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Lu sur Mille-Bâbords :
I. LES FAITS :
Marie L. a avoué, mardi 13 juillet en garde à vue, avoir inventé l'agression antisémite dans le RER D pour laquelle elle avait porté plainte. Dès sa première déposition, samedi, le ministère de l'intérieur a alerté le chef de l'Etat qui a fait part de son "effroi" avant les premières vérifications.
Lorsqu'elle se présente, dans l'après-midi, au commissariat d'Aubervilliers, Marie L. raconte que six personnes se sont attaquées à elle et à son bébé, peu avant 10 heures, dans le RER D. En fouillant dans son sac à dos, ils ont découvert sa carte d'identité avec son ancienne adresse, dans le 16e arrondissement de Paris. Selon elle, ils lâchent alors que là-bas ne vivent "que des riches et des juifs", lui déchirent ses vêtements, coupent une mèche de ses cheveux, dessinent des croix gammées au feutre noir sur son ventre. Le tout en présence de témoins muets pendant la dizaine de minutes séparant les stations de Louvres et Garges-Sarcelles. En s'enfuyant, ils renversent la poussette de sa fille, Léa, âgée de 13 mois. Les certificats médicaux, établis dans une clinique privée puis dans une unité médico-judiciaire, confirment ses blessures.
Samedi 10 juillet, 19 h 42, la première dépêche.
Alors que Marie L. est entendue pour la première fois, pendant près de trois heures, par les policiers de Cergy-Pontoise, l'Agence France Presse (AFP), informée de l'agression, obtient confirmation auprès de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). A 19 h 42, l'agence diffuse sa première dépêche. "Six hommes ont violemment agressé, vendredi matin dans le RER D (...) une jeune femme de 23 ans qu'ils croyaient juive (...), a-t-on appris samedi de sources policières". La dépêche précise que les agresseurs étaient "d'origine maghrébine et armés de couteaux".
Samedi, vers 20 heures, le ministère de l'intérieur prévient l'Elysée.
Pierre Mongin, directeur du cabinet de Dominique de Villepin, a reçu vers 19 heures une note factuelle de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), synthétisant la plainte et le certificat médical. L'information est transmise sur le champ à Michel Blangy, directeur de cabinet du président de la République.
Samedi, 21 h 54, le communiqué de Dominique de Villepin.
Le ministre de l'intérieur condamne "avec la plus grande fermeté" cette agression "ignoble", "aggravée de gestes racistes et antisémites". M. de Villepin précise qu'il a "donné instructions aux services de police pour retrouver les auteurs dans les plus brefs délais".
Samedi, 22 h 11, Jacques Chirac décide également de réagir dans un communiqué.
"J'apprends avec effroi l'agression à caractère antisémite dont ont été victimes une jeune femme et son enfant, déclare le chef de l'Etat. Je demande que tout soit mis en œuvre pour retrouver les auteurs de cet acte honteux afin qu'ils soient jugés et condamnés." Deux jours plus tôt, au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), il avait lancé un appel au "sursaut" des Français face à la montée de l'antisémitisme et des actes racistes.
Dimanche 11 juillet, dans l'après-midi, Marie L. est de nouveau interrogée par les policiers.
La jeune femme confirme le contenu de sa plainte. Dans la soirée, sollicité par Le Monde, l'entourage de Dominique de Villepin et la direction générale de la police nationale ne nourrissent aucun doute particulier sur sa déposition. Pourtant, de façon informelle, un haut fonctionnaire invite à la prudence.
Dimanche, cascade de réactions.
Le ministre délégué aux anciens combattants, Hamlaoui Mekachera, s'indigne le premier d'"acte odieux, irresponsables et intolérables". Philippe Douste-Blazy lui succède "au nom du gouvernement", avant de reprendre l'examen du projet de réforme de l'assurance-maladie.
Puis, se succèdent, avant midi, Bertrand Delanoë (PS), Marie-George Buffet (PCF), le PS, Noël Mamère (Verts), la Licra, le président de la SNCF, Elisabeth Guigou (PS), François Bayrou (UDF), le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), Jean-Paul Huchon (PS), la LCR...
Sur RTL, Roger Cukierman, président du CRIF, suggère que les imams "fassent parvenir la bonne parole".
Dimanche soir, un appel à témoin est lancé.
"Toute personne qui aurait été témoin des faits (...) est priée de se manifester le plus rapidement possible auprès des services de la DRPJ de Versailles au 01-39-24-71-93", indique le parquet de Cergy. Un jeune homme, prénommé Djamel, contacte les policiers en les assurant qu'un des auteurs de l'agression s'est vanté de son acte auprès de lui. Très vite, il se révèle être un mythomane.
