Lu sur
Samizdat : "Encore merci au service de presse de la préfecture, qui a brieffé les journalistes nantais juste avant cette conférence de presse, afin de leur faire croire que nous « instrumentalisions » la souffrance de notre enfant pour un incertain combat militant anti-gouvernemental, comme si nous n’aurions pas fait de même sous tout autre gouvernement, comme si nous n’aimions pas notre enfant. Et le pire, c’est que ce genre d’intoxication marche. Triste époque.
Dépot de plainte
Aujourd’hui [jeudi 6 décembre 2007) nous avons déposé plainte auprès de la Procureure de la République chargée de l’enquête préliminaire, par courrier postal en recommandé avec accusé de réception.
Il s’agit de défendre les droits de notre enfant mais aussi ceux de tous les jeunes susceptibles désormais d’être visé par des flashballs et autre armes. Nous ne voulons pas que d’autres enfants, ou manifestants soient blessés ou mutilés par de telles armes.
Nous rappelons que le droit de manifestation est un droit constitutionnel, les violences policières le menacent.
Nous voulons notamment savoir qui a tiré et si la visée au visage a été intentionnelle.
Ces violences posent le problème de méthode de la police : formation,encadrement, éthique. Un questionnement sur les missions des « gardiens de la paix » est à mener. Ce qui s’est passé le 27 novembre au Rectorat de Nantes est inquiétant pour la démocratie : Lorsque la société perd confiance dans la police, dans la justice, alors chacun peut être tenté de se faire justice soit même, or, la vengeance n’est pas la justice dans un Etat de droit.
Désinformation ?
Nous tenons à souligner que la communication officielle des autorités, policières et préfectorales pose question :
* A la suite immédiate des faits, nous avons pu croire qu’il n’y avait pas eu de tirs de flashball, comme si notre fils s’était fait ça tout seul.
* Ensuite on a pu lire qu’en effet il y en avait eu, oui, mais combien ?
* Puis, la Préfecture semblant avoir admis que ces tirs étaient avérés, a rendu publique une information médicale rassurante, sortie d’on ne sait où, information fausse qui contrevenait au secret médical. Le chef de clinique du CHU a précisé qu’il n’était pas à l’origine de cette information.
* Le vendredi 30 novembre, après avoir implicitement admis la gravité de la blessure, madame la procureure Valdès-Boulouque, a déclaré à la presse : « la police n’a rien à cacher », et « qu’à priori » il n’y avait pas eu « de violences illégitimes de la police », que les manifestants « s’exposent » puisque les policiers n’agissent pas « dans la douceur », tout cela avant que l’enquête préliminaire n’ait réellement commencé. Le Parquet ne doit pas empiéter sur le rôle du juge d’instruction et des tribunaux.
L’IGPN, dite la Police des polices, a longuement auditionné notre fils dans sa chambre d’hôpital. Son témoignage a fait état de la présence d’un agent cagoulé (pourquoi ? !) armé d’un flashball jaune (un autre style d’arme plus spécifique ?) qui visait les manifestants à hauteur de la tête (cf photo et film). Ce fonctionnaire de police, comme les autres, doivent être auditionnés par les autorités.
Nos démarches
* dépôt de plainte et conseil juridique par Maître Boezec,
* saisie de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) par l’intermédiaire d’un ou plusieurs parlementaires,
* contact avec le Défenseur des enfants,
* contact avec Amnesty International,
* contact avec les syndicats qui ont demandé dès le lendemain des faits une audience au préfet, et l’ouverture d’une enquête (Quelle est la réponse du préfet une semaine après.. ?),
* contact avec d’autres familles dont les enfants ont été blessés (notamment les parents de Jean-Baptiste, touché à la bouche par un flash-ball ?, 11 jours d’ITT) qui ont également porté plainte, et des parents dont les enfants, jeunes majeurs ont été en garde à vue plus de 36h dans des conditions inacceptables.
* mise en place prochaine d’un comité de soutien,
* nous demandons qu’une reconstitution sur place des faits soit effectuée dans le cadre de l’enquête pour comprendre comment une manifestation pacifique d’étudiants et lycéens a subi une telle brutalité policière.
Appel à témoignages
Cette affaire va durer plusieurs mois, voire années. (saisine d’un juge d’instruction, du TA..)
Nous remercions à l’avance les journalistes pour leur attention sur la durée, alors que « l’émotion » sera moins présente. Notre enfant lui, aura toujours l’oeil droit endommagé. Or, il faut que réparation soit faite, que justice soit rendue. Pour lui, pour les autres.
Plus rapidement nous pourrons disposer de témoignages écrits et oraux, plus nous aurons d’éléments pour faire surgir la vérité, c’est aussi l’objectif de cette conférence de presse. D’ores et déjà, nous remercions Thierry Kruger qui a réalisé une compilation évolutive de différentes images (photos et films). Elle permet de mieux comprendre ce qui a pu se passer ce 27 novembre 2007, minute par minute.
Pour le recueil direct de témoignages, nous créons une adresse mail spécifique : vingtsept.novembre@laposte.net