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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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CHIRAC promulgue la loi
lu sur collectif-rto : "Après 2 mois de mobilisation, après des semaines de montée en puissance de l’opposition à cette loi, après que la presque totalité des facs soit occupées, que plus des 600 lycées soient bloqués avec le soutien des parents d’élèves, après que 3 millions de personnes se soient mobilisées le 28 mars, Chirac, en promulguant cette loi, prononce une véritable déclaration de guerre civile.

Même les corps intermédiaires, les instances de médiation, les syndicats ultra collabos comme la CFDT ou la CFTC sont renvoyés dans les cordes.

Même l’inoffensif Secours catholique qui a critiqué le CPE est renvoyé à ses bonnes œuvres.

Dans cette nouvelle configuration, il y a d’un coté un gouvernement à bout de souffle (mais prêt à tout pour défendre sa peau à commencer par les 2 têtes de l’exécutif), quelques dizaines de députés, une fraction ultra-minoritaire de l’opinion et de l’autre plus de 80% de la population qui rejette le CPE, l’ensemble des syndicats, le monde associatif, la jeunesse scolarisée, la principale organisation de parents d’élèves….

A ce gouvernement extrêmement affaibli, il ne lui reste qu’une vague légitimité légale, un soutien dans une partie des médias et… les forces de répression.

C’est, au passage, ce qui s’appelle une situation objective ouvrant potentiellement une crise politique majeure de type révolutionnaire.

Dès la décision prise de promulguer la loi, le combat contre le CPE va changer de nature.

Il ne s’agira plus de demander le retrait d’une loi mais de se battre pour obtenir le retrait d’un gouvernement. Il ne s’agira plus de faire semblant de participer à un "jeu démocratique" avec ses règles, ses codes où les "adversaires" jouent un "rôle" prédéterminé et sans surprise. Comment supporter, admettre qu’un Chirac prétende nous imposer une loi (qui est celle des patrons) alors qu’il devrait croupir en prison depuis longtemps pour de longues années ! Comme le disaient les milliers de jeunes qui ont bloqué les TGV à la gare de Lyon à Paris : "Chirac en prison, De Villepin démission !"

Comment gagner ?

Des AG interprofessionnelles étudiants/lycéens/chômeurs/salariés

Le mouvement doit continuer de s’appuyer sur la dynamique principale qui est celle des étudiants et des lycéens. A partir de ces lieux d’organisation, de lutte, de prise de parole que sont les facs occupées, il est essentiel que l’unité du mouvement se traduise dans son organisation concrète. Dans plusieurs villes existent déjà des AG de villes, ou des AG interprofessionnelles, rassemblant étudiants, lycéens, chômeurs, précaires, intermittents, salariés du privé comme du public. Ces AG sont à la fois des lieux de débats, d’expression de la diversité des points de vue et des protagonistes mais aussi instances décisionnelles : faire telle manif, tel blocage, telle occupation d’une administration… Ce sont des lieux de la démocratie directe qu’il convient naturellement d’opposer à l’autoritarisme de l’Etat-UMP.

L’extension et la globalisation du mouvement sont une garantie d’un meilleur rapport de force. Cette extension ne peut se réaliser qu’à la base, par des liens directs noués à l’échelle d’une ville ou d’un quartier pour les plus grandes métropoles.

La grève générale

Mardi 4 avril s’annonce comme la seconde journée d’action/grève interprofessionnelle. Face à la détermination de l’équipe Chirac-De Villepin, l’objectif n’est pas de rassembler 1 ou 2 millions de personnes de plus. Même avec 5 millions de manifestants on peut faire le pari qu’ils ne céderont rien. Dans ce contexte il n’y a d’autre solution que de se hisser au niveau de la détermination de l’adversaire. Le seul langage qu’il pourra comprendre, c’est celui de la force ; de la mobilisation générale, c’est-à-dire celui de la lutte sociale, ouverte, frontale, générale avec des arrêts de travail d’une durée illimitée, le blocage de la production et des échanges, la paralysie progressive du fonctionnement économique et administratif.

Seulement voilà, une grève générale ne se décrète pas : elle s’organise sur le terrain. Par la convocation d’Assemblées Générales dès lundi matin, par des prises de parole, par l’organisation de piquets de grève, par des liaisons directes étudiants-salariés. Lundi matin, au plus tard mardi, les AG devront avoir comme proposition : la grève générale reconductible à partir du mardi 4, et ce jusqu’au retrait du CPE ou la démission du gouvernement....

Dans ce cas, les étudiants, lycéens, salariés déjà en mouvement peuvent avoir la bonne idée d’aller faire débrayer les salariés : dans plein d’entreprises et d’administration, ils ne demandent pas mieux !

Ce qu’il faut dire aux salariés, aux parents, à ceux qui hésitent à s’engager dans une lutte ouverte, ce n’est pas seulement qu’il est important d’être solidaires des "jeunes" mais qu’il faut aussi combattre le CNE (qui est une sorte de CPE sans limite d’âge dans les petites entreprises, qui ne l’oublions jamais sont celles qui recrutent le plus) et que si on laisse passer le CPE dans un tel contexte de mobilisation, alors demain les gouvernements pourront faire passer n’importe quoi, avec encore plus de précarité, par exemple avec le fameux "contrat unique" (inique !) qui ne sera rien d’autre qu’un CPE pour tous (c’est le rêve du Medef et le programme de Sarkozy...)

Occuper l’espace public

Dans une société médiatique comme la nôtre, dans une société qui se dit démocratique, l’espace visuel, sonore, géographique, social revêt une importance particulière. Si ce n’était pas le cas, les médias ne consacreraient pas autant d’efforts à nous abreuver d’informations inessentielles et à taire ce qui pourrait susciter réflexion, interrogation, indignation, révolte…

Cette bataille de la visibilité est essentielle. La lutte existe aussi parce qu’on la voit, parce qu’elle est repérable (et joignable) dans un espace social qui, dans le cas d’une telle confrontation, devient automatiquement un espace politique, porteur de signification.

Occuper les rues, les places, les jardins. Les centre-ville et autres rues piétonnes.

Occuper encore et toujours les facs, les lycées, les lieux de travail et en faire des pôle de résistance, ouverts, des lieux de rencontre, de circulation, de plaisir, de rencontre, d’élaboration collective, de démocratie, de fête, de subversion.

Occuper et ouvrir de nouveau lieux. Squats, centres sociaux occupés. Parce que la lutte contre la précarité ne se réduit pas à une stricte question de contrat et de salaire mais aussi de mode de vie, d’appropriation de l’espace, d’expérience de vie collective, solidaire, des questionnements par rapport à des modes de consommation, d’habitat….

Dans tous les cas, la lutte contre le CPE est en train de dévier de son axe original. Les dizaines de débats organisés dans les facs, les prises de consciences qui s’opèrent sur la réalité économique de la société, l’expérience des prises de paroles et de décision au cours d’AG parfois interminables, le véritable visage d’un pouvoir intransigeant qui impose sa politique par la violence policière et les poursuites judiciaires, tout un ensemble de facteurs reconfigure les données, acteurs et enjeux de cette lutte.

Il ne s’agit pas ici de commenter l’état des choses. Mais plus simplement d’indiquer quelques éléments susceptibles d’orienter la réflexion et l’action.

Car dès samedi, dès lundi, l’épreuve de force est à l’ordre du jour.

Nous saurons relever le défi.

Ce n’est qu’un début…

Ecrit par patrick83, à 20:34 dans la rubrique "Actualité".



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