Choses vues, choses dites
Slogan : Turquie, oui ! Constitution, non ! : Content d’entendre un loustic sarkosien se prononcer pour le oui à la Constitution européenne et le non à l’accession de la Turquie à cette Europe constitutionnelle, car cela me conforte dans mes propres choix, qui se situent exactement à l’inverse, ce qui tombe bien, car, en dehors des fonctions communes à l’espèce humaine, je n’ai vraiment rien à voir avec le futur roi de France.
Non à l’Europe des Etats et des multinationales qui s’assiéront
gaillardement sur la Constitution à chaque fois que ça leur conviendra,
aux motifs sacrés de la souveraineté nationale ou des impératifs du
business, tandis que le citoyen ordinaire n’aura d’autre alternative
que de se plier aux oukases du pouvoir bureaucratique ou économique au
son du « on n’y peut rien, c’est inscrit dans la Constitution de
l’Europe, hein ! si vous n’êtes pas content, rassemblez un million de
signatures, plaignez-vous ensuite à Strasbourg et avec un peu de pot,
vous serez entendu d’ici dix ou quinze ans ».
Et oui à l’entrée de la Turquie dans cette même Europe, tout simplement
parce qu’elle s’y trouve déjà : des centaines d’entreprises
euro-occidentales ont installé leurs ateliers et manufactures dans ce
pays, tandis que symétriquement des millions de travailleurs turcs
triment à l’Ouest, dans les usines européennes pas encore délocalisés ;
puisque les Turcs sont déjà nos larbins, comment refuser qu’ils
deviennent nos partenaires sans avouer implicitement que c’est comme
larbins qu’ils nous conviennent ?
Elmer Gantry*
Philippe Douste-Blazy, toujours aussi émouvant, s’est déclaré « très en
colère » le 10 février contre « la poignée » de pharmaciens soupçonnés
d’avoir re-commercialisé des médicaments a priori recyclés dans le
dispositif Cyclamed, qui a pour objet de diriger vers les pays pauvres
les produits pharmaceutiques inutilisés non encore périmés et de
détruire les autres.
Ces pharmaciens sont 21 sur un échantillon de 95, et, considérant que
40 de leurs confrères sont suspectés de « dérapages », cela nous fait
donc 61 potards présumés malhonnêtes sur la population considérée, soit
en gros 64%.
Comme le ministre de la Santé paraît ignorer ce qu’est une projection
statistique, nous nous ferons un plaisir de lui apprendre que ces
chiffres, rapportés aux 23 000 officines ouvertes en France, valident
l’hypothèse de 14 720 pharmaciens douteux, dont 5060 susceptibles
d’être poursuivis.
Pour Philippe, il s’agit d’une « poignée » ; pour nous, d’un grand panier… de crabes.
*charlatan héros d’un bon film de Richard Brooks, réalisé en 1960 avec Burt Lancaster dans le rôle titre
Peur sur la ville
Décédé le 12 février à 78 ans dans sa gentilhommière normande, Monsieur
Alfred, truand de haute lige et ancien directeur général du pétrolier
Elf, a-t-il confié à un coffre-fort ami, puisqu’il est admis qu’un
linceul n’a pas de poches, un testament où figureraient ces fameuses
révélations susceptibles « de faire sauter cent fois la république »,
ainsi que s’en vantait naguère le prévenu Sirven ?
Pour l’instant, mystère, et une charrette de financiers, ministres,
anciens ministres et autres hauts fonctionnaires qui espèrent sans
doute que celui-ci s’épaissira plutôt qu’il ne se dissipera.
La taqueutaqueutique du gendarme
Ainsi, les élections voulues par le « libérateur » étasunien (pour
mémoire, le risque de mourir au quotidien sous administration Ubush a
été multiplié par 58 par rapport au régime baasiste) ont amené à
l’Assemblée constituante une majorité chiite pro-iranienne secondée
d’une forte minorité kurde pro-autonomiste (en espérant mieux,
l’indépendance) susceptible de déchaîner les foudres de la Turquie, le
meilleur allié des USA dans la région, tandis que les fidèles de Saddam
et les amis de Ben Laden continuent de faire péter tout ce qu’ils
peuvent.
