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Compétition et contrôle social
Compétition et contrôle social
Contrairement au fait qu’il soit défini dans la société capitaliste comme étant le moteur primordial des rapports sociaux, l’esprit de compétition, de concurrence, n’est pas fondamental dans l’élaboration de ceux-ci, et bien d’autres facteurs et tendances influent sur la nature des comportements que les personnes tiennent les unes par rapport aux autres.

Avant de donner une vision de la diversité et de la nature de ces tendances, et de ce qu’elles impliquent dans la formation d’une société humaine libre de toute contrainte idéologique, intéressons-nous d’abord aux causes ayant engendrées un tel fétichisme pourrait-on dire, envers l’esprit de compétition et de ce qui peut lui paraitre consubstantielle, l’esprit de domination, au sein de nos sociétés modernes capitalistes.

Certains comportements sociaux sont donc surévalués par le système dominant, mis en exergue et présentés comme ce à quoi nous devons tenir une importance fondamentale dans nos vies. Ceci étant donné que ces tendances humaines, comme non-humaines puisque naturelles, sont sensés être ce qui forme l’essence même de notre présence aux autres, notre recherche d’autonomie passant, selon cette vision des choses, par la domination et l’écrasement de ceux(celles) qui sont considérés comme étant des concurrents.

Or, on peut s’apercevoir en parcourant les méandres du monde de la concurrence (la moins faussée possible !), que le capitalisme s’immisce dans nos existences au travers d’une propagande visant à faire de l’instinct de compétition une réalité primordiale et vitale pour une intégration possible de chacun(e) au sein d’une société de rivalité généralisée. Afin d’imposer ses vus, le système passe donc par une formation, une manipulation, de la conscience des individus vis à vis de leur nature ; formation dont le but est par la suite de pouvoir donner à chacun(e) la possibilité de pouvoir être en harmonie avec son « être véritable » en libérant ses supposés instincts de vie (ou de survie) au travers d’un contrôle permanent sur lui(elle)-même, sur sa corporalité, sa personnalité intime. Cela répond à la dynamique d’un système en perpétuel extension et corrélativement, à son besoin de contrôle social qui lui assure cette permanence.

Si le capitalisme a pu passer par des phases coercitives et violentes lors de certaines périodes de son évolution (1), de nos jours, il appuie beaucoup plus son développement sur l’implication dont peuvent faire preuve ses « collaborateurs », surtout dans les pays occidentaux. Ce besoin peut répondre à une situation économique créée par de nouvelles possibilités technologiques et scientifiques ainsi que par des pressions « rationalisatrices » d’ordre financières et concurrentielles (mondialisation). Ceci dit, ce système s’inspire toujours plus que jamais d’une idéologie ayant des êtres vivants une présupposition qui les réduit à des machines dont on pourrait selon les besoins modifier les comportements « de l’extérieur ». Une idéologie qui appuie « scientifiquement » son discours sur le fait supposé qu’entre les espèces et au sein même des espèces, règne la loi du plus fort, du plus apte à s’enquérir des moyens de sa subsistance. Cette loi de l’adaptation au milieu, ou de la sélection naturelle selon Darwin, s’adapte elle-même parfaitement à la quête perpétuellement inassouvie de profit qui est le moteur autonome du capitalisme.

Ce qu’il faut bien comprendre ici, c’est que cette idéologie repose sur l’affirmation, ou la croyance, que les êtres vivants sont des objets soumis à des déterminismes situés dans de quelconques sphères extérieures à leurs entités physico-chimiques. On peut se représenter cette sphère comme un ensemble de conditions imposant aux individus des comportements défensifs et offensifs vis à vis des « autres », congénères ou non, une main invisible de la Nature stimulant les plus aptes à acquérir le droit à la survie. Elle serait comme une loi fondamentale dont l’obéissance à son égard serait seule garante de nos chances de vivre et croitre. Cette théorie de la « sélection naturelle » est inspirée par la fameuse théorie de la « main invisible du marché » sensément capable de pouvoir réguler l’économie par une action mystifiée et extérieure aux entités et qui aujourd’hui s’en inspire encore dans sa quête d’un libéralisme mondialisé à la recherche de nouveaux profits. Mais en niant la nature subjective des êtres vivants, l’idéologie libérale leur ôte en fait toute possibilité d’autonomie, du moins en profondeur :

