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COHESION SOCIALE ET STABILITE DU SYSTEME
--> MATIERE A REFLEXION
L’un ne semble pas pouvoir aller sans l’autre. C’est en principe logique et vrai. Pourtant l’attitude de l’Etat dépend largement de la conception dont la classe dominante, et ses représentants, se fait de ce qu’elle appelle la cohésion sociale, étroitement liée à la condition de la préservation de ses intérêts.

 

Cette cohésion sociale est largement utilisée par le pouvoir en place pour nier les contradictions qui minent le système… elle peut d’ailleurs prendre, sur le plan idéologique, différentes formes : nationalisme, patriotisme,… dévoyant les conflits, les craintes et les colères dans des impasses au grand bénéfice du système en place.

 

 

ETAT ET COHESION SOCIALE

 

 

On peut la définir comme un état de stationnaire des relations sociales permettant, dans le cadre de rapports de production définis, d’assumer, du moins temporairement et sans risque de rupture, les contradictions générées par l’existence de ces dernières.

 

La cohésion sociale n’est, bien sûr, pas définie une bonne fois pour toutes, mais au contraire évolue aux grés des conflits sociaux et surtout aux grés de l’apparition de nouvelles conditions historiques des rapports de production.

 

L’Etat, dont la fonction principale est de garantir la pérennité des rapports sociaux / rapports de production, agit en fonction des variations de la conjoncture et de l’évolution du système, afin d’assurer cette stabilité.

 

L’Etat agit aussi en fonction des variations des rapports de pouvoir entre les groupes politiques dominants de la société qui se partagent le pouvoir et/ou qui veulent y accéder – ce qui fonde et délimite ce que l’on appelle la « vie politique ».

 

Ces différentes attitudes de l’Etat varient et donnent l’impression de changements radicaux, ou tout au moins essentiels, alors qu’en fait, fondamentalement rien ne change… autrement dit, les rapports sociaux / rapports de production, restent les mêmes. C’est sur cette illusion que se fonde l’alternance Droite-Gauche pour assurer la pérennité du système. C’est sur ce registre que joue l’Etat pour donner l’illusion au citoyen qu’il a un poids dans la vie politique.

 

Il est vrai qu’à l’échelle humaine, dans les pays dit « développés » depuis le 19e siècle, ces changements prennent une importance considérable, modifient les conditions de vie de franges entières de la population – par exemple apparition de classes moyennes, disparition de la classe ouvrière industrielle - Mais pour en saisir tout leur sens, toute leur signification, il faut replacer ces changemenst dans le mouvement historique du système et ne pas confondre changement de régime politique et changement de système.

 

Les partis politiques qui se créent à l’occasion de ces changements, certains diront de ces mutations, les figent, par leur bureaucratisation, en des constantes qui se veulent historiques et « intouchables » produisant un discours verrouillé et sectaire. Ainsi se crée une mythologie politique, avec ses exploits, ses dates historiques, ses héros, ses théoriciens, voire ses martyres, qui stérilise la conscience et sclérose toute dynamique de la pensée.

 

C’est exactement la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui.

 

 

LE MYTHE DE LA STABILITE DU SYSTEME

 

 

Cohésion sociale et stabilité du système ne coïncident pas forcément.

 

La stabilité d’un système est l’état de celui-ci qui arrive à stabiliser les forces antagonistes qui l’agitent. Ainsi, les intérêts divergents de la Bourgeoisie commerçante et de la Noblesse dans l’Ancien Régime, l’antagonisme entre salariés et détenteurs du capital dans le système marchand.

 

L’Histoire nous montre qui si l’on peut parler conjoncturellement de la stabilité du système, on ne saurait envisager la chose sur le long terme. En effet, le jeu des contradictions au sein du système, de n’importe quel système, fini par avoir raison de lui.

 

L’Histoire n’a jamais connu de système définitivement stable au sens de son « indépassabilité »… alors que tous s’étaient déclarés « aboutissement de l’Histoire ». Tout le discours officiel, de droite comme de gauche, nous incite à croire à cette fable, brisant ainsi tout espoir de changement qui pourrait remettre en question les fondements du système.

 

En fait, aucun système n’est fondamentalement stable, le système marchand pas plus, mais pas moins, que les autres. La forme d’instrumentalisation de l’individu, aujourd’hui le rapport salarial, si elle est différente des autres formes d’instrumentalisation des autres systèmes, n’en comporte pas moins des éléments déstabilisants… exploitation, exclusion, inégalités, frustrations,…

 

L’apparente relative stabilité du système marchand n’est qu’un « effet d’optique » conjoncturel… Sur la durée il développe des contradictions qui le minent, le fragilisent… il induit des pratiques alternatives qui, à la fois ruinent son crédit et ouvrent des perspectives nouvelles.

 

La cohésion sociale n’est donc qu’un leurre, une illusion entretenue par l’Etat dans la mesure où il peut s’acheter la paix sociale, soit économiquement en cédant à des revendications matérielles, soit idéologiquement en maintenant la masse dans une croyance magique en un « Paradis » ou dans un système dit « démocratique » qui trouve tout de même ses limites lorsque les intérêts du système, aujourd’hui du Capital, sont menacés.

 

Quand tous ces artifices ne marchent pas, ou ne marchent plus, il a recours au seul moyen qui lui reste : la violence, la répression.

 

 

Au niveau d’une vie humaine, et en l’absence de recul historique, l’illusion joue à plein pour faussement rassurer le citoyen et en faire l’élément inconscient d’un conservatisme qui assure au système sa pérennité.

 

La bonne foi de celui-ci n’est pas mise en question, seulement la pertinence de l’observation et de ce qu’est véritablement l’Histoire.

 

 

Septembre 2009   Patrick MIGNARD

 

Voir aussi :

 

« INERTIE DES CONSCIENCES ET CHNAGEMENT SOCIAL »

 

« VERS UNE SOCIETE POLICIERE ? »

Ecrit par PatrickMignard, à 12:38 dans la rubrique "Pour comprendre".



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