logique libérale jusqu’à ses dernières conclusions logiques : ils sont partisans d’un laissez-faire absolu, laissant agir librement les producteurs et les consommateurs selon la loi de l’offre et de la demande. Individualistes, ils croient en l’existence de droits humains inaliénables qui découlent de celui de la propriété. Ainsi, les individus ont le droit de disposer de leur corps comme ils l’entendent dans la mesure où ils ne nuisent pas aux droits des autres.
Mais surtout, les libertariens n’aiment pas l’État qui pour eux est la source de tous les maux. Si le capitalisme connaît des ratés, si le niveau de richesse ne progresse pas comme il le devrait, s’il y a des guerres et de la violence, c’est à cause de l’autoritarisme de l’État, de son inefficacité bureaucratique, de ses tendances monopolistiques et violentes. À l’État, le libertarien oppose le marché — non pas le marché réel, distordu par l’interventionnisme étatique qui favorise la grande entreprise, ni le marché historique, celui qui s’est développé et a pris de l’ampleur avec le développement du capitalisme —, mais un marché théorique à instaurer et qu’il pare de toutes les vertus, dont la principale est d’assurer la liberté pour tous les individus.
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à 07:55