«  L’activité autonome de l’être vivant – que l’on évacue en en faisant une machine – est le produit du métabolisme cellulaire et de la physiologie de l’organisme entier. Ce qui caractérise l’être vivant, c’est – comme disaient les anciens – tout ce qui a trait à la génération : le développement à partir de l’oeuf, la régénération permanente des tissus, la reproduction et l’évolution ; ensemble de phénomènes inconnus aux machines. L’être vivant n’est donc pas uniquement le produit des contraintes objectives que le milieu lui impose, ce n’est pas un simple objet, jouet des circonstances (ni une machine de guerre engagée dans une lutte à mort avec un monde hostile).

Son activité autonome en fait un sujet à part entière. De fait, il est dans un rapport d’autonomie à l’égard du milieu : il y puise sa subsistance et à partir de là en devient indépendant, se gouverne « selon ses propres lois ». L’être vivant ne se suffit jamais à lui-même (définition de l’autarcie), il est au contraire dans un rapport contradictoire avec le milieu : il en est dépendant au plan physico-chimique, afin d’alimenter sa dynamique interne, et à partir de là en devient indépendant sur tous les autres plans (comportement, organes, etc) dans la mesure de ses capacités. Cette relation dialectique de dépendance/indépendance lui permet donc d’établir avec son milieu des rapports qui ne sont pas totalement déterminés par la nécessité mais qui laissent place à la liberté dans une mesure croissante avec la complexité de l’organisme. » Bertrant Louart in « Aux origines idéologiques du darwinisme » brochure 2010

Si le système capitaliste et libéral nie la subjectivité et la recherche d’autonomie des êtres vivant par la lecture du monde qu’il tente d’imposer, relativement aux idéologies du XVIII ème et XIX ème siècle dont il s’inspire afin de présenter son modèle de travail comme nécessaire et « naturel », il en tire aussi un autre avantage, surtout actuellement : celui d’un contrôle social inhérent à une implication des individus à leur propre aliénation. En effet, comme il a été dit plus haut, le capitalisme se transforme actuellement de façon à individualiser au maximum le travail et les performances et ainsi lui permettre de pouvoir placer chacun(e) devant ses « responsabilités » vis à vis d’un ordre supposé « naturel ». Chaque individu doit gagner son droit à accéder à ce dont il lui est nécessaire afin de vivre une vie de « réussite sociale ». Réussite qui n’est en réalité aucunement sociale mais individuelle au sens libéral du terme (mais au final, il y aurait-il un autre sens ?) ; individuelle parce que plaçant les individus face leur devoir d’assumer un ordre prétendument naturel leur enjoignant de lutter pour (sur)vivre, de se battre contre leur nature, leurs collègues, les concurrents, afin de s’élever, en théorie, vers la domination, résultat de la sélection des meilleurs au sein de la masse. En fait, glorifier un « moi » dominant, orgueilleux, cupide dopé à l’égocentrisme.

Pour cela, le système économique et techno-scientiste actuel met en oeuvre des méthodes de management visant à éclater l’esprit collectif existant encore dans le monde du travail, comme ailleurs dans la société, et à individualiser au maximum comme il a été dit plus haut. Des systèmes de notations diverses et d’évaluations (dès l’école primaire !) sont mis en place dans le but d’accroitre l’esprit de compétition entre les individus et ainsi permettre qu’une sélection puisse s’effectuer afin de créer de la différentiation entre les êtres, et repérer les plus aptes à se détacher des « perdants » du fait de leur disposition à accéder à une certaine part de domination (ou de part du gateau). Quoi de plus darwinien ?