Lundi 12 juillet, la "une" des journaux.
La presse écrite prend le relais des radios et des télévisions. "Le train de la haine", titre Le Figaro. C'est "Une histoire très française", pour Libération. "Indignation après l'agression antisémite dans le RER", rapporte Le Monde.
Lundi matin, Nicole Guedj, secrétaire d'Etat aux droits des victimes, reçoit Marie L. vers 10 heures.
La veille, après un coup de téléphone, elle avait souligné que celle-ci avait "subi un traumatisme psychologique".
Lundi midi, déclaration de Jean-Pierre Raffarin.
"L'antisémitisme est une honte", explique le premier ministre, près de Bordeaux. La veille, il avait adressé une lettre de sympathie à Marie L.
Lundi, 18 heures, rassemblement au métro Belleville, à Paris.
La secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, avait appelé dimanche à un rassemblement contre "la barbarie, l'antisémitisme, les racismes et la xénophobie", à Paris, dans le 20e arrondissement. 300 personnes se joignent à elle. A 18 heures, les élus franciliens manifestent au conseil régional "contre la violence antisémite". Syndicats et associations se retrouvent le soir pour préparer une manifestation.
Lorsque le président de la LDH, Michel Tubiana, apprend que la police s'interroge sur la véracité du récit, la mobilisation est suspendue.
Lundi soir, le doute s'installe.
Ni la police ni le parquet de Cergy-Pontoise ne jugent nécessaire de faire un point sur l'enquête. Lundi, à 19 heures, au ministère de l'intérieur, la traditionnelle réunion des hauts responsables de la police confirme néanmoins le scepticisme croissant. Aucun voyageur et aucun agent de la SNCF n'ont effet confirmé l'histoire. Des responsables policiers confient au Monde : ce récit n'est pas crédible.
II. À LIRE ENTRE MARX ET FREUD : L'ANTISÉMITISME, PRETEXTE ET RÉALITÉ
Le 14 juillet au soir, une brave dame africaine d'Aubervilliers interviewée par Antenne 2 résumait "l'affaire" : "Ce n'est pas bien parce quand il se passera réellement quelque chose, il n'y aura plus personne pour nous défendre !" Cette femme dans sa simplicité n'imaginait même pas que des intellectuels égocentriques, des journalistes, des politiciens tordus, pouvaient depuis des années utiliser la dénonciation de l'antisémitisme contre elle, contre les musulmans, contre les "immigrés" et leurs enfants...
Voici des années que ça dure, on a pratiquement réussi ce qu'on pouvait estimer impossible, à diviser profondément la cause anti-raciste en France, à donner des armes à l'extrême-droite et à couvrir de ridicule par l'excès une cause qui devrait unir tous les démocrates, tous ceux qui rêvent d'un monde juste et humain.
Il s'agirait d'une affaire regrettable comme l'a dit le Président de la République toujours en ce 14 juillet, il s'agirait d'une manipulatrice, dans son piège seraient tombés la quasi-totalité des partis politiques et des médias... Un emballement parti du sommet de l'État... Pas un mot d'excuse ou de regrets sur la stigmatisation dont ont été victimes les jeunes des banlieues, par la manière dont a été alimentée le racisme anti-jeunes, anti-musulman, anti immigré, parce que pendant plusieurs jours dans les cafés, les lepenistes de la France d'en-bas ont très peu parlé d'antisémitisme, dont ils se moquent, mais beaucoup du péril "arabe".
L'hystérie est la grande simulatrice, elle fait "l'intéressante" et s'empare des formes sociétales à sa disposition. Qu'est ce qui a donné une telle puissance de frappe à une pauvre mythomane qui cherchait des appuis en se conformant à ce qu'elle croyait un consensus général, celui qui lui apporterait des amis et un prêt bancaire... Sinon le fait que tout était en place pour une telle dérive...
a) Une parodie de la lutte des classes, un dévoiement
Il y a des victimes dans cette affaire : les populations musulmanes, africaines ou maghrébine des banlieues ouvrières accusées de haïr les juifs et les gens du XVIe arrondissement (on a trop oublié ce trait que l'efficacité hystérique a tout de suite noté)... Mais aussi les juifs dont les appels ne demandaient qu'à être décrédibilisés... Demain, à l'occasion de la prochaine supposée agression anti-sémite se souviendront-ils de cette affaire bâclée qui n'aura servi qu'a entretenir l'hystérie anti-arabe ? Ou est ce que ce ne sera qu'un "mauvais rêve" que chacun s'emploiera à oublier ?
