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L'En Dehors


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aperçu du mouvement anarchiste argentin

Lu sur Indymédia Paris : "Comme annoncé lors de l'envoi du texte sur la situation sociale en Argentine, voici, à la suite, un texte sur l'état présent du mouvement anarchiste argentin. Les informations qui s'y trouvent ont été rassemblées par une personne du SIA qui a passé récemment plus d'un mois et demi en Argentine. Ce texte émane du Syndicat Intercorporatif Anarchosyndicaliste de Caen (BP 257 14013 Caen Cedex). Il peut librement être reproduit, diffusé, publié en partie ou dans son intégralité. Tout ce que nous demandons c'est d'en être informé et que la source du texte soit indiquée. Un texte sur la situation actuelle du mouvement anar uruguayen sera prochainement diffusé. Bonne lecture.

LE MOUVEMENT ANAR EN ARGENTINE : Je ne vais pas rentrer dans de longues considérations sur la riche histoire du mouvement anarchiste en Argentine. Ça n'est pas l'objet de cet article. Le mouvement anar dans ce pays est dans une situation difficile. Sa taille est réduite. Il est morcelé. Sa logistique est faible. Ses ressources financières sont rares et nettement insuffisantes. Les quelques locaux « historiques » qu'il possède encore sont souvent délabrés. Il n'a pratiquement aucune insertion sociale et est peu présent hors de la capitale. Il existe un fossé générationnel entre quelques militant(e)s très âgé(e)s, ayant lutté dans un contexte historique révolu, et la majorité du mouvement composé de jeunes gens, pleins de bonne volonté, mais peu expérimentés. Les militant(e)s « entre 2 âges » sont rares, la dictature et ses 30 000 morts et disparus est passée par là. L'immensité du pays et la situation économique très dure rendent les déplacements et rencontres directes difficiles. Peu de livres et textes anars paraissent et ceux qui circulent sont assez souvent vieillots, parfois tirés de vieux stocks datant des années 60 ou 70, et abordent surtout l'histoire passée du mouvement.

La Fédération Ouvrière Régionale Argentine (FORA) : Il ne reste aujourd'hui pas grand chose de cette vieille organisation au passé héroïque. Quelques poignées de jeunes, appuyés par les quelques vieux encore vivants, ont cependant repris tant bien que mal le flambeau et rament, au milieu de bien des difficultés, pour maintenir à flots ce qu'il reste de la FORA. Celle-ci se compose à l'heure actuelle de 4 petites Sociétés de Résistance (des sortes de syndicats intercorporatifs) : à Buenos Aires, San Martin (dans la périphérie de la capitale), Cholila (un petit village) et Esquel (une petite ville de 30 000 habitants) en Patagonie, à 1500 kms de la capitale environ. La Société de Résistance de la capitale comprend environ une quinzaine de personnes, essentiellement de jeunes chômeu(se)rs et étudiant(e)s. Leur local situé dans le vieux quartier de La Boca est le seul que possède encore la FORA. Il est pas mal délabré. Lors des grosses pluies, l'eau de la cour rentre dans la salle de réunion et forme une mare au milieu de la pièce. Le toit (en tôle et briques) a également des fuites et l'eau ruisselle le long d'un des murs des de la salle d'archive, mur qui menace partiellement de s'écrouler. Avec un peu d'argent qu'ils reçoivent parfois de sections de l'Association Internationale des Travailleurs (AIT dont fait partie la FORA) ou que leur propose, à l'occasion, la Fédération Libertaire Argentine lorsque elle même en reçoit un peu de certaines sections de l'Internationale des Fédérations Anarchistes (IFA), les jeunes foristes de la capitale essayent de rénover peu à peu ce local. Un autre problème rencontré est qu'il faut transférer la propriété du local à de jeunes militants car les vieux qui en ont la propriété juridique savent que leur temps est compté, or cela nécessite des actes notariés qu'il faut payer assez cher…et la FORA n'a pas l'argent nécessaire pour le moment. Le local possède une petite bibliothèque, quelques vieux ordinateurs et quelques archives historiques de la FORA (mais celles-ci ont été dispersées au fil du temps, une partie s'est gâtée dans des lieux de stockages inadaptés, d'autres ont disparues lors de descentes de la police ou de l'armée, d'autres encore ont été perdues lors de scissions dans les années 10 et 20. Les archives les plus importantes se trouvent aujourd'hui au siège de la CGT, le syndicat officiel péroniste.). Ils disposent aussi d'un photoduplicateur d'occasion, acheté il y a quelques temps avec une aide financière (provenant de l'AIT si je ne m'abuse). C'est maintenant avec cette machine qu'est tiré, à prix réduit pour une qualité elle aussi réduite, tracts, affiches A3 et « Organizacion Obrera » (« Organisation Ouvrière »), leur journal bimestriel (format A4, 12 pages en général) diffusé à quelques centaines d'exemplaires. Ils reçoivent aussi un peu de presse en provenance de l'AIT ou du reste du mouvement anar international. La propagande qu'ils sortent me paraît assez décalée et est constitué surtout de déclarations de principes, de rappels historiques ou de vieux textes repris en articles ou tracts. Ils font à l'occasion du 1er Mai et d'autres anniversaires historiques des rassemblements où ont lieu des prises de paroles (ils ont une petite sono) et des tables de presse. Le 1er mai 2002 a vu passer environ 400 personnes (ce qui ne s'était pas vu depuis bien longtemps), sympathisant(e)s libertaires ou curieu(ses)x. J'ignore ce qu'a donné le rassemblement du premier Mai de cette année. Une partie des jeunes de la FORA qui galère au chômage est apparemment en train d'essayer de mettre en place une sorte de petite coopérative de production de pain dans un quartier de la périphérie de Buenos Aires où existe un petit centre social libertaire animé par un petit groupe indépendant. Cela permettrait de créer quelques revenus pour les compagnons sans emplois et de s'insérer un peu dans le quartier. Affaire à suivre…

