Lu sur
CQFD : "En Guyane, où les manies de la bureaucratie coloniale ont toujours
cours, tout est fait pour que les indigènes ne se sentent pas chez eux.
La politique du chiffre en matière d’expulsions a encore de beaux jours
devant elle. La dignité et la malice des autochtones aussi.
Aténi voyage dans un taxi collectif qui doit le ramener chez lui, sur le
fleuve Maroni, frontière naturelle entre la Guyane et le Surinam. Il
approche de la ville d’Iracoubo, sachant pertinemment ce qui
l’attend juste après le pont, un préfabriqué blanc fatigué et des hommes
en uniforme à la rengaine éternelle : «
Gendarmerie nationale, papiers d’identités svp ! »
Vient ensuite le changement de véhicule, le « taxi bleu », nom donné au
fourgon de gendarmerie qui lui fera parcourir les 112 km restants
jusqu’à la frontière surinamaise – autant d’économisé sur le taxico de
départ. Depuis 2007, deux barrages routiers permanents aux extrémités du
département permettent à la gendarmerie de contrôler tous les
allers-retours sur les deux routes nationales qui longent la côte
[1]. «
J’ai
l’habitude de tout ce cirque. Je connais quelqu’un qui s’est déjà fait
expulser trois fois la même semaine. Leur soi-disant contrôle des
frontières, c’est une blague. On est expulsé au Surinam, et en dix
minutes de pirogue sur le Maroni on est de retour en France [2].
Le
contrôle fixe sert juste à écarter du littoral les populations du
fleuve. Si on veut vraiment éviter le barrage, on passe 500 mètres plus
loin, dans la forêt. » Les agents de la PAF de Saint-Laurent-du-Maroni confirment officieusement l’inutilité de leur tâche : «
Sous
Sarko, on nous obligeait à douze reconduites par jour, Valls nous en
exige huit par jour, ça reste la politique du chiffre, sans aucune autre
logique ! »
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