Ces sacrés impérialistes sont effectivement de redoutables
manipulateurs, mais plutôt dans le genre du Dr Frankenstein que dans
celui de Machiavel.
La fièvre du jeudi soir à Riyad
Selon le quotidien Libération « les sept candidats ayant remporté les
municipales de jeudi 10 février à Riyad, la capitale du Royaume, se
révèlent être des islamistes selon plusieurs analystes, dont le
quotidien Arab News ».
C’est assez impressionnant pour qu’on le remarque, car des islamistes
qui remportent des élections –à l’impact politique ultra limité- en
Arabie saoudite, c’est un peu comme si des jésuites gagnaient le
pouvoir au Vatican, comme si George Ubush The 1st était remplacé à la
présidence des Etats-Unis par Franklin Graham, son prédicateur favori,
ou comme si les Britanniques débarquaient la reine pour introniser à sa
place l’archevêque de Canterbury. C’est dingue comme révolution, non ?
Vous aimez le racket ?
Au début de la précédente décennie, la débacle du Crédit lyonnais,
alors établissement public, a déjà ratissé, via l’impôt direct et
indirect, une coquette somme à chaque citoyen, sans lui rapporter une
tune une fois la banque remise en selle, et ce n’est pas fini : six
milliards de bucks* se jouent au poker menteur entre coquins en ce
moment en Californie à travers le procès consécutif à la faillite de
l’assureur Executive Life, ex-propriété du Lyonnais et de la société
Artémis de François Pinault, lesquels ont dégagé de la boîte, quand
elle allait bien, quelques milliards de dollars de bénéf’ dont vous
n’avez jamais vu la couleur, selon l’adage, plus que jamais d’actu, qui
veut que le risque soit public et le profit privé.
D’après un avocat de la partie française interrogé dans Le Monde du 16
février, « nous jouons à la roulette russe dans ce procès; il n'y aura
pas de demi-mesures. Ce sera tout ou rien. Soit nous gagnons et ne
déboursons rien de plus que les 771 millions déjà payés, dont 560
millions de provisions pour le civil. Soit nous perdons, et ce sont des
milliards de dollars de plus pour le contribuable français, avec les
conséquences politiques que l'on peut imaginer. »
Quel alarmiste, celui-là ! justement, on n’imagine rien, vu que le
précédent crack de l’établissement financier n’a pas coûté un sou, et
encore moins sa place, à aucun responsable politique d’envergure.
Pourquoi redouter que ça change ? les Français sont des bons zigues,
ils raquent l’addition pour le bouvier, puis ils rentrent sagement à
l’étable, en meuglant un peu pour la forme.
*Aux dernières nouvelles, un accord à l’amiable -preuve s’il en fallait
que nos amis d’outre-Atlantique demeurent des maîtres dans l’art du
bluff- ramènerait l’addition aux alentours de six cents millions de
dollars (accord dont Artémis est pour l’instant exclue).
Bon, 771 plus, mettons 600, ça nous fait seulement 1371 millions, dont
475+225, soit 700 de la poche du contribuable et le reste de celle des
actionnaires. On a eu chaud ! finalement, les politiques jamais
inquiétés dans cette affaire, on va finir par les remercier !
Du berger à la bergère
Alors que Le Monde sous-entend qu’Edouard de Rothschild serait devenu
de fait le nouveau patron de Libération, Serge July réplique que le
financier ne dispose « que » de 40% des voix au conseil
d’administration (Serge oublie de préciser qu’avec une telle minorité,
il n’est pas si improbable « d’acheter » aux autres actionnaires de
quoi faire une majorité, mais bon, tout le monde l’aura compris) tandis
que son propre journal se délecte de la difficile recapitalisation du
quotidien du soir empêtré dans la nasse de ses dettes et des guerres
picrocholines qui se poursuivent au cœur de la rédaction après le
départ de Plenel de la direction de l’info.
