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L'En Dehors


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CPE – Les stratégies policières de « maintien du désordre »
Lu sur Samizdat : "Vous trouverez ci-dessous le témoignage d’un étudiant de Paris 1, et dont il serait dommage qu’il ne soit pas rajouté au dossier. Un témoignage de plus pour montrer que les interpellations ont pour l’essentiel frappé des étudiants qui n’avaient rien fait de condamnable (même pas au regard de la loi !)…

J’ai fait partie du SO du cortège Paris/Tolbiac, en tête de manif. Les choses se sont bien passées, et le cordon a permis d’éviter les affrontements avec les bandes de jeunes sauvages venues pour se servir en portables comme dans un supermarché.

Arrivés aux Invalides, nous avons pris la décision de partir très rapidement, étant donnée la tournure que prennaient les évènements sur l’esplanade. Auparavant, nous avons pris le soin de faire passer à tous le mot de rester en groupes de 10 jusqu’au métro. Quiconque se trouvait sur les lieux comprendra cette précaution. Il était alors 17h environ.

Nous sommes donc partis, et avec quelques amis, nous avons été prendre un verre, à 1O min de marche du « champ de bataille. »

Vers 18h-18h30, me trouvant avec deux amis, nous avons décidé de traverser et de longer la Seine afin de rejoindre Chatelet et les liges de metro/RER. Or, les ponts étant bloqués, nous avons du avancer encore et encore sans pouvoir taverser. Nous nous sommes donc rapproché du bout de l’esplande jouxtant la Seine.

Il se trouvait alors un pont sur lequel nous pouvions passer, après contrôle policier.

Mais juste à côté, nous avons aperçus des flics qui finissaient de vider l’Esplanade et qui ont encerclé au bord de la Seine un groupe d’environ 250 personnes. Observant cela à distance, nous avons constaté qu’ils procédaient à des arrestations ciblées de « casseurs. » Des flics en civil se trouvant là nous ont précisé qu’il s’agissait de personnes repérées par les caméras, et qui tentaient de se meler parmi ce groupe de « manifestants » (par oppsition aux « casseurs »). Une fois ces quelques personnes arrétées, les flics ont ouvert une brêche afin de laisser partir ces derniers. Ce groupe, au sein duquel se trouvaient de nombreux journalistes s’est donc éloigné doucement des flics, vers notre direction. J’ai alors reconnu certains amis, dont j’atteste de leur pacifisme. Alors que nous envisagieons donc de nous barrer (je devais aller manger le gateau d’anniversaire de ma mère !) brusquement les flics nous ont de nouveau encerclé. Je me suis donc retrouvé dans le lot sans le vouloir.

Alors que nous étions totalement encerclés, j’ai expliqué à certians flics que je m’étais fait happer dans ce groupe, mais ils ont refusé de me laisser sortir.

C’est alors qu’ils ont embarqué TOUT LE MONDE, UN PAR UN. Précisons que sur les 250, seules 50 ont été laissées en liberté. Les cars étant pleins, on a laissé partir les filles, les biens blancs, les personnes ne portant pas de bloson en cuir et ceux dont la coupe de cheveux et le mode estimentaire s’avérait « reglementaire. » Certaines de ces arrestations ont été houleuses, d’autres non. La mienne s’est passé calmement : deux flics m’ont attrapé par derrière, m’ont demandé de les suivre ; j’ai levé les mains en signe de pacifisme ; j’ai même echangé quelqes propos sur le bilan de la manif avec eux. Arrivé au car, ils m’ont fait vider mes affaires, ont controlé mon identité, et ont rempli une « feuille blache. » Dans le car l’ambiance était bon enfant, car la majorité n’avait rien à se reprocher. On a même pu en discuter calmement avec un flic. Mais la sympathie affichée a desormais pris dans mes souvenirs un gout amer de démagogie.

Cer lorsque nous sommes arrivés au commissariat du 18ème, les choses ont pris une tournure beaucoup moins amicale. L’absence de journalistes oblige, probablement.

J’ai eu la surprise de m’apercevoir que seuls 10% des gens présents avaient cette fameuse « feuille blanche » à leur nom. Il s’agissait en fait des personnes qui allaient être placées en Garde à vue. Les 90% restant ont été gardés dans des grandes cages et relachés au bout de quelques heures seulement. Plusieurs connaissances en faisaient partie.