Je parlerai peu du groupe de San Martin que je n'ai pas rencontré. Il semble constitué par une poignée de personnes et il lui arrivait de publier (je ne suis pas sur que ce soit encore le cas) un petit journal intitulé « Sociedad de Resistencia ».

Descendons maintenant vers le sud du pays (27 heures de bus ! ! !), en Patagonie où existent 2 petites Sociétés de Résistance de la FORA. A elles 2, elles réunissent une poignée de militant(e)s entouré(e)s de quelques sympathisant(e)s. A Esquel, la Société de Résistance locale fait, avec les moyens du bord, de la propagande (diffusion d' «  Organizacion Obrera, diffusion des petits paquets de tracts qu'elle reçoit occasionnellement de la capitale, slogans peints sur les murs, affichettes manuscrites ou sérigraphièes très artisanalement…). Elle s'investit aussi régulièrement dans le soutien aux communautés indigènes Mapuches de la région (peu nombreuses, les Mapuches vivant essentiellement du coté chilien) confrontées de plus en plus fréquemment à des problèmes d'expulsions. En effet, ces communautés indiennes ont été refoulées violemment par l'armée au 19ème siècle sur de mauvaises terres. Les survivants de ces opérations très meurtrières se sont installés comme ils ont pu, là où ils ont pu, mais sans posséder évidemment aucun titre de propriété. Or depuis plusieurs années de vastes superficies de terres « fiscales » (appartenant à l'Etat) ont été achetées en Patagonie par de grandes sociétés multinationales pour y faire de la prospection minière ou de l'élevage (c'est le cas de la firme Benetton qui possède d'immenses terrains où elle élève des moutons qui vont lui fournir la laine qu'elle va ensuite envoyer vers ses usines textiles). Les petites communautés Mapuches vivant sur ces terres achetées sont alors souvent visées par des demandes d'expulsions effectuées par les multinationales ou les grands propriétaires terriens. La gendarmerie se déplace alors pour abattre les masures des familles expulsées. La FORA locale s'associe alors très régulièrement aux protestations des communautés (petites manifestations et occupations symboliques d'édifices publics). Une marche pour le respect des droits indigènes et contre la vente et le dépeçage de la Patagonie a eu lieu à la capitale en Avril suite à une vague d'expulsions et d'agressions policières visant les Mapuches et suite aux problèmes liés au projet de mine d'or à ciel ouvert, toujours à Esquel. Ce projet minier a beaucoup fait monter la tension dans la région.. Une compagnie minière multinationale canadienne «  Meridian Gold » a acheté un terrain situé sur une des montagnes qui surplombe directement Esquel après y avoir détecté la présence d'or. Son idée était d'exploiter la mine à ciel ouvert et de trier et récupérer l'or avec une méthode nécessitant l'utilisation importante de cyanure. Cela risquait de provoquer des nuisances importantes (2 grosses explosions minimum chaque jour avec retombées de poussières sur la ville), d'importants risques de pollutions liés à l'utilisation du cyanure (empoisonnement des eaux de ruissellement provenant de la montagne dont la pente mène directement à certains quartiers pauvres de la ville) et de conférer à la compagnie minière un poids politique et social étouffant dans cette petite ville. Le projet a donc suscité beaucoup d'opposition en particulier auprès des commerçants, des professionnels du tourisme (en pleine expansion dans cette région immense aux magnifiques ressources naturelles), des classes moyennes, des associations écologistes etc…Des manifestations d'une ampleur jamais vue ont eu lieu à Esquel (plusieurs milliers de personnes battant le pavé), l'une d'entre elle a d 'ailleurs débouché sur l'occupation pendant toute une nuit du hall du palais de justice suite à une expulsion violente de Mapuches dans la petite localité de «  Vuelta del Rio », 3 vieux ayant vu leur maison détruite, leur potager ravagé et leur bétail dispersé par une vingtaine de