La vision spontanée de ce que sont ces jeunes est sous-jacente à la crédibilité dont a joui immédiatement la jeune mythomane : les jeunes des banlieues sont des fauves, capables de tout, ils seraient animés par une haine raciste, celle des pauvres... Cette haine, cette basse envie, redoublerait ce que ne cesse d'affirmer la même presse sur la "banlieue rouge", les cités populaires. Alors même que toutes les enquêtes sérieuses lui donnent tort, l'extrême-droite aurait son creuset chez les communistes : les ouvriers seraient passés directement du vote communiste au vote Le Pen... Toutes les études statistiques montrent que s'il y a eu un passage de la gauche à la droite, c'est à partir du vote Mitterrand en 81 et pas du vote communiste. Le Pen lui-même s'est laissé intoxiquer et il est venu se présenter à Marseille dans les "quartiers nord" où il a été battu. Alors que le seul élu Le Peniste marseillais, un conseiller général, avait été élu dans les beaux quartiers du 6ème traditionnellement en droite. Le mythe du "rouge-brun" a de multiples racines... On lui ajoute désormais le vert de l'Islam...
Mais revenons à cette haine des pauvres qu'une spécialiste madame Nacira Guénif-Souilamas théorisait dans le Monde le 12 juillet en affirmant que "les opprimés sont devenus les pires oppresseurs" elle répondait aux questions du journaliste Philippe Bernard « L'agression a dérapé à partir du soupçon de judéité porté sur la victime à partir de son adresse. L'antisémitisme peut-il être secondaire dans cette affaire ? ». Dans toute la presse, dans les médias, les "chercheurs" en sciences humaines se répandront ainsi pour décrire la "haine" qui règne dans les banlieues.
Même quand le doute est là sur la véracité de l'affaire on n'abandonne pas le thème, mieux il justifie le dérapage général, ainsi Pierre Marcelle dans Libé du 13 juillet s'interrogeait : "Et l'on ne savait trop s'il conviendrait, en cas d'affubalation avérée, de s'en réjouir ou de s'en désespérer ; de se réjouir de ce que six brutes imbéciles et fascitoïdes en moins sur les rails périphériques, c'est toujours bon à prendre, ou de se désespérer de ce que d'aucuns, confortés par le caractère fantaisiste de cette agression-là, en profitent pour contester la réalité de toutes les autres." Nous voilà prévenus les brutes imbéciles et fascitoïdes continuent à hanter les rails du périphérique dans la tête de monsieur Pierre Marcelle, et si cette histoire de la mythomane a paru crédible, c'est pourquoi au fait ?
Les "regrets" sonnent aussi faux que ceux du Président de la République.
L'éditorialiste du journal le Monde déclare que « Cela s'appelle un mauvais rêve. Durant quarante-huit heures, tout le monde a cru au récit de Marie L., ». Pour Le Monde, tout le monde se résume à ceux qui ont la parole, ses journalistes, les dirigeants politiques opportunistes et les associations sionistes et la France entière est invitée à ainsi endosser ses propres préjugés racistes : « Ce fait divers sonnait trop juste. Comme un révélateur d'une époque marquée par la persistance du rejet de l'autre, la montée des agressions racistes et antisémites, de la violence et de la peur. Comme le signe d'un nécessaire sursaut civique et républicain. ». La censure que ce journal, comme l'ensemble de la presse exerce sur tout autre voix "juive" que celle qui hurle à l'antisémitisme n'est jamais mise en cause... Ni le fait que ce parti pris vient renforcer dans la population française l'extrême-droite, sa haine raciale, sans le moindre bénéfice pour la nécessaire lutte contre l'antisémitisme... Au contraire, ces "juifs" qui se répandent dans les médias sont, eux aussi suspects, trop riches, trop présents, trop bien intégrés à ce monde politicien dont chacun se méfie.
La haine raciale est la pire forme de la haine sociale. Les "pauvres" sont par essence dangereux ? Ce serait comme l'exception et la règle de Brecht, où le maître colonialiste a tué en état de "légitime défense", le coolie qui venait lui donner à boire. Parce que le juge déclare qu'avec ce que le coolie avait subi, il aurait du tuer le maître et non lui porter à boire.
Bien voilà pour les pauvres, mais les juifs ?