Le capitalisme y trouve un intérêt évident dans le sens où les personnes en arrive par elles-même à contrôler leur vies de façon à ce qu’elles répondent à ce devoir d’harmonisation à une règle dont il ne serait question d’échapper puisqu’elle serait la vie même. Faire des individus des êtres calculateurs, à la pensée en permanence en éveil afin de déterminer dans ses attitudes, ses propos, son look, ses initiatives, lesquelles seraient les plus à même de donner une chance de pouvoir se valoriser par rapport aux autres. L’inspiration, l’intuition, la simplicité, la solidarité, la compassion, aussi bien que la patience d’observer afin de déceler la vérité n’ont plus de place dans ce monde de "loups".

De personnes-sujet, les êtres humains en deviennent des individus-objet, mus par une pensée extérieure à eux-même, issue d’une idéologie ayant su exploiter une vision pseudo-scientifique de la vie afin d’assurer son avenir et l’expansion de sa domination. Or, la vie est bien autre chose que l’image qu’en donne le libéralisme. Elle ne saurait se résumer à une lutte sans merci s’opérant entre des machines vivantes à la recherche de dominance, de prépondérance, de pouvoirs illusoires (2). Dire que l’être humain est un animal social, c’est d’une part lui reconnaitre cette capacité à créer société, donc inter-dépendance entre les personnes, au travers d’une recherche d’autonomie pour lui-même et le collectif dont il tire une part de son identité, et d’autre part reconnaitre cette tendance au sein même de la nature dont il en est issue et partie. La politique est peut-être la plus haute expression de cette tendance existant en nous à vouloir s’accomplir au travers de l’assomption de l’entièreté de nos êtres, de ce besoin vital à un moment donné de symboliser au niveau d’une société humaine la complexité de ce qui nous compose et nous lie les uns aux autres.

La politique, à partir du moment où elle n’est pas accaparée par une élite quelle qu’elle soit, représente ce moment nécessaire pour une société humaine où toute expérience, tout vécu, tout problème, tout conflit, toute contradiction ou toute réussite peut trouver à enrichir le devenir collectif d’une communauté, et ce par la pratique d’une véritable démocratie. En individualisant de façon radicale, le capitalisme espère briser cette tendance vitale à assumer la dialectique de la recherche d’autonomie et de l’inter-dépendance nécessaire pour y tendre. Il y voit un moyen de contrôler la vie, en remplaçant l’autonomie par un rêve d’autarcie aussi illusoire que la prétendue liberté qui lui serait consubstantielle. Si la compétition n’est pas absente du processus naturel d’évolution, elle ne saurait être l’élément fondamental par lequel les êtres vivants trouvent à se développer, et à engendrer de la diversité. En en faisant le principe absolu et suprême de l’expansion de la vie, le système capitalo-libéral en a surtout fait le principe de sa propre expansion, ainsi que de la guerre qui en est une conséquence directe.

Max L’Hameunasse

1 – Que l’on pense notamment à la façon dont le capitalisme s’est imposé en Angleterre au 18 éme et début du 19 ème siècle, transformant la population de paysans et d’artisans qui vivaient alors de façon autonome, en individus dé-socialisés et affamés (notamment par les enclosures) n’ayant comme seul moyen de survivre que de vendre que la seule chose dont ils(elles) pouvaient tirer une certaine valeur sur le « marché » : leur force de travail, au sein des manufactures d’alors. Lire à ce propos l’ouvrage de Karl Polanyi « La grande Transformation » ou certain écrits de Karl Marx.

2 – « S’appuyant sur diverses études anthropologiques et historiques, Polanyi [Karl Polanyi « La grande transformation »] constate que l’individu « âpre au gain » était auparavant une exception et non la règle. En effet, dans les sociétés traditionnelles l’ambition des personnes consistait non en la richesse matérielle, mais avant tout en la considération sociale, laquelle s’acquiert essentiellement par le don, la réciprocité et la redistribution des biens, des services et des symboles auprès des autres membres de la communauté. » Bertrand Louart in « Aux origines idéologiques du darwinisme »


http://www.libertat22.lautre.net/spip.php?article21
Ecrit par libertaria22, à 00:29 dans la rubrique "Social".



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