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L'En Dehors


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Compassion et Barbarie
--> Barbares ou civilisés ?

Quasiment chaque semaine dans Charlie-Hebdo - quasiment le seul hebdomadaire qui se préoccupe de la cause animale - Oncle Bob, c'est-à-dire le dessinateur Siné, se réjouit dans sa chronique des accidents de chasse et de corrida que ne manquent pas de lui signaler de nombreux lecteurs.

Or, il se trouve que Luce Lapin, correctrice du journal, mais aussi rédactrice en ce qui concerne la cause animale, refuse de partager la joie du vieil anar, sous prétexte que ce qui nous discerne de la barbarie, c'est notre compassion pour toute souffrance, y compris celle de nos ennemis.

Voici ce que m'inspirent ces affirmations de Luce.

D'accord avec elle pour répéter sans relâche que la compassion est universelle, ou plutôt la souffrance. Il n'y a pas deux souffrances, une pittoyable pour les humains, et l'autre dont ils peuvent se foutre, celle des bêtes. Il y a LA souffrance dont seuls les pervers peuvent se réjouir.


Anthropocentrisme

Même Théodore Monod, qui pourtant était un croyant (prostestant il est vrai), le martelait inlassablement . Les catholiques sont moins avancés sur cette voie, à part quelques associations bien spécialisées, et leur doctrine fait de l'Homme le centre de la Création pouvant tout se permettre vis-à-vis des animaux.

Pour les non-croyants, et particulièrement les athées, ce devrait être tout autre chose.

Nous contestons que nous sommes des animaux différents, mais des animaux de même titre que tous les autres, et que leur souffrance vaut la nôtre. De quel droit osons-nous les persécuter, les maltraiter, pour la plupart du temps finir par les manger ?

Le végétarisme est un autre débat et tout le monde n'en est pas encore arrivé à conclure que ce mode alimentaire est le plus cohérent de la part de ceux qui se prétendant amis des animaux.


Culte de la Charogne

La compassion s'exerce vis-à-vis des vivants, pas des morts. A quoi bon en effet s'apitoyer sur un être qui n'existe plus ? Là encore, c'est différent pour les croyants qui pratiquent le « culte de la charogne », selon l'expression de notre cher Libertad.

Très souvent, pour consoler les proches d'un défunt, ses amis lui disent avec justesse : « Enfin, il ne souffre plus ! ».

Eh oui, c'est bien la souffrance qui mérite notre pitié, et contre laquelle nous devons tout tenter.

Jusqu'à l'avènement des médias hertziens, la compassion s'exerçait en direct. Aujourd'hui, notre compassion peut être décalée dans le temps par rapport à la souffrance.

Il est très fréquent que le téléspectateur verse une larme devant son poste, pour un être dont la souffrance a été enregistrée, mais qui ne souffre plus depuis longtemps, soit qu'il ait été délivré par la mort ou la guérison, soit que la morphine et d'autres produits spécifiques aient fait leur œuvre.

Cette compassion pour une souffrance qui n'existe plus est comparable à celle des fictions. Les livres et les films nous font pleurer sur des souffrances bien souvent et heureusement irréelles. Ce n'est pas de la métaphysique.


Différents degrés dans la compassion

Entrons maintenant dans le vif du sujet. Si la souffrance est unique, il n'en est pas de même pour la compassion. Celle-ci peut être graduée selon plusieurs facteurs.

Le premier est, me semble-t-il, la gravité de la souffrance. Si l'on compatit pour un ami affecté d'une rage de dent, ce n'est quand même pas grand-chose par rapport à la compassion que l'on éprouve pour celui qui est cloué définitivement dans un fauteuil roulant ou dans un lit.

On notera au passage qu'avant d'éprouver de la compassion pour quelqu'un, on éprouve souvent une joie involontaire, du moins incontrôlée, en le voyant tomber de sa chaise ou glisser sur une peau de banane. Ce n'est que selon la gravité des blessures qu'on s'apitoiera ou non ensuite.

Il y a un facteur de montagne qui reçoit des pierres sur la tête pendant sa tournée aura droit à toute notre pitié, alors que l'hurluberlu qui, skiant hors piste se trouvera bloqué sous une avalanche, aura droit lui à : « Il l'a quand même cherché ! ».