Qui dit GAV dit : menottes bien serrées, insultes (« petits connards »), menaces (« vous aller vous retrouver avec les tous les toxicos et les travestis du coin »), et brutalité (une entrée dans un fourgon assez muclée). Nous avons donc été menés au commissariat de la goutte d’or, à deux pas de là. Photos de face et de profil, empreintes digitales, fouille à nu (baissez-vous et toussez, svp !). La totale dans l’humiliation.

Je venais d’apprendre que j’étais placé en garde à vue, pour 24h renouvellables, pour « violence contre personne dépositaire de l’autorité publique. » Moi qui avais empeché la violence en faisant partie du SO, moi qui avais fui la violence dès l’arrivée aux Invalides ! En réalité, parmis la vingtaine de personnes présentes, la moitié était accusée de violence ou de rébellion, l’autre de « jet de projectiles. » Au pif. C’est alors que je me suis souvenu du dialogue entre les 2 flics qui avaient rempli cette fameuse « feuille blanche » :

Dis donc, je met quoi comme motif ?
Bah je sais pas. On s’en fout. Fais comme tu veux.

L’ARBITRAIRE LE PLUS TOTAL ! Le but est, je suppose, de faire croire que l’on a arréte des manifestants violents, et que dans le lot, il y avait des vrais casseurs, et d’autres moins virulents sur lesquels on ne prend pas le temps de s’attarder. Il s’agissait aussi d’arrêter le maximum de personnes et de faire gonfler le chiffre effectif des « violents. » Mais manque de pot, le hasrd m’a placé dans le premier lot.

Heureusement, j’ai pu établir une déposition dans laquelle j’ai détaillé tout ce qui précède. La flic en face de moi a rapidement compris que je n’avais rien à faire ici. Elle m’a expliqué qu’on avait arrété un lot de personnes, et qu’il y avait forcément des erreurs. J’ignore ce que les autres personnes placées en GAV ont pu faire durant la dispersion de la manif, mais je reste persuadé que la plupart d’entre eux n’avaient rien à se reprocher non plus. Elle a tout de même été très sympa avec moi. M’a dit que le procureur ne retiendrait probablement rien contre moi, et que je serai surement libre le lendemain. Elle m’a même autorisé à joindre un membre de ma famille par téléphone. Il faut préciser que l’on m’avais fait signer sans la lire (« si tu me fais perdre ton temps je double ta durée de GAV ») « notification de mise en GAV » qui stipulait que je renonçais à ce droit… La chance de tomber sur elle contraste avec la malchance de m’etre retrouvé dans cette situation.

Je vous passe les détails de la nuit. Vous devinez tout de même que les cellules de GAV du commissariat du 18ème n’est pas l’endroit le plus agréable de Paris. Surtout lorsque ces cellues mesurent 5m2 et que l’on y est enfermés à quatre.

Dès 10h30, nous avons pu entendre des slogans émanant d’un vingtaine de personnes venues nous soutenir. le chant des « Liberez nos camarades » a été assez réconfortant. Il s’agissait des personnes de Tolbiac, venues exiger le remise en liberté de Constantin, et moi-même. Apparement, un autre étudiant de Tolbiac ; Laurent, avait été relaché avant.

Vers 12h30, Constantin et moi avons signé nos « notifacations de fin de GAV » et sommes sortis libres, dispensés de toute poursuite judicaire.

Je tiens à souligner l’arbitraire de ces interpellations, mais surtout de ces mises en GAV et de leurs motifs. Il ne fait aucun doute que ces arrestations étaient politiques. Elles ne visaient pas les jeunes « casseurs », qui n’ont pas subi de telles repressions de masse. Elles visaient clairement les étudiants pacifistes, que l’on a voulu intimider et museler une nouvelle fois. Chiffres à l’appui. Environ 250 personnes arrétées à Paris, dont à peine 50 pour « vols de portables » ou « vol en réunion » ou « violence en réunion. » Par contre, 200 étudiants et journalistes interpellés afin de les dissuader de retourner en manif la prochaine fois.

De telles manoeuvres politique ne peuvent provenir des cervelles atrophiées des CRS et de leurs collègues gendarmes mobiles. Les ordres viennent d’en haut. C’est tout bonnement écoeurant.

Source : http://anticpe.blogspot.com
Ecrit par libertad, à 23:22 dans la rubrique "Actualité".

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