L'hystérique nous a tout dit : elle avait besoin d'un prêt bancaire, les juifs vivent tous dans les beaux quartiers... Et nous voici dans les pires clichés de la France juive de Drummond : le juif capitaliste, maniant l'argent et les influences.. On nous rejoue le dévoiement séculaire de la lutte des classes dans des boucs émissaires...
Voilà ce que produit cette propagande non seulement la stigmatisation du jeune beur mais celle du juif qui détient le pouvoir et l'argent, le juif tout puissant dont on s'attire les faveurs en jouant comme lui à la victime. Voilà l'image que nous a renvoyée cette pauvre hystérique. Haine du Maghrebin, de l'Africain, haine du Juif. Car il s'agit de la même médaille et ce que vous prétendez diviser va ensemble pour le meilleur (la lutte anti-raciste) et pour le pire (la haine fasciste).
b) De la panique de la victimisation...
Voici des mois qu'un certain nombre d'entre nous dénoncent les excès de ceux qui dans les médias hurlent à l'antisémitisme dès que l'on met en cause la politique de Sharon, ce sont les principaux vecteurs de l'antisémitisme... L'idée choque et pourtant...
Comment décrire tous ces pseudo-laïques athées qui s'affirment juifs et dénoncent l'Islam religieux comme le mal universel ? En général ils ne peuvent pas supporter l'idée qu'il existe des juifs arabes ou des chrétiens arabes, c'est-à-dire le fait pourtant évident qu'on est juif parce que la famille était reconnue comme telle et pratiquait à travers une religion des formes culturelles spécifiques mais intégrées à la société dans laquelle nous vivions, au point que depuis des siècles il n'y avait plus grande ressemblance entre juifs européens et juifs orientaux.
L'intellectuel, qui intervient dans les médias et usurpe la "parole" juive affirme sa laÎcité voire son athéisme, sa haine est dirigée contre l'intellectuel musulman qui reste religieux comme on l'a vu avec l'affaire Tariq Ramadam, il faut lui arracher son statut intellectuel, pour le ramener au statut obscurantiste de prêcheur... Pour mieux l'identifier au "terroriste". Parce que tout religieux musulman ne peut être qu'un "terroriste", quitte à en passer pour la démonstration par la question féminine, devenue symptôme du "choc de civilisation"... Sur cette base, non pas laïque mais d'un anti-cléricalisme viscéral, ils élargissent les rangs au-delà du judaÏsme, bien que celui-ci reste le centre.
Vous êtes vous interrogé sur ce paradoxe de notre temps, alors même que les religions vont vers la reconnaissance de l'unicité du fait monothéiste, apparaissent comme des lieux de dialogue, nous assistons à un retournement de "la laïcité" vers l'intolérance, vers "le choc des civilisations".
Adorno et Horcqueimer dans la dialectique de la raison ont déjà noté ce retournement des "lumières" vers l'obscurantisme, ils l'ont déjà attribué à la construction du sujet occidental, individualiste, capitaliste. La psychanalyse aujourd'hui poursuivant le travail de Freud sur "le malaise dans la civilisation" décrivent eux-aussi ce retournement des Lumières : « Le projet des Lumières était d'obtenir que nous pensions. Il a été transformé, sous l'influence de l'individualisme triomphant, en une affirmation de soi et de sa pensée. Penser est devenue une activité narcissique de plus. » (1) Pierre Legendre nomme précisément époque post nazie, l'escamotage de la question religieuse, avec pour corollaire, l'oubli du trauma que fut le crime nazi et sa conséquence planétaire, la diffusion idéologie du sujet-Roi comme la devise de guerre du management capitaliste : « I, me, myself »
Mais poussons plus loin la réflexion : Sur quoi ces intellectuels qui renient la religion fondent-ils alors leur statut de "juif" ? Sur quels critères de judéité, l'imposent-ils aux autres "juifs" qui ne leur ont rien demandé : il est clair que c'est sur un fait déjà noté par Sartre, le fait que ce soient les autres, les antisémites en particulier qui créent le juif, sur la victimisation. Celle-ci ne leur a pas fait défaut au cours du siècle, mais la manière dont elle est aujourd'hui mise en avant est de l'ordre de la mythomanie.
Là ils ne sont pas les seuls, nombreux sont ceux qui mordent le trait, Sharon, Sarkozy, le CRIF, etc... Il faut , hors toute vraisemblance que la France entière soit devenue antisémite, il faut jouer avec l'antisémitisme, l'exagérer quitte à lui donner de l'ampleur. Cela frise parfois la folie intégrale, comme ces Français qui disent s'expatrier en Israël parce qu'ils se sentent "insécurisés" en France... Parce qu'Israël leur paraît un lieu de sécurité ? Alors pourquoi construire un mur ?
