--> Chronique de la situation du 4 novembre, 17 heures, au 5 novembre, 2 h 25. (soit de minuit à 9 h 25 le 5 novembre, heure de Paris)
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CSPCL : "17 heures. Au barrage de Nochixtlán, le plus important (il y en a d’autres). Près de mille éléments de la PFP fouillent, questionnent et enregistrent les personnes qui passent par là. Le barrage est une violation flagrante du droit à la libre circulation. La PFP est anticonstitutionnelle. Si, comme le disent les mass-médias de communication, la situation à Oaxaca se limite à un seul quartier, ou à l’UABJO [Université autonome Benito Juárez, ndt], pourquoi y a-t-il un barrage à 40 kilomètres de la ville d’Oaxaca ?
17 h 01. La caravane de soutien à Oaxaca qui est partie de la ville de Mexico passe le péage de Puebla ; l’enthousiasme grandit.
17 h 49. Pendant toute la journée, des avions de type boeing de la PFP ont survolé la ville d’Oaxaca, et la PFP se repli en dehors de la ville. (la question est simple : pourquoi le font-ils, vont-ils chercher du renfort ?). Il y a aussi une avionnette de reconnaissance qui survole depuis 15 minutes.
18 h 04. Radio Universidad continue à transmettre sur le 1400 am dans la ville d’Oaxaca. On signale qu’il y a un barrage à Huitzo, avant d’arriver à Telixtlahuaca et Etla, à 30 minutes d’Oaxaca.
18 h 50. Dans les stations, on refuse l’essence à la caravane qui se dirige vers Oaxaca ; la PFP a donné l’ordre qu’aucune station-service ne vende de combustible aux membres de la caravane qui se trouve pour le moment arrêtée à Chachapa, Puebla.
19 h 43. Radio universidad est bloquée, tant sur la fréquence am que sur Internet. Il y a deux antennes bloquées ; elles ont été localisées, mais sont fortement protégées par la PFP.
20 h 24. La caravane qui se rend à Oaxaca se trouve vers Tehuacán, Puebla ; elle fera un arrêt à Huajapan de León pour secourir les 8 autobus qui sont retenus à cet endroit par des membres de la PFP.
20 h 52. Un convoi de 6 camions pleins de PFP et 12 camionnettes de type pick-up ont été vus à la hauteur de Huitzo, en direction de la ville d’Oaxaca.
20 h 56. La Police fédérale des chemins et la fédérale préventive suivent la caravane qui se dirige vers Oaxaca.
21 h 08. À l’entrée de la ville d’Oaxaca, un barrage militaire très important a été installé afin « d’éviter que les groupes qui soutiennent l’APPO ne fassent entrer des armes ou des explosifs dans la ville. »
1 h 50. Dans le discours officiel, et dans les mass médias, il est dit que l’APPO et les compañeros solidaires qui arrivent à Oaxaca agressent la PFP avec des bâtons, des pierres et des cocktails molotov ; cependant, les images montrées à la télévision montrent clairement que l’armée d’occupation a des camions anti-émeutes et des gaz lacrymogènes entre autres armes. Le gouvernement justifie que pour une pierre, il faut un camion anti-émeutes, que pour un cocktail molotov, il faut 10 000 policiers (soldats). Le peuple d’Oaxaca n’agresse pas, il se défend ; Radio Universidad n’incite pas, elle est la voix des Oaxaqueñ@s. Le gouvernement de Fox a signé un grand nombre de traités, en faveur des droits humains, au cours de son mandat.
Il réclame mollement pour le mur de la frontière, mais se tait de toutes ses forces à Oaxaca. Il y a des protestations dans le monde entier contre la répression à Oaxaca et contre URO qui reste gouverneur.
2 heures. 5 novembre. Dans quelques heures, ce sera la mégamarche à Oaxaca, demandant la démission d’Ulises Ruiz. Radio Universidad a convoqué le peuple d’Oaxaca à se réunir au monument Benito Juárez du carrefour de Viguera.
