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Contre l’ethnicisation du racisme
--> L’antisémitisme n’est pas un virus "arabo-musulman"
Lu sur Les mots sont importants : "Mouloud Aounit défend ici l’option prise par le MRAP et la Ligue des Droits de l’Homme à l’occasion de la récente recrudescence d’actes racistes (antijuifs et anti-musumans) violents : dénoncer tous les racismes, et surtout résister à la tentation (et aux tentatives) d’ethnicisation du racisme : "personne ne peut nier que certains actes antisémites ont été le fait de voyous issus de l’immigration, mais faire de l’antisémitisme un virus arabo-musulman, c’est glisser vers un racisme pur et simple".
 
La montée de l’antisémitisme est un fait indéniable, inacceptable. Les agressions, allant de l’injure aux violences physiques, à l’incendie d’école ou aux profanations de cimetières juifs sont une offense à la dignité humaine, une insulte à la conscience de tous les défenseurs des droits de l’homme. Contrairement à ce que certains ont pu affirmer, l’antisémitisme viscéral de l’extrême droite et des groupuscules néonazis constitue une réalité tenace. La profanation du cimetière juif d’Herrlisheim et ses signatures gammées en confirment la persistance à ceux qui pouvaient en douter.

Il est tout aussi évident que l’antisémitisme est multiforme, qu’il prend des formes nouvelles dont certaines prolifèrent sur le terrain des exclusions et des discriminations. L’histoire montre qu’il n’est pas rare que, pour avoir le sentiment d’exister, l’exclu, le discriminé, le dépossédé, retourne contre les autres ce qu’il subit : il exclut à son tour de manière violente tout ce qui peut représenter un pouvoir établi, réel ou supposé. C’est le médecin qu’on agresse, le travailleur social que l’on casse, le pompier qu’on caillasse, et le Juif sur lequel on crache parce qu’il est juif.

Personne ne peut nier que certains intégristes, dans certaines banlieues, manipulent cette détresse sociale, morale et économique d’une jeunesse désoeuvrée pour distiller leur venin antisémite.

Le Mrap a toujours combattu ces sinistres dérives et toujours exprimé publiquement son indignation. Il n’a eu de cesse d’être solidaire des victimes juives. Une inscription infâme, une insulte, cela ne s’efface pas de la conscience : la douleur et l’humiliation ressenties par les victimes, le fait d’être délibérément nié dans son identité laisse des traces indélébiles.

Faire reculer, terrasser l’antisémitisme, cela nécessite d’utiliser sans faiblesse les armes de la loi, de rechercher et réprimer les auteurs de ces violences.

Mais, plus encore, ces graves problèmes demandent des réponses sociales, juridiques, éducatives et politiques. Etre efficace contre cette plaie au flanc de notre démocratie qu’est l’irruption de l’antisémitisme nécessite aussi de nous éloigner des écueils trop longtemps véhiculés, par les uns et les autres, y compris par des compagnons de route du combat antiraciste.

Il est inacceptable, par exemple, de tolérer la négation ou la relativisation des manifestations et des actes antisémites commis par de jeunes voyous, souvent multirécidivistes, certains organisés dans des groupes virulents, d’autres sans réelle assise idéologique.

Cependant, un danger menace, tout aussi sérieux et tout aussi contre-productif : il s’agit de cette tendance à l’ethnicisation de l’antisémitisme, source de malentendus et porteuse d’une division insidieuse pour toutes celles et tous ceux qui devraient être unis contre tous les racismes.

Personne ne peut nier que certains actes antisémites ont été le fait de voyous issus de l’immigration, mais faire de l’antisémitisme un virus arabo-musulman, c’est glisser vers un racisme pur et simple. Cela relève de la même logique que celle qui rendrait comptables et responsables tous les Juifs de France des exactions commises par le gouvernement Sharon. Le racisme est à l’oeuvre lorsque, précisément, on commence à dire "ces gens-là", lorsque l’on globalise sans discernement en culpabilisant un groupe déterminé d’individus pour les exactions de quelques-uns.

C’est exactement ce qui est à l’oeuvre lorsque le président de l’UEJF explique que le Mrap et la LDH se prononceraient en faveur d’une manifestation contre tous les racismes, et non contre l’antisémitisme seul, parce qu’il leur serait impossible de prendre en compte le nouvel antisémitisme des Arabo-musulmans. De la même façon, Patrick Klugman et Fadela Amara réduisent toute une génération de citoyens français à une minorité lorsque celui-ci fait part, dans Libération, de son souhait de "libérer la banlieue de l’antisémitisme".

Cette réduction à l’origine supposée du délinquant raciste est très suspecte, comme si la dénonciation de l’acte antisémite prenait plus de force infamante s’il était commis par un Arabo-musulman. Cette ethnicisation du racisme, cette volonté de présenter les Arabo-musulmans comme porteurs privilégiés du germe de l’antisémitisme est injuste et révoltante, comme l’est la "racialisation" du conflit israélo-palestinien. Elle contribue à élever des murs d’incompréhensions là où il faudrait bâtir des ponts de solidarités.

Ainsi, là où le Mrap dénonce des voyous antisémites, d’autres préfèrent voir des voyous antisémites arabo-musulmans. Qu’on me comprenne bien : ce n’est pas une simple question de sémantique anecdotique, mais un problème d’installation de stéréotypes ravageurs dont on sait qu’ils ont fait beaucoup de dégâts dans l’histoire.