La mythomanie n'est-elle pas la conséquence de la victimisation plus encore que l'inverse ? Ce n'est pas la première fois que des mythomanes inventent des agressions antisémites, pour ne citer que l'un des plus illustres :
M. MOISE Alexandre se présentant comme secrétaire général de la Fédération sioniste de France, Président de la synagogue sise rue Saint Isaure et porte parole du Likoud en France a déposé plainte le 9 janvier 2004 au commissariat du 18e, en déclarant avoir été l'objet de 2 appels téléphoniques anonymes, la veille au soir, lesquels renfermaient les menaces et propos à caractère raciste suivants : « sale youpin » et « tu vas crever, sale sioniste, tu vas crever ». [...] Les investigations menées notamment auprès d'opérateurs téléphoniques, permettaient d'établir qu'en réalité, l'auteur des messages en question n'était autre que leur dénonciateur en question, M. MOISE Alexandre. Ce dernier a reconnu les faits lors de son audition et confirmé à l'audience qu'il s'était bien adressé à lui-même ces messages expliquant avoir voulu par ces moyens rendre crédibles les menaces et risques qu'il estime encourir du fait de son action publique.
Le communiqué de la Coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient après "l'affaire" sonne vrai : « Faut-il rappeler que le rabbin Farhi a mensongèrement déclaré qu'il avait été poignardé par un individu criant "Allah Akbar", qu'Alexandre Moïse, président de la Fédération sioniste de France, a porté plainte contre les nombreuses menaces qu'il s'envoyait lui-même avant d'être confondu et condamné, que la police a démonté l'histoire de la jeune fille de Montpellier à laquelle on aurait dessiné une étoile juive sur le bras, qu'Elie Chouraqui a manipulé un reportage télévisuel sur le soi-disant antisémitisme d'élèves d'origine maghrébine de Montreuil, que l'incendie de l'école juive de Gagny a été présenté comme un acte antisémite alors qu'aucune preuve dans ce sens n'a été apportée, bien au contraire, et qu'en juin dernier nous avons eu droit à la fameuse affaire d'Epinay où un malade mental a poignardé plusieurs personnes de diverses origines (juive, haïtienne, algérienne et portugaise), ce qui n'a pas pas empêché les pouvoirs publics de ne s'intéresser qu'à la victime juive et à faire croire à un acte antisémite ? Et chaque fois nos gouvernants, relayés par différents dirigeants politiques et journalistes, reproduisent le même schéma qui consiste à ne jamais dénoncer les nombreuses agressions racistes effectivement commises dans notre pays, mais à hurler avec les loups, à afficher leur compassion de manière sélective, en l'occurrence quand le mot "juif" est prononcé, et à se dispenser d'excuses quand il s'avère qu'ils nous ont alarmés pour rien. »
Il s'agit d'un phénomène auto-entretenu comme la panique.... Mais auquel semblent céder les médias dans leur ensemble... N'y aurait-il eu qu'un seul acte antisémite ou raciste qu'il faudrait s'y opposer avec une extrême vigueur. Mais l'excès, la surinterprétation, la tentative pour transformer la France en nouveau IIIe Reich, déconsidère leurs auteurs... Les actes qui sont mis en évidence sont souvent surinterprêtés en particulier par des intellectuels médiatiques qui ne subissent pas le moindre désagrément... Au contraire...
Car les intellectuels médiatiques sont dans la position de la mythomane, ils font "l'intéressant" et s'emparent des formes sociétales à leur disposition, leur présence dans les médias en dépend avec les intérêts matériels afferents. Ils posent cette judéité non religieuse : la victimisation est aussi élection, nous sommes devant un messianisme sans transcendance religieuse dont la finalité est l'exaltation de son propre ego. Le paradoxe est que loin d'être, comme ils le disent effrayés par cet antisémitisme qui ne les atteint jamais dans les salons et dans les salles de rédaction, certains intellectuels paraissent fonctionner à la manière de Dominique Fernandez dénonçant la "banalisation" de l'homosexualité qui lui fait perdre sa "puissance créative"... Il faudrait que pour eux "le juif" garde son statut de victime éternelle.
