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Salutations anarchistes.
QUELQUES CONTACTS AU PÉROU :
Le collectif « Humanidad » de Lima qui publie le journal du même nom : http://periodicohumanidad.wordpress.com/ periodicohumanidad@gmail.com
Le site du collectif anar « Rompiendo el asfalto » qui a un squat à Lima : http://rompiendoelasfalto.blogspot.com/
L’Union Socialiste Libertaire : http://uslperu.blogspot.com/ uslperu@yahoo.es
Le groupe « Amor y Odio » d’Arequipa : http://org-amoryodio.blogspot.com/ org_amoryodio@hotmail.com
Compte rendu rencontre avec des militant(e)s de la mouvance anarchiste péruvienne sur Lima
Pour des raisons personnelles je me suis rendue au Pérou durant la fin du mois d’avril et début mai 2010. J’ai profité de l’occasion pour prendre des nouvelles de la mouvance anarchiste sur Lima. Une première approche s’est produite le 01 mai 2010 dans les locaux du SINATBAN (syndicat de travailleurs de la banque nationale), prêtés pour les éphémérides à l’USL (Union Socialiste Libertaire), groupe se revendiquant de la tradition anarchiste.
Parmi les assistant(e)s, j’ai pu constater la présence des militant(e)s d’autres groupements anars : un autour du journal « Humanidad » ; deux autres en tant que collectifs de discussion philosophique sur l’université ; un dernier autour d’un squat dans un quartier pauvre dans le centre de Lima. Les assistant(e)s étaient fort nombreu(ses)x (une petite quarantaine) par rapport à il y a 10 années (à peine quelques uns). Presque autant des femmes que d’hommes, dont la plus grand partie étaient des jeunes issus de milieu très modeste.
Il faut aussi dire que, de manière parallèle, il se tenait une autre réunion anarchiste qui fêtait le 01 mai dans un quartier périphérique, dans les locaux de la FOPEP (fédération de travailleurs boulangers), organisé de manière conjointe par le groupe qui produit le journal « Humanidad » et les camarades du squat libertaire, à laquelle je ne suis pas allée car je ne l’ai su que plusieurs jours après. On peut en trouver un petit compte-rendu dans le propre journal Humanité du mai (mis en ligne, première page).
Les contacts pris, j’ai eu une réunion informelle avec des militant(e)s hors USL le vendredi 07 mai dans un local commercial pour faire connaissance, pour échanger des infos sur des pratiques libertaires, pour donner aussi un modeste paquet de matériel imprimé en espagnol filé par le SIA, dans le but d’alimenter le besoin de lecture anarchiste des militant(e)s péruvien(ne)s. J’ai aussi reçu de leur part des journaux, des brochures et quelques tracts de ces camarades, aujourd’hui disponibles à la Pensée sauvage.
Mes impressions sur la mouvance anar et son évolution au Pérou est très positive, bien que je souhaite faire des précisions :
USL : apparemment le collectif le plus actif et/ou visible, ils entretiennent une page web et viennent de produire un journal appelé « Avancemos ». Mon impression ne tient que à la journée du 01 mai : un seul camarade à la tribune a pris la parole pendant à peu près deux heures, dont le discours utilise beaucoup les mots « libertaire », « autogestion » et « autonomie » mais sans vraiment développer le sens que l’on donne ; une haute valorisation des luttes populaires des années 70 – 80 menées par la gauche radical ; un analyse proche de la pensée marxiste (le déterminisme de l’histoire, un certain avant-gardisme, une vision prolétarienne...) ; une affirmation apparente dans les symboles capables de produire la cohésion autour d’un groupe (drapeaux rouge/noire recouvrant les murs, l’hymne anarchiste chanté debout à la fin...). C’est pour cela que je n’ai pas trop cherché à les rencontrer.
Journal « Humanidad » : Il sont peu nombreux mais ce qui surprend est la régularité du journal : depuis deux années, ils ont été capables de le produire presque tous les mois. Un de ses principaux activistes est celui que j’ai connu au SINATBAN, qui était à la réu convoquée par l’USL, à la différence de tous ses autres camarades, qui étaient plutôt à l’autre réunion ce 01 mai. Ce camarade est péruvien à la retraite, ayant vécu en France pendant 25 ans, et il a milité dans des organisations anarchistes françaises tels que l’UCL puis la CNT, il est aujourd’hui depuis 5 ans à Lima où il milite. C’est ce camarade qui a promu la réu conviviale du 07 mai, non sans quelques malentendus à ce moment-là qui se sont réglés assez rapidement. Le journal « Humanidad » est un document important de diffusion de la pensée anarchiste sur Lima, qui engage aussi bien des militant(e)s éparpillé(e)s que des squateurs libertaires et des étudiant(e)s universitaires. Bien que je n’ai pas lu tout le contenu et même pas tous les journaux produits, j’ai l’impression que les idées de l’anarchisme fondateur (Bakounine, Kropotkine...) y sont bien représentées.
