De l’abolition du Travail... à comment devenir collectivement autonome !
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Decroissance.info : A l’heure où le capitalisme impose aux salariés (qui n’est pas aujourd’hui le salarié de quelqu’un ?) le travail à n’importe quelles conditions (passage du salariat au « précariat »), comment faire émerger les retrouvailles du mouvement ouvrier avec la critique du Travail ? Le contrat première embauche (CPE) a été l’occasion d’une prise de conscience lors du mouvement social de février-mars 2006, de l’ampleur et de la gravité de la question de la précarité. Plusieurs voix se sont également élevées afin que le refus du CPE ne devienne pas l’acceptation du CDI. Le « précariat » (une précarité permanente, forme contractuelle du travail à l’heure du libre-échange) n’est finalement que l’aboutissement même de la logique du salariat dont le critère juridique est la subordination [
1].
Dans les luttes sociales contre la précarisation des contrats de
travail, on a eu souvent tendance à se la représenter comme une
situation atypique, plus ou moins marginale par rapport au marché
régulier du travail, et le plus souvent provisoire. En refusant
(légitimement cela va s’en dire) le « précariat », on ne peut se
contenter (en creux) de défendre en l’état le statut de l’emploi né du
compromis social qui s’était constitué sous le capitalisme industriel.
Finalement comme si le salariat classique (et les acquis sociaux qui
ont été gagnés au fil des luttes syndicales) était préférable à la
précarité permanente. La défense des acquis sociaux liés à la forme du
salariat classique (garanties du droit social et de la protection
sociale) et les luttes contre le « précariat » qu’elle met en œuvre,
présuppose trop souvent qu’il faudrait absolument travailler (et
toujours plus ; ou toujours moins, mais dans toujours les mêmes
catégories de base) et surtout à n’importe quelles conditions. La
responsabilité, la servitude volontaire [
2]
et la sensibilité morale de celui qui décide de vendre sa force de
travail sont toujours des questions qui brillent dans les discours
syndicaux, par leur totale absence. La finalité de tous les cortèges
carnavalesques des syndicats, n’est jamais d’exiger le « minimum de la
vie » mais le fameux « minimum vital » qui n’est que l’idéologie
développementiste des « niveaux de vie » en tant que « réduction de la
vie à une question de calories » [
3].
Quand quelques misérables « postes de travail » sont en jeu,
l’esclavage de la servitude volontaire est toujours préféré à la
liberté de la vie et à son autonomie. Le mot selon lequel il vaut mieux
avoir « n’importe quel » travail plutôt que pas de travail du tout, est
devenu la profession de foi exigée de tous dans la société travailliste.
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