Libre à eux d'alimenter leur narcissisme de cette manière, d'occuper les plateaux de télé et les colonnes du Monde avec leur monstrueux ego, mais par pitié qu'ils arrêtent de produire de l'antisémitisme pour ceux qui le subissent et ne demandent pas à renouveller l'expérience. Pour poursuivre la métaphore de l'homosexualité, libre à Dominique Fernandez de regretter le temps du secret, celui qui obligeait Proust à raffiner sans cesse l'image littéraire, comme la censure imposait au cinéma holywoodien un jeu pervers avec les codes qui faisait évoluer les recherches formelles.. Mais le pauvre type qui dans sa province était voué à la solitude, aux bandes de brutes qui chassaient l'homo regrette sans doute moins cette clandestinité et ses maledictions. Le fait est qu'il faut un monstreux narcissisme, que penser soit devenue une simple activité narcissique , pour aboutir à une telle identification (sans danger) à la victimisation .
c) De la religion à la "race"...
Mais allons plus loin... Sur quoi ces intellectuels fondent-ils leur adhésion au sionisme, puisqu'il n'ont même pas fait le choix de vivre en Israël ? Qu'est ce qui leur permet de trouver des excuses à la politique d'apartheid de Sharon ? Et au-delà à celle de G.W.Bush en Irak ? Pourquoi choisissent-il d'appuyer cette politique ou tout le moins d'interdire qu'on la critique au point de refuser le terme d'"occupation" que Sharon lui-même emploie, au lieu de soutenir "la Paix maintenant" alors qu'ils s'affirmaient au moins initialement de gauche... Pourquoi leur faut-il se sentir concerné par une telle politique, qu'est ce qui les pousse à s'identifier à celle-ci, voire de là à éprouver une incontestable indulgence pour les folies de Bush et de son administration ? Parce qu'il faudrait défendre le droit à l'existence d'Israël, mais qui propose autre chose que deux États viables, l'application des résolutions de l'ONU ?
L'ouverture d'un dialogue... Toutes choses qu'empêche la politique de Sharon.
Dans cette défense de l'identité qui n'est fondée ni sur religion, ni sur l'appartenance nationale, mais sur la victimisation imaginaire d'Israël, dont l'armée suréquipée en regard de l'adversaire, le gouvernement soutenu dans ses pires errances par la puissance hégémonique mondiale, apparaîssent aux yeux de tous comme un agresseur impitoyable.
N'y a-t-il pas eu un glissement, à partir d'une victimisation qui nie la religion, à partir du narcissisme, de l'individualisme division du capitalisme, la revendication à l'appartenance ne devient-elle pas race ?
Auschwitz constamment démonétisé par la parodie, l'idéologie du sujet-roi, l'intellectuel chez qui penser est devenue une activité narcissique de plus et dont il faut protéger la jouissance à n'importe quel prix comme un privilège, un privilège naturel de classe sur les peuples du tiers monde et les pauvres des banlieues... Attention sous couvert de sionisme, de haine de l'islamisme, de toute religion même, vous êtes en train de produire ce qui n'a jamais existé mais qu'ont voulu créer de tous temps les antisémites : une race juive...
Vous obligez tous ceux qui, comme vous athées, de famille juive, ont toujours considéré qu'ils se définissaient par bien d'autres caractéristiques que leur judéité à dénoncer votre usurpation dans le moule que vous leur fabriquez... Parce qu'ils se sentent pris dans le pire des conservatisme... Parce qu'ils sentent peu à peu des membres de leur famille céder à ce qu'on constate aux USA, un glissement vers la droite, voir l'extrême-droite, le vote juif traditionnellement démocrate sous l'influence de la propagande sioniste y est en train de rejoindre l'électorat le plus extrémiste, le plus antisémite, celui des chrétiens fondamentalistes (Ariel Sharon est venu lui-même à plusieurs reprises inciter cet électorat juif à voter pour les Républicains les plus conservateurs)...
C'est-à-dire à partir d'une menace, largement fantasmée, cette posture intellectuelle revient à créer une communauté non plus religieuse, ce qui est légitime, mais une communauté "raciale" et à la jeter dans les bras de ceux qu'elle croit ses "protecteurs"... Parce qu'elle a accepté de se laisser "racisiser" si je peux employer ce néo-logisme... En refusant de reconnaître dans ce que ce courant politique défend et qui est ce qui l'a toujours opprimé depuis des siècles...