gendarmes à cheval qui les ont menacé de mort s'ils ne partaient pas. Des comités «  citoyens » contre la mine ont vu le jour, collé des affiches, diffés des tracts et des feuilles de choux anti-mines, peint des slogans… « Meridian Gold » a répliqué par une coûteuse campagne de promotion de son projet (spots publicitaires, pages de pub dans la presse locale, lobbying auprès des élus…) articulée autour du thème du développement économique et de l'emploi. Le thème de l'emploi (environ 300-400 postes pour une durée d'exploitation estimée à 8 ans) lui a valu le soutien appuyé de l'Union des Ouvriers de la Construction de la Région Argentine (UOCRA, affiliée à la CGT péroniste) dont la bureaucratie a fait cause commune avec les capitalistes de la multinationale. La tension montant, les bâtiments de la compagnie ont rapidement dû être protégés par la police. Des renforts de police provinciale et fédérale ainsi que de la gendarmerie ont été envoyés à Esquel. L'affaire s'est, momentanément, conclue par un référendum populaire en Mars de cette année. Le NON l'a largement emporté (70% de votant(e)s et environ 80% de NON si mes souvenirs sont bons) malgré les efforts de communication déployés par la compagnie minière qui a également cherchée à acheter les votes des plus pauvres (concerts gratuits, distributions de tee-shirts et casquettes décorés de « SI a la mina », repas gratuit avec viande à volonté…et 50 pesos en moyenne par promesse de vote soit environ une quinzaine d'euros). Peine perdue, les pauvres, habitués depuis longtemps au clientélisme politique, ont pragmatiquement pris ce qu'on leur offrait avant d'aller voter NON ou de s'abstenir. Du coup, la position de la compagnie et de l'UOCRA s'est durcie et de nombreuses manœuvres d'intimidations ont eu lieu envers des opposants bien connus (filatures ostensibles, coups de fils anonymes, dégradations de maisons, visites domiciliaires, cambriolages etc…) culminant avec un cassage de gueule d'un contestataire qui se rendait à son travail tôt le matin, le tout accompagné de menaces de mort, pistolet braqué sur le ventre à l'appui. Ils s'en est suivi un rassemblement devant le siège de la compagnie qui s'est terminé en bagarre de rue suite à l'arrivé agressive d'un groupe de nervis de l'UOCRA. Un « escrache » (action surprise de dénonciation publique) a ensuite eu lieu de nuit devant la maison de l'ingénieur principal de la mine qui fut réveillé et abondamment traité de tous les noms par une quarantaine de manifestant(e)s. La FORA locale a évidemment participé, dans la mesure de ses petits moyens, à toute cette agitation. Nul doute en tout cas que la compagnie minière va revenir à la charge dans quelques mois avec un nouveau projet « plus sûr pour l'environnement »… A Cholila, à quelques heures de bus d'Esquel, une autre Société de Résistance existe et participe à une expérience de communauté «  libertaire » (composée de jeunes qui produisent de l'artisanat), perdue dans la montagne et les bois, qui connaît des hauts et des bas, confrontée qu'elle est, entre autres, à une difficile situation économique, ainsi qu'à des problèmes interpersonnels et de fonctionnement interne. Une rencontre anarchiste régionale, apparemment parfois assez chaotique, s'y est tenue en Janvier de cette année et a rassemblé des anars d'Esquel, Bariloche, Viedma , Bolson… Elle a donné lieu à une coupure de route nationale menée par une trentaine de compagnons masqués et qui a durée 3 heures environ avec slogans anti-mine peints sur la route et diff de tracts. Aucun(e) participant(e) n'a pu être identifié(e) par la police présente sur les lieux, fort heureusement d'ailleurs vu que l'affaire a fait grand bruit (la première coupure de route depuis fort longtemps en Patagonie, région peu touchée par la forte agitation sociale qu'a connu le reste du pays) et donné lieu à un dépôt de plainte de la part des autorités de la province et de la chambre de commerce et d'industrie d'Esquel.