Collectifs d’études anarchistes : J’ai connu deux groupes. Il étaient critiques de la propagande de l’USL, mais je ne connais pas leurs activités précises, seulement leur proximité idéologique du groupe « Humanidad » quoique en démontrant bien leur distance. J’ai pu établir le contact direct avec un de ces militant(e)s, étudiant à l’université qui permet à la fois le lien entre le collectif duquel il fait partie et les camarades du squat. Pas plus d’info que ça.
Le squat libertaire : C’est l’expérience anarchiste qui m’a impressionné le plus. Je dois préciser que je n’ai pas pu visiter le squat, pas eu le temps. En tout cas, il s’agit d’un étage occupé illégalement par des jeunes anarchistes (dont un camarade uruguayen) dans un bâtiment délabré dans un quartier du casque urbain à Lima. Ce bâtiment est aussi le foyer illégal de familles très modestes et même en marge de la loi. Des enfants y sont souvent délaissés par leurs parents, chômeu(se)rs de long date et/ou moralement abbatu(e)s. Ces camarades, pas très nombreu(se)x à y habiter à présent, se battent pour la diffusion des pratiques anarchistes telles que l’autogestion et la solidarité au quotidien : un petit jardin bio a été créé sous le principe d’investissement illégal des terrains vagues, ainsi que la prise en charge de quelques 20 enfants du bâtiment une fois par semaine dans leurs locaux, où ils passent des projections et proposent des activités ludiques et, enfin, l’apprentissage de la solidarité. Ils se proposent aussi de les apprendre à lire, et je suis sûre que ce ne sera pas pour apprendre le catéchisme. Ils se posent des questions sur l’école libertaire, et plus loin sur le concept même d’école. Ils côtoient des femmes prostituées qui travaillent au rez de chaussée du bâtiment, alors ils réfléchissent à la problématique féminine et pensent à la création d’un collectif anarcho-féministe. Malgré leurs énormes difficultés économiques, ils s’autofinancent. Ils ont crée un collectif appelé « Rompiendo el asfalto » (« Cassant le bitume »), dont un article a été publié dans le dernier numéro de Humanidad. On peut y lire : « Notre lutte est basée sur la réappropriation des connaissances humaines qui ont été perdues par résignation dû à la domestication civilisatrice... ».
Je veux aussi parler brièvement du collectif anarchiste « Amor y Odio » d’Aréquipa (« Amour et Haine »), la deuxième ville la plus peuplée au Pérou, dans le sud. Collectif né d’un long processus d’affirmations et dissensions dans le mouvement anarcho-punk des années 80 et 90, ces camarades entretiennent une page web, ils restent très actifs tout le long de l’année avec projections-débat et une petite bibliothèque libertaire qui est ouverte deux fois par semaine. Parmi les liens proposés dans sa page web, on y trouve autant l’USL que le journal « Humanidad », ainsi que d’autres... Je n’ai pas pu me rendre sur place, mais on peut visiter leur site web et avoir ainsi un petit aperçu des actions qu’ils mènent et de leurs débats.
En guise de conclusion, la mouvance anarchiste péruvienne s’est beaucoup développée ces dix dernieres années. Le premier moment clef paraît avoir été l’année 2006, après une rencontre nationale anarcho-punk à Cajamarca (prévue au départ comme une rencontre musicale punk, dans le nord du pays) où les anarchistes voulant contester la société à travers l’organisation militante se démarquèrent des anarcho-punks dont la perspective est plutôt pessimiste et/ou nihiliste (?). Un deuxième moment important fut, il paraît, la rencontre des collectifs anarchistes et proches de la mouvance libertaire à Lima dans l’année 2008, mais pour cela je n’ai pas vraiment d’infos.
Cependant, le monde libertaire au Pérou reste encore fragile dû à leur faible tradition anar. Je crois que des échanges plus constants avec nos camarades péruviens peuvent être développés, pour les épauler dans leurs démarches de construction d’espaces libertaires, mais aussi pour apprendre de leur expérience, qui à vrai dire, n’est pas si différente de la nôtre.
Viva la Anarquía !!
Vallejo de Caen