Il faudrait analyser comment on glisse de cette "victimisation" identitaire vers le soutien aux pires conservatismes... Il ne s'agit même plus d'être juif, mais de se reconnaître dans la menace qu'ils subissent. Quand Alexandre Adler se permet sur un plateau de télévision de traiter Aguiton d'Hitlero-troskiste... Quand le MRAP est accusé de défiler aux cris de "mort aux juifs !" Quand Redeker des Temps Modernes se déchaîne dans l'Arche en "accusant les Panglosse de l'altermondialisation", l'ennemi n'est plus l'extrême-droite. Tout ce qui est progressiste, qui a sa manière cherche des voies anticapitalistes (qui ne sont pas nécessairement les miennes) est ainsi peu à peu accusé d'antisémitisme... Finkelkraut si vous l'écoutez bien n'est pas loin d'affirmer que le "véritable danger" aujourd'hui est dans les foules qui se sont rassemblées contre Le pen à la présidentielle.
III- SOCIALISME OU BARBARIE
Car cette idéologie du sujet-roi, cette pensée devenue une jouissance narcissique de plus ne flotte pas en l'air, elle prend aussi sa source dans la béance théorique que l'idéologie néo-libérale génère dans le monde occidental. Cette idéologie opère en résumant le registre de la causalité à des causes matérielles et efficientes, économiques, sociologiques, voire psychologiques, quand la causalité ne prend pas purement et simplement des effets, comme la spatialisation (l'habitat en banlieue) pour des causes.
D'où l'intervention dans cette "affaire" d'une pléthore de sociologues, de politologues décrivant la banlieue venant justifier le fantasmecollectif.
Le néo-libéralisme ne peut pas avancer sur les causes finales (ce à quoi ça aboutit) parce que ses fins ne peuvent pas être dévoilées et rendent nécessaires un écran idéologique : à savoir que la confusion entre démocratie, marché et toute puissance militaire, surlaquelle repose en dernière analyse la "démocratie occidentale", disons plus largement son interprétation actuelle "des lumières"s'exerce aux dépends de l'immense majorité de la population mondiale.
Dans le Tiers-Monde, mais celui-ci est aussi au coeur de notre mande occidental, hier comme aujourd'hui, la revendication économique, celle du développement, est aussi une revendication éthique, selon le mot de Rosa Luxembourg, le choix est entre : " socialisme ou barbarie ". La barbarie est du côté des " valeurs occidentales " qui sont des anti-valeurs, destructrices de l'être humain, associées à l'électronique, la biologie, l'énergie, les mathématiques, etc. Ces productions ne sont pas des marchandises, mais le produit du travail millénaire des hommes de toutes les civilisations reflétant le génie créateur de l'espèce. Les technologies sont converties par l'impérialisme en barbarie technologique de guerre, hier contre le Vietnam, aujourd'hui contre les peuples musulmans. Dans la paix, la technologie est employée pour accroître le profit et rejeter comme des parias les chômeurs. Les industries des pays développés détruisent la couche d'ozone, exposent les êtres humains à la radioactivité solaire, pendant que les multinationales abattent les forêts et entraînent la contamination des eaux. Cette situation objective qui tend à s'aggraver se reflète dans la subjectivité des êtres humains. Seule la montée d'une conscience universelle contre l'usage barbare de la technologie peut sauver le genre humain.
Il s'agit de rendre ce sursaut impossible par la destruction radicale du politique, le politique sous entendant une organisation des communautés humaines que, dans sa pratique, le néo-libéralisme tend à démembrer (classes, nations, syndicats). La représentation du peuple et à fortiori sa participation connaît une crise profonde. L'assise nationale est en crise, et la crise du politique aboutit à une psychopathologie des sociétés occidentales dont "le sujet-roi" avec ses corollaires la pensée simple jouissance narcissique, rupture des solidarités entre générations, mythomanie généralisée, ne sont que des symptômes en déplacement au fil de l'actualité. Pour engendrer cette déréliction, le néo-libéralisme doit renvoyer sans cesse les sujets à leur propre responsabilité ou mieux aux communautés comme groupe de sujets équivalents entre eux. Le communautarisme est un effet de la désagrégation d'une société globale. Il y a deux grandes figures de ce processus, le serial killer, le pédophile à la Dutroux, c'est-à-dire l'individu échappant aux normes humaines, et la communauté comme regroupement d'individus réunis sur la base du fusionnel à partir de l'identification à une sous espèce et dont "le juif" aujourd'hui serait devenu "le porteur" fantasmatique, la victime éternelle du mal lui même établi sur une base fusionnelle, hors norme, l'Arabe", le jeune des banlieues devenu fauve et non sur la base d'une loi qui articule les hétérogénéités. La synthèse de ces deux figures, le serial killer et le regroupement d'individus sur une base fusionnelle donne "le terroriste" dont on comprend mieux alors l'importance idéologique centrale pour les sociétés occidentales (2).