La Fédération Libertaire Argentine (FLA) : J'ai eu peu de contacts avec cette organisation. Elle revendique 50 à 60 membres dans tout le pays et est implantée essentiellement dans le grand Buenos Aires. Elle dispose d'un immense local cependant assez vétuste là encore. Des rénovations partielles ont parfois lieu lorsque arrive un peu d'argent de l'étranger. Elle dispose d'un fond d'archive et d'une bibliothèque relativement important. Pas mal d'universitaires y passent pour y faire des recherches. On y trouve quelques vieux, quelques cinquantenaires et une majorité de jeunes (entre 20 et 30 ans). Elle publie « El Libertario » mais apparemment de manière très sporadique, le dernier numéro que j'ai pu me procurer datant semble t'il (à mon grand étonnement) de décembre 2001. Certains de ses membres sont investis dans les assemblées populaires et y diffusent irrégulièrement une petite feuille de choux intitulée « De Pie » (Debout). La FLA édite aussi à l'occasion, suivant ses moyens financiers, quelques petits bouquins sur l'histoire du mouvement argentin ou présentant l'anarchisme. Je n'ai pas eu le sentiment qu'elle était très dynamique. Ses relations avec la FORA semblent chargées de vieilles querelles, les vieux de la FORA ne lui ayant jamais pardonné d'avoir pactisé, par haine du péronisme, avec certains coups d'Etat militaires.

La bibliothèque populaire « Jose Ingenieros » : Elle fut fondée en 1935 par des anarchistes et quelques socialistes qui n'y restèrent pas longtemps. Elle a déménagée à plusieurs reprises, fut fermée par Peron de 49 à sa chute en 55, connut ensuite des descentes de police, certains de ses participants ou proches « disparurent » durant la dictature. D'innombrables conférences, projections, expos etc…ont été organisée par ses membres. Elle est propriétaire depuis les années 50 de son propre local, assez grand et assez bien entretenu. Une dizaine de personnes y participent actuellement dont quelques vieux bien attachants. Elle accueille traditionnellement dans ses locaux les réunions de divers groupes ou associations à caractère libertaire. Ses archives ne sont pas énormes, par contre on peut y trouver une grande quantité de livres sur tous les thèmes. Cette bibliothèque est apparemment considérée comme une sorte de lieu « neutre » et semble avoir de bonnes relations avec la FLA, la FORA, le journal « La Protesta » etc…

« La Protesta » : Je n'ai pas rencontré les animateurs de ce titre historique (crée en 1897 et qui doit dépassé le 8220ème numéro) du mouvement anar argentin. C'est un journal format standard de 8 pages qui est diffusé surtout dans le grand Buenos Aires. Le groupe qui l'édite semble collaborer régulièrement avec un autre groupe qui s'appelle « Libertad ».

