Lu sur
CGA : "QUAND LES GOUVERNEMENTS LUTTENT CONTRE LE CHÔMAGE ...Force est de constater que le NON au projet constitutionnel européen n'a pas stoppé la dégradation de nos conditions de vie; le gouvernement De Villepin, sous couvert de lutte contre le chômage, amplifie son oeuvre de démolition sociale. L’Ordonnance N° 2005-89 3 du 2 août 2005, qui institue le Contrat Nouvelle Embauche (CNE), mesure-phare du « plan d’action gouvernemental contre le chômage » (sic), est certainement la plus inquiétante . Par cette mesure, l’Etat ouvre une nouvelle brèche de taille dans la protection des salarié-e-s. Ces protections (Code du travail, conventions collectives …), sans être la panacée, offraient des garanties minimales aux salarié-e-s face à l’arbitraire patronal. Rappelons que le Code du travail fut le fruit d’un rapport de force construit par le Mouvement ouvrier au cours du 20ème siècle par la lutte et la grève : l’Etat et le Capital furent contraints d’adopter une législation sociale.
LE MEDEF POURSUIT LA DEMOLITION SOCIALE
Aujourd'hui le rapport de force qui pesait en faveur des classes laborieuses s'est inversé. Les espérances d'une amélioration de nos conditions de vie par les réformes de la gauche au pouvoir ont toutes échoué et ont dévié la lutte du terrain social vers le terrain électoral. La résistance sociale s'est ainsi amoindrie, le patronat sait qu’il peut y aller franco : organisé au sein du MEDEF, il n’a jamais cessé de bénéficier du soutien actif de l’Etat, que celui-ci soit « géré » par la gauche ou la droite. La gauche, il faut le souligner, n’a jamais été en reste pour privatiser, créer des contrats précaires et bidons sous prétexte de lutte contre le chômage.
PRECARITE GENERALISEE ET CHASSE AUX CHÔMEURS ...
La situation peut paraître paradoxale : d’un côté le patronat licencie sous prétexte de productivité et de l’autre, il prétend avec l'appui de l'Etat « remettre la France au travail » en augmentant le temps de travail et en contraignant les chômeurs à accepter n'importe quel emploi à n'importe quelle condition en les menaçant de radiation des ASSEDIC s'ils refusent les emplois « proposés ». Mais derrière cette incohérence de façade se cache un objectif bien cohérent : faire baisser le coût du travail pour les patrons. Les chômeurs ne peuvent plus refuser les contrats de merde ou ne correspondant pas à leur qualification, les actifs n'ont qu'à bien se tenir et doivent revoir leurs exigences à la baisse sur leurs salaires et leurs conditions de travail : « si t'es pas content, des chômeurs sont obligés d'accepter ton boulot ». La « chasse aux chômeurs » permet aussi aux tenants du pouvoir, en multipliant les radiations qui plongent des « sans-emploi » dans la misère, de faire baisser artificiellement les chiffres du chômage. L’alternative qui est laissée aux travailleuses et travailleurs est sans issue : alterner de courtes périodes de chômage et des contrats de travail précaires ou refuser d'accepter cette logique et rester dans la misère.
CNE : CONTRAT DE NOUVELLE EXPLOITATION
Le CNE s 'inscrit bien dans cette logique. Ce contrat prévoit un pseudo « CDI » avec 2 ans d’essai, pendant lesquels le patron pourra licencier son employé sans motif : toute possibilité pour le ou la salarié-e de contester son licenciement devient nulle. En clair : ferme ta gueule et bosse, ne te syndique pas, fait des heures supp'. non payées dans des conditions de merde ou alors à la porte !
Fini donc, à terme, le CDI comme norme salariale (déjà bien entamée). Malgré des indemnités équivalentes, le CNE est plus favorable au patronat que le CDD, puisque ce dernier offrait au moins une garantie de durée pour les salarié-es. Bref le rêve du patronat : l’esclavage moderne, le salarié jetable. Finies dès lors, les garanties du droit du travail et, avec cette épée de Damoclès sans cesse au-dessus de nous, s 'organiser collectivement sur notre lieu de travail pour revendiquer et faire valoir nos droits va devenir de plus en plus compliqué ... Pas étonnant donc que les patrons se saisissent massivement du CNE comme se complaît à l'annoncer le gouvernement. Et les 30 à 40 000 CNE déjà promis l'ont été certainement au détriment de CDI ou de CDD plus contraignants pour les patrons... En communiquant sur ce « succès » le gouvernement nous prépare, comme il l'a annoncé, à généraliser à tout type d'entreprise le recours à ce contrat, aujourd'hui limité aux entreprises de moins de 20 salarié-e-s. Le seuil des 20 salariés est d'ailleurs déjà partiellement contourné : en effet jusqu’au 31 décembre 2007, sont exclus du décompte des effectifs les salariés âgés de moins de 26 ans embauchés à compter du 22 juin 2005, quelle que soit la nature du contrat qui les lie à l’entreprise
MOBILISONS-NOUS CONTRE LE CNE, ORGANISONS LA RIPOSTE SOCIALE
L'ampleur de l'attaque nécessite une réponse déterminée. Nous devons nous donner les moyens, en tant que salarié-e-s et chômeur-se-s, d’organiser la riposte sociale face à ce projet qui fait de la précarité au travail la norme sociale. Nous devons, toutes et tous, informer autour de nous de la nature réelle du CNE pour contrer la propagande gouvernementale et convaincre de la nécessité de se mobiliser. Il faudra se saisir massivement de la journée syndicale de mobilisation du 4 octobre pour infléchir la tendance et construire un rapport de force le plus large et unitaire possible. Car la seule perspective raisonnable pour stopper le rouleau compresseur est la construction d'un mouvement social large et massif qui fédère les luttes. La tâche est ardue et demande la conviction et toute l'énergie de chaque individu persuadé qu'il faut changer les choses. Pour cela, il faut nous organiser dés aujourd'hui sur nos lieux de vie et de travail. Pour se passer des patrons qui nous exploitent et des élus qui confisquent le pouvoir en nous privant de notre pouvoir de décider, pour ne plus voir une humanité au rabais qui vit à moitié, il faut s'engager dans les luttes pour construire une autre société, égalitaire, libertaire et solidaire.
Coordination des Groupes Anarchistes Septembre 2005