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Lu sur Non-senz :
Devant ce vide éducatif, les représentants du Ministère de l'Education Nationale ne nous proposent que le discours totalitaire de la pédagogie: il est opposé à toute demande, toute suggestion, à la formulation de toute problématique.
A la lumière de ce qui précède, c'est un discours triplement aberrant. La première aberration est temporelle et sociologique: la pédagogie ne se pose pas la question de son efficacité fonctionnelle. L'éducation n'est «réussie» que si l'homme ou la femme produit par son éducation est capable de remplir son rôle social, trop souvent réduit à sa dimension économique: ce rôle est aussi de conduire correctement l'éducation de ses propres enfants. Cet aspect éducatif de la réussite sociale de l'ancien enfant ne se perçoit pas avant sa trentième année et il en faut cinquante à soixante pour que la société soit affectée de façon perceptible par une quelconque réforme éducative: le délai qu'il a fallu, au début de ce siècle, pour transformer une masse de petits paysans en une clientèle électorale de facteurs et autres fonctionnaires.
Il n'existe aucune tentative d'évaluation de l'effet d'une quelconque «réforme de l'enseignement» sur le comportement de l'ancien enfant: toutes les évaluations se limitent à son impact sur le fonctionnement du système scolaire.
La seconde est psychologique.
«Tous les spécialistes, éducateurs et médecins, s'accordent pour affirmer qu'après 45 minutes, l'enfant de l'école élémentaire n'est plus capable d'attention». Il suffit d'avoir observé ces mêmes enfants dans un jeu difficile, comme ceux que l'informatique leur propose, pour s'apercevoir que, soutenus par leur intérêt, ils sont capables d'y jouer plusieurs heures d'affilée. Les apprentissages ludiques ou laborieux des petits bigoudens portent le même message.
Cette aberration se retrouve chez Piaget qui a «montré» qu'avant l'âge de 7 ans, l'enfant est incapable d'abstraction et de socialisation. Il a été démenti par Papi, qui a fait pratiquer la théorie des ensembles à des enfants de 3 ans et par Hubert Montagner (1986) qui a étudié la socialisation des enfants de crèche. Piaget avait étudié la socialisation de ses propres filles, dans la société suisse qui affirme qu'avant six ans il ne faut pas mettre les enfants à l'école: ce qu'il a vérifié, c'est la plasticité de l'enfant, sa capacité à répondre à la demande autoritaire et normative des éducateurs pré-scolaires; ce qu'il a montré, c'est que la logique des systèmes homéostatiques complexes réside parfois hors du sous-système étudié.
Dans une société comme la nôtre, dont le phénomène autorité organise toutes les relations interpersonnelles, l'effet-Pygmalion-qui-n'existe-pas-tous-les-enseignants-vous-le-diront (Rosenthal et Jacobson, 1968) est une composante indispensable du simulateur d'extérieur de tout enfant: ou il apprend à se placer par rapport à l'autorité, ou il est inadapté à la société dans laquelle il vivra et on reproche assez leur laxisme aux parents démissionnaires.
Se placer par rapport à l'autorité, c'est être capable de percevoir le désir de l'adulte, et plus tard du supérieur, même s'il est démenti verbalement. Cette gestion du non-dit est une composante de l'éducation, la cause profonde de l'ascèse qu'elle réclame; le psychologue parlerait de contrôle du contre-transfert.
Certes, il est possible de fonctionner de façon non-autoritaire et c'est la grande leçon de A.S. Neill, dont l'école de Summer Hill a fonctionné durant 38 ans. Nous y reviendrons plus loin.
La troisième aberration est méthodologique... et autoritaire: elle vise à masquer les carences ci-dessus évoquées par une autorité qu'elle tirerait de l'expérience.
La pédagogie bureaucratique, celle qui définit depuis Paris les méthodes à appliquer dans toutes les écoles de France, est fondée sur l'effet-Pygmalion-qui-n'existe pas-tous-les-enseignants-vous-le-diront.
