Lu sur
Anarkismo :
"Le mouvement communiste libertaire est en plein essor en Amérique du Nord. Après le succès de la NEFAC, créée en 2000 au Québec et au Nord-Est des Etats-Unis, de nouveaux groupes se forment aux Etats-Unis (Seattle, Chicago…) et au Canada anglophone : en Ontario, le groupe Common Cause existe depuis un an. Il s’agit d’une organisation plateformiste membre d’Anarkismo. Les 16 et 17 août s’est tenu son deuxième congrès.
Dans
un contexte nord-américain peu propice au développement des idées
communistes libertaires et de l’action révolutionnaire, cette toute
jeune organisation rassemble une vingtaine de membres dans trois
groupes locaux (Toronto, Hamilton et Ottawa). Malgré des dimensions
modestes, la formation de Common Cause n’en est pas moins une réussite
dans une province où ni la NEFAC ni aucun autre groupe libertaire n’ont
réussi à percer depuis longtemps.
Un congrès entre bilans et perspectives
Un an après sa formation, Common Cause a d’abord cherché à améliorer
son fonctionnement, à travers nombre d’aménagements de la structure
organisationnelle ou des statuts, mais également des discussions
politiques autour de questions idéologiques (égalité, nationalisme,
patriarcat…) ou stratégiques (syndicalisme, luttes indigènes ou «
amérindiennes », relations aux autres organisations de la gauche
radicale, libertaires ou non…). Si les thèmes abordés sont souvent les
mêmes qu’en France (à l’exception, bien sûr, des luttes indigènes) il
ne faut pas oublier que la situation sous-jacente est souvent très
différente. La question de la formation des membres a également été
posée, et le principe d’une journée annuelle de formation adopté.
Et, bien sûr, ce congrès a marqué le temps des bilans, tant de la
qualité de l’organisation que de l’efficacité de l’action menée. Le
travail accompli, compte tenu du contexte et des forces militantes, est
loin d’être négligeable.
Diffuser et agir
Dans un contexte de mouvement social faible, l’activité de Common Cause
s’est tournée principalement vers la propagande : site internet,
parution d’une brochure bi-mensuelle (Linchpin) tirée à 1500
exemplaires et distribuée le plus largement possible, réunions
publiques régulières autour d’un thème, d’un livre ou d’un film, salons
du livre libertaire (participation à celui de Montréal en mai et
organisation de celui d’Hamilton en juin, couronné de succès)… Ces
activités permettent de multiplier les contacts et de préparer l’essor
de l’organisation : une mailing-list comptant plus de 225 noms a pu
être constituée.
Mais une organisation révolutionnaire ne peut se contenter d’une
activité de propagande. Il n’y a pas de mouvement social ? Il faut donc
l’impulser ! Pas facile néanmoins quand les syndicats, s’ils sont
parfois puissants, sont le plus souvent très modérés. Devant une telle
situation, l’implication dans les syndicats, pour tenter de les
radicaliser, n’est que plus nécessaire, et c’est la stratégie choisie
par Common Cause. Certains membres de Common Cause ont aussi décidé de
rejoindre les Industrial Workers of the World (organisation
syndicaliste révolutionnaire, comptant 50 membres en Ontario).
Présent(e)s dans les luttes passées et à venir
Enfin, les luttes existent : manifestations contre les guerres d’Irak
et d’Afghanistan, pour la libération de Mumia Abu-Jamal, mouvement
étudiant contre la hausse des frais d’inscription à l’université de
Toronto… A chaque fois, Common Cause est présente. Elle le sera encore
pour l’opposition au G8 de 2010 à Huntsville (Ontario) et aux Jeux
Olympiques de Vancouver la même année. Ces deux événements sont une
opportunité importante pour Common Cause de contribuer à impulser des
luttes sociales majeures et par là de populariser les idées et les
actions des communistes libertaires. Common Cause commence donc d’ors
et déjà à préparer la riposte à ces événements.
Le Canada anglophone a vu la naissance d’une organisation libertaire
pérenne. Et même si la vie d’une organisation révolutionnaire est
rarement facile, parions que Common Cause est là pour rester !
Vincent Nakash