Accident de travail

Regardez les flics et les taxis qui meurent dans l'exercice de leur métier. Ils ont droit au deuil national, alors que les ouvriers du bâtiment et de l'industrie, infiniment plus nombreux à mourir au boulot, n'ont droit eux, qu'à un entrefilet, au mieux un article si c'est grave, dans les journaux.

Pourtant, en acceptant de porter une arme, le flic doit bien se dire qu'un autre porteur d'arme risque d'être plus rapide ou plus habile que lui, et que ce n'est qu'un risque du métier comme de grimper sur un échafaudage pour un maçon, sur un faîtage pour un couvreur.

Ceci dit, si le flic massacré par des hooligans inspire ma pitié, celui qui se fait rosser alors qu'il passait à tabac un adolescent suspecté d'avoir piqué un auto-radio ne me fera pas attendrir.


Tortionnaires

Qui se serait apitoyé sur un bourreau se coupant avec sa hache ou sa guillotine, ou tombant de l'échafaud ?

En ce qui concerne les chasseurs et les toreros, il ne faut pas trop nous en demander.

Ce son des gens qui font souffrir pour le plaisir et il le reconnaissent. Les premiers pour le « sport », les seconds pour « l'Art ».

S'il leur arrive à leur tour de souffrir à cause de leur passion perverse, n'est-ce pas justice ?


Les petits lapins se fendent la gueule

Tel était le titre de la rubrique que tenait il y a trente ans Paule Drouault, une des fondatrices du ROC (Rassemblement des opposants à la chasse) dans l'ancien Charlie-Hebdo. En fait, c'était le titre du paragraphe consacré aux accidents de chasse dans sa chronique intitulée, elle : « Le billet d'une emmerdeuse ».

Cette façon de mettre en avant les petits lapins qui, en réalité ne se réjouissent jamais des accidents de chasse, trop préoccupés qu'ils sont de se tirer d'affaire et de protéger leur famille, avait le mérite de montrer que si les chasseurs avaient eu une occupation plus saine et plus respectueuse e la vie, ils n'en seraient pas là.

Il me semble que pas plus Siné que Paule ne se réjouissent du malheur de ces connards, mais plutôt de ce que le sort leur a réservé.

Et particulièrement pour la corrida, de ce que le taureau ait pour une fois, pu participer aux réjouissances.


Rappel utile

Entre 1948 et 1993, on ne compte qu'un torero tué pour 34 033 taureaux !

Ceci pour dénoncer l'argument de « l'égalité des chances ». Mais, nous l'avons dit plus haut, la compassion n'est valable que vis-à-vis de la souffrance.

Les toreros blessés le sont dans les mêmes proportions, alors que tous les taureaux sont mis à mort après avoir été ignoblement martyrisés.

Sans aller jusqu'à nous réjouir des souffrances de l'humain blessé, on ne peut tout de même pas nous reprocher de féliciter la bête non ? Puisque c'est le jeu. Puisque le torero est paraît-il un héros du fait qu'il risque sa vie !


Il faudrait savoir ! Paradoxe

Nous vivons dans une société où le risque est combattu, minimisé grâce à des mesures préventives atteignant parfois l'ubuesque.

En même temps, nous sommes conviés sur des gradins ou devant des écrans, à nous repaître du spectacle de pilotes aux commandes de bolides roulant à 300 km/h, de skieurs volant au-dessus des ravins, quand on ne nous invite pas à sauter à l'élastique du haut d'une grue.


Bien fait pour ta gueule

Quelle mère de famille n'a pas dit à son garnement de fils « c'est bien fait pour toi, je t'avais prévenu ! » lorsque, désobéissant aux recommandations maternelles, il s'est blessé en jouant avec le feu, les dents du chien ou en marchant sur la glace fragile de la mare aux canards ?

Dit-on qu'elle n'est pas civilisée, qu'elle est barbare ?

Ce sera ma conclusion.


A.T

Ecrit par kiffinkos, à 18:16 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires :

  kiffinkos
05-03-06
à 22:23

Source

Pardonnez-moi, dans la précipitation j'ai omis de citer la source...

A.T pour "Le libertaire" de septembre-octobre 2004 (numéro 249)
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