1400 d’Amplitude Modulée. Radio Universidad. Si on s’y branche, la première chose que l’on entend est un synthétiseur qui simule frénétiquement un violon et un aller-retour sur les mêmes tons. Ça dure 30 secondes, et après une coupure arithmétique, un "tu rrún tu rrún tu rrún" d’un tambour, un cri aigu et strident, et de nouveau le violon dans sa frénésie. Il s’agit de l’intervention sur le signal de Radio Universidad. En à peine quelques secondes de silence, on peut entendre, au loin, les voix des locuteurs qui veillent pour continuer à informer le peuple d’Oaxaca de la situation qui se vit actuellement dans cet État de la république mexicaine blessée.
2 h 25. On entend les pétards de reconnaissance entre barricades. Des tirs lointains. C’est une nuit de pleine lune, et ceux qui le peuvent à Oaxaca dorment d’un calme tendu, d’autres veillent, supportant le froid de la nuit, pour éviter que la prise de la radio ne se convertisse en la prise des installations, ce qui amènerait sans aucun doute une arrestation de ceux qui, dignement, ont soutenu ce moyen de communication au service du peuple et de ses luttes.
2 h 25. La caravane est arrivée à Huajuapan, son pas est sûr, ils vont bien. Ils sont reçus avec un dîner (ou petit-déjeuner anticipé) et vont décider s’ils continuent ou dorment un peu.
Centro de Medios Libres,
http://vientos.info/cml/
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Où est la caravane ?
Par Juan Pablo Romo, 5 novembre, 3 heures.
Ce matin, à 11 h 30 précises, Radio Universidad annonçait qu’à Mexico, une caravane de compañeros partait en direction d’Oaxaca, dans l’intention de soutenir le mouvement du peuple d’Oaxaca, et de manifester sa réprobation face à la situation de violence et d’état de siège qui se vit dans cette ville, principalement depuis l’arrivée de la Police fédérale préventive (PFP) le samedi 28 octobre dernier.
Cette caravane est partie de l’Hémicycle à Juárez dans le District fédéral (Mexico) et avait comme objectif d’arriver vers 5 heures du matin ; cependant, vers 16 h 30, les rumeurs disant qu’ils avaient été arrêtés sur le trajet se confirmaient ; le Collectif juridique contre la répression à Oaxaca, signalait que la caravane en question avait été retenue dans la ville de Nochixtlan, qui se trouve à 45 minutes de cette ville.
Selon les informations données par les représentants de divers groupes de droits humains, la caravane qui se composait de 12 autobus qui transportaient des compañeros de plusieurs universités, ainsi que d’organisations comme le Front communal en défense de la terre, le Front Francisco Villa, l’UNAM (Université nationale autonome de Mexico), l’IPN (Institut polytechnique national), l’ENAH (École nationale d’anthropologie et d’histoire), l’Université autonome de Chapingo, le collectif CLETA (Centre de libre expérimentation théâtrale artistique) entre autres, avait été retenue dans une opération montée par la PFP et l’armée mexicaine, pour laquelle près de 500 éléments avaient été utilisés.
Ainsi, on informait qu’on les empêchait de faire le plein d’essence, ce qui fait que vers 5 heures de l’après-midi, une commission de défense des droits humains, ainsi que des journalistes, allaient se rendre à cette ville pour superviser et participer comme observateurs de la situation.
En ce moment, à presque 2 heures au matin du 5 novembre, l’information sur le trajet de la caravane est très réduite, puisque le seul moyen de communication (Radio Universidad) qui pourrait donner des informations, est constamment saboté et bloqué par le personnel de la SCT (Ministère de la communication et des transports), ce pourquoi nous demandons à tous les compañeros d’être attentifs à cette situation et de s’informer de façon régulière de ce qui se passe.