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Denis Gautier-Sauvagnac voulait «fluidifier les relations sociales»
Lu sur Actu chômage : "Toujours soutenu par le Medef malgré les lourds soupçons qui pèsent sur lui, c'est tout sourire que «DGS» continue de participer aux discussions avec les syndicats de salariés sur la "modernisation" du marché du travail, chère à Nicolas Sarkozy...
Vendredi,
comme une fleur, cet homme très distingué était donc présent à la
réunion des partenaires sociaux qui abordait le thème de
l'indemnisation du chômage, afin de défendre des propositions patronales
consistant à faire prendre en charge par l'impôt et la solidarité
nationale une «indemnisation de base» pour «l'ensemble» des chômeurs,
assorti d'un complément des Assedic pour ceux qui y auront droit
(régime assurantiel complémentaire payé par des cotisations).
On sait que, quand ça l'arrange, le patronat veut "plus d'Etat" ou
"moins d'Etat" selon qu'il s'agit d'assumer ses responsabilités sur ses
choix économiques. Ainsi, pour être chaque année charitablement
assistées de quelque 60 milliards d'euros d'aides publiques diverses et variées - soit l'équivalent du déficit budgétaire de la France
-, les entreprises sont toujours solidaires. Mais pour participer au
coût de la destruction et de la précarisation des emplois, qui sont
pourtant de leur fait et ruinent notre protection sociale (Sécu,
chômage, retraite…) ainsi que le budget des collectivités, tout
"interventionnisme" de l'Etat est forcément à proscrire !
20 millions de fluidités…
Finalement, la brigade financière va de découverte en découverte et estime aujourd'hui à 24 millions d'euros
- au lieu de 5,64 - le montant total des retraits suspects en espèces
effectués sur les ordres du président de l'IUMM (Union des industries
et métiers de la métallurgie), également négociateur en chef du Medef
et vice-président de l'Unedic (assurance-chômage), rien que ça.
Bien sûr, Denis Gautier-Sauvagnac refuse toujours de se prononcer
publiquement sur l'affaire. Pour justifier ces retraits qu'il ne nie
pas, dans la première phase de l'enquête il avait d'abord évoqué les
«œuvres sociales» de l'UIMM, censées aider des salariés et retraités
"nécessiteux"... Puis il a déclaré ensuite à la police avoir utilisé
ces liquidités pour «fluidifier les relations sociales», sans autre
précision. Fluidifier… liquidités… volontairement ou pas, «DGS» a fait
là un savoureux jeu de mots ! Car c'est bien avec du cash - ni vu ni
connu - qu'on achète - par exemple - des accords, et l'expression
"fluidifier les relations sociales" pourrait se traduire par "verser
des pots de vin".
Ça tombe mal !
L'enrichissement personnel est une piste jugée a priori
peu probable pour ce personnage aux revenus très confortables (et dont
le rôle consiste à réduire ceux des salariés et des chômeurs). Mais la
piste du financement politique occulte ou de la corruption demeure
sérieuse.
Le Medef, qui rassemble demain son conseil exécutif, est fort
embarrassé : tout ça, c'est très mauvais pour le rapport de force à
instituer dans les négociations à venir ! Très mauvais aussi pour l'ami
des riches patrons, Nicolas Sarkozy : lui qui pensait instrumentaliser
la victoire du XV de France pour mieux faire passer son tsunami de
réformes anti-sociales, il doit grincer des dents avec cette nouvelle
déconvenue qui, conjuguée à l'affaire EADS, éclabousse ses projets.
Quelle légitimité pour «DGS» ?
Souvenons-nous qu'en 1999 Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de
l'Economie et des Finances, était suspecté par la justice dans
l'affaire de la MNEF. Il avait choisi de présenter sa démission
avec beaucoup d'honneur et de courage. Menacé d'être mis en examen pour
faux et usage de faux, «DSK» décidait de se retirer afin de prouver sa
bonne foi et, surtout, ne pas entacher son gouvernement ni son parti.
Comme on le sait, il a été relaxé.
Si «DGS» n'a rien à se reprocher, s'il devait faire preuve d'une réelle
noblesse, il agirait de même. Mais en guise d'honneur, ce qui
caractérise les comportements mafieux, c'est l'omerta, confirmée ici
par le silence dont on nous abreuve (y compris notre lider maximo
qui, pourtant, a toujours une déclaration à faire sur TF1). Et puis il
y a la «présomption d'innocence», si chère à Laurence Parisot.
Cependant, la présidente du Medef oublie que cette notion bienveillante
a été instituée par un gouvernement socialiste (Loi Guigou du 15 juin 2000).
De plus elle s'imagine que ce principe n'est valable que pour les
membres de sa caste, tandis qu'au quotidien les chômeurs et les pauvres
- que ses pairs ont mis sur la paille pour mieux s'enrichir - sont,
sans hésitation, tous coupables et responsables !
Qui est mouillé, qui ne l'est pas ?
Qui, dans la mesure où ils n'ont pas bénéficié des "fluidités
relationnelles" de l'UIMM, osera demander la suspension de son
président lors des prochaines réunions de travail entre syndicats et
patronat, le temps que lumière soit faite ? Car, pour l'instant, la
tiédeur des réactions face à ce scandale est incompréhensible : on
s'attendait au moins à ce que les représentants des syndicats de
salariés quittent la table et refusent de traiter plus avant avec
«DGS», tout en exigeant son remplacement rapide (car nul n'est
irremplaçable, nous dit-on partout ailleurs). Mais non : personne ne
moufte. Honneur ? Présomption d'innocence ? Avec cette histoire qui
suinte la corruption dans ces hauts lieux où l'on décide du sort des
travailleurs et des privés d'emploi, il est à parier que nous ne sommes
pas au bout de nos surprises.
=> DERNIÈRE MINUTE => Afin de limiter l'important
discrédit jeté sur le Medef par cette affaire, «DGS» renoncerait à son
mandat de négociateur en chef de l'organisation patronale et se
retirerait des discussions avec les syndicats sur la réforme du marché
du travail.