A suivre : le droit de réponse indigné de Colombani dans Libération.
Usual suspects
Alors que tous les regards officiels se tournent vers la Syrie afin de
désigner le commanditaire de l’assassinat de l’ex-Premier ministre
libanais Rafic Hariri, homme fort (riche) de l’opposition à la présence
syrienne au pays du Cèdre, nous comptons fermement sur les camarades
stalino-baasistes de la webpresse pour révéler l’identité des vrais
coupables : la CIA et le Mossad, comme d’habitude.
Cohérent
Hervé Gaymard, ministre de l’Economie et grand producteur de futurs
énarques, a déclaré le 13 février qu’il croit « qu'il faut se
désintoxiquer de la dépense publique. Il faut la maintenir et même la
renforcer, je n'hésite pas à le dire, là où elle est nécessaire, mais
accepter qu'elle baisse sur des actions moins prioritaires ».
De toute évidence les 14 000 euros mensuels du logement* de 600 m2
occupé par la famille (nombreuse) Gaymard ne font pas partie des
actions « moins prioritaires » de la dépense publique ; au contraire,
on imagine que le ministre la renforcerait bien jusqu’à 800 m2 (piscine
comprise) et 20 000 euros, ce qui l’autoriserait, puisqu’il a la fibre
sociale, à faire passer de cinq à sept ou huit les membres du personnel
d’entretien des locaux.
* devant le tollé général, deux jours plus tard, les Gaymard déménagent
(comme ça, si vite ? pour où ? dans un foyer pour nécessiteux ?) et
Raffarin plafonne la surface habitable aux frais de l’Etat de ses
ministres à 80 m2 plus 20 m2 par mioche, ce qui nous donne tout de même
240 m2 pour la famille Gaymard, soit nettement mieux que les 30 m2
occupés par la famille Hocine ou Mbala à Drancy.
L’explication du ministre, « quand on travaille 120 heures par semaine,
on n'a guère le temps de chercher un appartement », véhicule deux
messages à l’attention du petit peuple : un ministre de l’Economie, ça
n’est pas aux 35 H comme les fainéants qui poussent la France dans le
gouffre, et, comme ça n’a pas le temps de chercher un appart’, ça prend
ce qu’il trouve, 600 m2 dans le quartier des Champs, par exemple.
Déclin express
Les grandes entreprises qui ne rêvent que de recréer le servage en
supprimant le salaire minimum comme les contrats de travai
sécurisants,Total, L’Oréal, Arcelor, Renault, Société générale, BNP
Paribas, pour ne citer que les plus importantes et les plus prospères,
ont dégagé l’année passée des profits records (jusqu’à +143%) alors
même que le taux de chômage, que certains prétendent encore sans rire
lié à la bonne santé de l’économie, n’a jamais cessé de flirter avec
les 10% officiels (soit 4% à 5% de plus en réalité).
Moralité, comme le ressassent les Cassandre de l’ultra libéralisme, tout va mal.
Mais pas pour tout le monde.
Mathias Delfe
|
Anonym3
|
Content d’entendre un loustic sarkosien se prononcer pour le oui à la
Constitution européenne et le non à l’accession de la Turquie à cette
Europe constitutionnelle, car cela me conforte dans mes propres choix,
qui se situent exactement à l’inverse Donc le loustic sarkosien est une référence (dans le négatif) pour toi ? Dans le genre "Tout ce qu'il fait ou dit n'est pas bon, et je fais ou dis le contraire pour ne pas être confondu avec ces loustics..." ; ou c'est une confusion que j'ai lu ?
Non à l’Europe des Etats et des multinationales qui s’assiéront
gaillardement sur la Constitution à chaque fois que ça leur conviendra Ce qui veut dire (car elle est confuse cette phrase) que la constitution, sans eux, ça irait bien ? Et pour une europe sociale (avec l'État régulateur : genre discours LCR et ATTACistes ) ? etc...
Répondre à ce commentaire
|
à 22:50