L’égorgeur est arabe, le comploteur est juif, le voleur est gitan, le fourbe est chinois, le fainéant est noir, l’alcoolique est polonais, etc. La focalisation excessive sur l’antisémitisme arabo-musulman issu "de quartiers sensibles" nous fait oublier que l’antisémitisme c’est autant le négationniste Robert Faurisson que Mohamed Latrèche, autant Serge Thion que Monder Sfar. Ainsi, quand Le Pen dénonce "la multiplication des actes antisémites sur le sol français due à une immigration incontrôlée", l’homme du "détail" ne manifeste pas un amour soudain pour les Juifs : il hiérarchise ses haines pour mieux diviser. Il est évident qu’après les Arabes viendra le tour des Juifs. N’oublions pas que la profanation du cimetière juif d’Herrlisheim a été précédée, dans la même région, par la profanation d’un lieu de culte musulman.

Eduquer, partager, réprimer : telles sont nos réponses au racisme. Eduquer par un investissement conséquent sur le terrain de la mémoire, de toutes les mémoires, ce qui suppose une valorisation et une prise en compte des histoires singulières de toutes les personnes qui vivent sur le territoire de France (Shoah, esclavage, colonialisme).

Enfin, l’urgence absolue est de s’éloigner des réponses communautaires, des attitudes qui enferment les hommes dans des identités rétrécies, et leur substituer la défense, la promotion, et la mise en acte de l’universalité de nos valeurs. Créer ensemble les conditions d’un refus collectif et citoyen, c’est à cette tâche que nous allons nous atteler dans les prochaines semaines en préparant une manifestation d’espoir, une initiative attendue contre tous les racismes et pour l’égalité des droits.

Que l’on crache sur un Juif parce qu’il porte une kippa, que l’on ferme la porte au monde du travail à un jeune Maghrébin ou à un Africain parce qu’il n’a pas la bonne couleur de peau, que l’on discrimine les gens du voyage, la haine, la violence physique ou morale est la même. La douleur aussi. Quand un Juif, un Arabe, un musulman, un Africain, un Tzigane est attaqué dans sa dignité, c’est toute la France qui est blessée.

Mouloud Aounit

29 mai 2004

Mouloud Aounit est secrétaire général du MRAP (Mouvement contre le racisme et l’antisémitisme, et pour l’amitié entre les peuples) Ce texte est paru dans Libération le vendredi 21 mai 2004, sous le titre : "Le racisme, plaie collective"

Ecrit par libertad, à 16:19 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  Lony
18-06-04
à 11:38

L'ethnicisation du racisme

Lorsque j'entends les expressions : antisémitisme, antiarabe, antimusulman, etc.. J'ai l'impression qu'on pourrait sous-entendre que certains groupes ethniques seraient plus fragiles que d'autres et par conséquent, supportaient moins les insultes, les agressions, les exclusions que d'autres groupes. Indirectement il est en train de s'établir en France un vrai système de castes. Tant qu'il n'y aura pas une sincérité pour combattre réellement le racisme dans ce pays, je pense que nous aurons affaire à combattre l'adversité tribale. Que me diriez vous à moi qui ne suis ni Juif, ni musulman ? Vous me demanderiez à moi de venir combattre les deux racismes pour lesquels vous vous mobilisez le plus ? Alors je vous répondrais simplement Non ! ce n'est pas ma guerre, parce que je suis Noir et cela ne me concerne pas. Cela fait déjà longtemps que j'essaie de me battre en vain contre la monté du (racisme tout simplement). Le racisme malheureusement, est devenu en France une valeur identitaire. En effet, en fini par devenir raciste parce qu'on est Français. Raciste contre quoi, contre qui ? Après c'est une simple question d'appartenance, de clan, de groupe ! J'ai même entendu en banlieue des jeunes issus de l'immigration se vanter d'être raciste : s'avaient-ils réellement la portée de leur parole ; pas si sûr ! Une chose est certaine, il y a parmi cette jeunesse surtout une volonté évidente de se trouver un ennemi sur qui on peut passer sa haine. La misère et le chômage dans ces quartiers sont en partie responsable du déchaînement de la violence. Les jeunes inoccupés passent leur temps à s'inventer des nouveaux moyens d'expression, pas toujours conventionnels il faut bien le dire. Ensuite il y a que le système éducatif français n'a pas fait grand chose pour éduquer les enfants dont ils avaient la chage à vivre ensembles. Le système médiatique qui aurait dû être un partenaire privilégié de des éducateurs n'a pas jouer son rôle d'intégration, bien au contraire, Le paysage médiatique était jusqu'à ces trois dernières années, destiné presque exclusivement à une population blanche de peau et je dirais même excessivement blond dans la tendance. Ces jeunes vivants dans les quartiers démunis n'avaient que leur poste de télévision pour se distraire. Ce spectacle ils l'ont peu à peu déserté à cause de leurs parents qui se sont radicalisés à mesure du temps soupçonnant le système médiatique d'incitation à l'aliénation, voire, raciste. Bref les problèmes sont nombreux et le racisme n'a pas fini de se développer dans ce pays, bien au contraire. Il est triste de reconnaître qu'il n'y aura pas assez de prisons pour enfermer tous les fouteurs de troubles, pas assez de policiers pour surveiller tous les délits, pas assez d'hôpitaux pour accueillir tous les malaises, pas assez d'argent pour soignez tous les maux de cette société qui ne veut pas prendre le problème par la racine. Admettre que nous vivons dans un pays multiracial et changer radicalement les comportements.
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