Nous sommes là encore devant l'interrogation d'Adorno et d'Horcqueimer devant la montée du nazisme, pourquoi alors que l'être humain a devant lui les moyens de son emancipation s'enfonce-t-il dans la pire des barbaries ? Pourquoi la Shoa est-elle ainsi parodiée aujourd'hui comme pour être mieux vidée de son contenu réel ? Il faut que cette histoire tragico-comique où la France "d'en haut" s'est mise à délirer serve de leçons : l'anti-racisme ne se divise pas... le juif, l'arabe, le noir, le métis et tous ceux dont on cherche à faire des espèces, des choses, sont condamnés à se battre ensemble... Contre le même ennemi. Parce que justement l'anti-racisme, la lutte contre l'antisémitisme consiste à recréer le politique, l'affirmation de l'hétérogénéité comme base du regroupement humain...
Danielle Bleitrach
(1) MILLER, J-A, Orientation lacanienne III, 6. 9ème séance du Cours. Tout au long de ce séminaire J.A. Miller pointe ironiquement ce que Peter Sloterdijk décrit comme notre époque soit « la compétition des bonnes nouvelles » (conférence à Weimar à l'occasion du centenaire de la mort de Nietzsche en 2000 soit avant que le 11 septembre tendent à devenir un paradigme nouveau qui effacerait « Auschwitz » et ce qu'il en reste...)
(2) cf. Notre article : Danielle Bleitrach et Jack Jedwab : le socialisme du peuple cubain. La Pensée.332. octobre/décembre 2002.p.115.
Danielle Bleitrach
Commentaires :
Anonyme |
questions claires pour réponses claires"N'y aurait-il eu qu'un seul acte antisémite ou raciste qu'il faudrait s'y opposer avec une extrême vigueur." dit Danièle Bleitrach. Entend-elle par là qu'il n'y a pas eu "un seul acte antisémite ou raciste" ?
Quand elle parle de la nécéssaire lutte contre l'antisémitisme, de quel antisémitisme parle-t-elle exactement ? Concrètement ? S'agirait-il d'un antisémitisme virtuel ? Non effectif ? Ou bien y a-t-il un antisémitisme en actes en France aujourd'hui ? Si oui, faut-il comprendre qu'il est le fait de la seule extrème-droite ? Ou alors existe-t-il aussi un antisémitisme venant de jeunes musulmans de banlieues ? Un nouvel antisémitisme, lié au conflit du Moyen-Orient ? Le nombre des actes antisémites est-il en hausse ? Les comptabilisations officielles le disant sont-elles justes ? Sont-elles fausses ? Si oui, faut-il comprendre que ce sont les juifs eux-mêmes qui sont responsables de cette hausse ? Si oui, faut-il adhérer aussi à la thèse connue depuis assez longtemps, que ce sont les juifs qui de tous temps ont été responsables de l'antisémitisme, parce que coupés du reste de la population, sectaires, se prenant pour le peuple élu, capitalistes ? Est-il acceptable que certains se disent juifs sans être pratiquants de la religion juive, ou même croyants ? Y a-t-il des points communs entre les juifs d'Orient et d'Occident : croyances, textes de référence (Torah, Talmud etc...), rituels, fêtes, ou ont-ils été totalement différenciés les uns des autres par la culture des pays où il vivent ? La religion juive a-t-elle un fondement qui la définit ou est-elle le produit de la culture ambiante ? Qu'en est-il exactement du concept de "sous-espèce" qu'utilise Danièle Bleitrach ? La judéité en est-elle une ? Toute connotation liée au concept de "sous-homme" est-elle irrecevable ? Une connotation peut-elle être irrecevable ? Peut-on penser que l'indulgence de certains pour la politique de Sharon a des points communs avec l'indulgence d'autres pour l'antisémitisme venant d'islamistes de banlieues ou d'ailleurs ? Si oui, peut-on envisager qu'on en finisse avec ces deux types d'indulgences ? Le concept de négationnisme doit-il être limité à la négation de la Shoah ou peut-il être étendu à d'autres types de négations ? Est-il par exemple applicable aux deux types d'indulgences précitées et peut-on dans ce cas parler de négation de la criminalité de la politique de Sharon, et de négation de la progression de l'antisémitisme d'origine islamiste ? Des réponses claires à ces questions claires éclairciraient le propos de Danièle Bleitrach. Répondre à ce commentaire
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à 00:09