En effet, elle tire son autorité d'expériences qui se réclament des SCIENCES DE L'ÉDUCATION (au pluriel et avec majuscules) et relèvent toutes du même modèle: un groupe expérimental, chouchouté, mis en condition, est comparé avec un groupe témoin qui végète dans la grisaille normale de l'institution. Par effets Hawthorne (Ce nom provient de la Hawthorne Works de Chicago, où, dans les années 20, Elton MAYO étudia l'effet de différentes modifications des conditions de travail sur la productivité. Il devint vite évident que l'important était surtout que le personnel sente qu'on s'occupait de lui: tout changement le concernant, même fictif, augmentait sa productivité) et Pygmalion réunis, le succès de l'expérience est assuré; si sa généralisation se révèle ensuite impossible, ce serait seulement parce que les élèves et/ou les enseignants seraient de mauvaise qualité...
Le procédé n'est pas neuf; c'est ainsi que la méthode globale a été imposée avant guerre déjà (La faiblesse épistémologique de ces «recherches» n'implique évidemment pas que leurs conclusions soient fausses: il est seulement impossible d'affirmer qu'elles sont valables. L'un des sommets de cette manipulation (parce que cette fois là elle était, sinon consciente, du moins à la limite de la conscience), c'est l'expérience de Paris VII sur «L'ENRICHISSEMENT COGNITIF PAR LA METHODE DE FEUERSTEIN». Dans ce cas, les enseignants avaient été chauffés longtemps à l'avance et les résultats étaient tellement probants que «les enfants utilisaient le vocabulaire même de FEUERSTEIN pour parler de leur expérience». Comme si une des règles de l'expérimentation en psychologie n'était pas de ne jamais écouter là où on a parlé : pour éviter les phénomènes d'écho, c'est à dire l'impact de l'autorité du chercheur: l'effet Pygmalion). L'expérience EVALUATION LECTURE, qui se termine, sans constituer réellement un contre exemple méthodologique, n'en est pas moins rassurante ou inquiétante selon le credo de l'observateur: la comparaison de classes «témoin» ou «expérimentales», toutes volontaires, s'est révélée «non-signifiante»; il a fallu aller chercher du côté de la personnalité des enseignants pour trouver un petit quelque chose susceptible de «sauver la recherche». Apparemment les «A.S. Neill» ne sont pas encore produits en série... et l'efficacité de la pédagogie bureaucratique est à rechercher dans une composante pédagogique qui n'existe pas pour les bureaucrates...
Vide pédagogique, sociologique, psychologique, méthodologique: que reste-t-il de l'autorité de la pédagogie officielle et bureaucratique?
II ne faudrait toutefois pas en déduire que le système scolaire serait à jeter aux orties. II est formé d'une population diverse parmi laquelle existent encore nombre d'éducateurs authentiques, Maîtres es art de l'éducation, capables de subvertir l'institution pour obtenir des résultats malgré le cadre «pédagogique» aberrant qui leur est imposé. Inconvénient l'efficacité résiduelle du système scolaire suffit pour donner bonne conscience aux bureaucrates et permettre la censure de la problématique.
Malheureusement pour les élèves et la collectivité, il y existe aussi nombre de préposés scolaires, qui font instit ou prof, comme d'autres font pâtissier ou éboueur. Les mauvais enseignants ne sont pas une nouveauté; il y en a toujours eu et il y a toujours eu dans cette profession, comme dans les autres, un certain nombre de névrosés qui agressent ceux sur qui ils ont autorité.
Les agressions de plus en plus fréquentes d'enseignants par des élèves ou leur famille, leur caractère parfois impersonnel, semblent indiquer qu'un seuil critique est près d'être franchi et que le métier risque de devenir impossible même pour les plus compétents. Ce processus de dégradation accélérée impose une réflexion globale sur l'éducation.
Il y a urgence, mais c'est là que le bât blesse.
Commentaires :
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blog123@yahoo.comYour blog is really very interesting.
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à 05:04