Le groupe « Libertad » : Je n'ai pas non plus rencontré ce groupe qui édite un journal du même nom (bimestriel, 8 pages format standard, diffusé là encore surtout dans le grand Buenos Aires). Ils organisent avec « La Protesta » des actes conjoints lors du 1er Mai. Ces 2 groupes ne semblent pas dépasser la dizaine de participant(e)s chacun. Le tirage de leurs journaux doit être de 500 exemplaires, peut être 1000 pour La Protesta dont une partie envoyée à l'étranger. Leur ligne politique semble être d'un anarchisme classique et sourcilleux.

L'Organisation Socialiste Libertaire (OSL) : L'OSL, que je n'ai pas rencontrée, ne semble pas réunir plus d'une poignée de membre et son activité essentielle semble être de publier « En La Calle » (Dans la rue), journal « de l'anarchisme organisé », un mensuel plutôt bien présenté, format standard, 8 pages, diffusé apparemment à 1000 exemplaires, dont une partie à l'étranger. Ses quelques membres semblent avoir des activités au sein de MTDs du grand Buenos Aires. Il semble que la parution et diffusion à l'étranger du journal, assez «  luxueux », repose en bonne partie sur l'appui financier que lui procure le réseau « Solidarité Internationale Libertaire » (SIL).

L'Organisation Révolutionnaire Anarchiste (ORA) : Ce groupe, apparemment assez récent, je ne l'ai pas non plus rencontré. Ce qu'on m'en a dit, c'est qu'il regroupait 5 à 10 membres. Il publie une feuille de choux mensuelle intitulée « Resistencia » (format A4, 8 pages). Il semble constitué principalement d'étudiant dont l'un au moins serait issu d'une famille de dirigeants du Parti Communiste Révolutionnaire maoïste ce qui pourrait expliquer le « profil » politique pour le moins surprenant de cette organisation « anarchiste  » qui parle à longueur de page « d'avant-garde révolutionnaire », de «  gouvernement des travailleurs », de « programme ouvrier et de masse », de « travail militant en cellule », prône « un gouvernement ouvrier et paysan et la création de milices populaires d'autodéfense en Irak pour lutter contre la guerre yankee-impérialiste » (du pur délire).

Le groupe AUCA et le Mouvement pour l'Unité Populaire (MUP) : Quittons maintenant la capitale pour La Plata, grande ville universitaire (600 000 habitant(e)s environ) située à une soixantaine de Kms au sud. J'y ai rencontré le groupe AUCA-Socialisme Libertaire. Ce groupe rassemble une quinzaine de militant(e)s et publie à 500 exemplaires un journal bien présenté, nommé « Ofensiva Libertaria », format standard, 8 pages. Ce petit groupe, composé essentiellement d'étudiants et de jeunes chômeurs anciens étudiants, offre la particularité d'être à l'origine de la création d'un important mouvement piquetero dans le secteur de La Plata et du district de Quilmes, à savoir le MUP. Préoccupés depuis fort longtemps par le manque d'insertion sociale de l'anarchisme, ils ont entamé il y a plusieurs années de cela un travail dans certains quartiers pauvres. Avec l'aggravation de la crise, l'explosion sociale de Décembre 2001 et l'obtention par les mouvements piqueteros de la possibilité de gérer directement une partie des plans individuels d'aide sociale, le MUP a, comme la plupart des autres mouvements piqueteros, considérablement grandi. Il regrouperait aujourd'hui plus de 1000 personnes, organisées en un «  front » des quartiers et un « front » étudiant, et gérerait plusieurs centaines de plans. Au niveau des quartiers et bidonvilles, le travail du MUP a consisté à développer des « comedores » (des sortes de cantines populaires pour les gamins), du soutien scolaire, des jardins potagers, des fours à pain etc… Le MUP s'est également préoccupé de santé publique (les conditions sanitaires et médicales) sont souvent très mauvaises dans les zones pauvres et participe, avec d'autres mouvements piqueteros de la zone, à une « Coordination de Santé Publique » qui a mené des blocages de laboratoires pharmaceutiques et des campagnes de collectes dans les pharmacies, ce qui lui a permis d'obtenir plus de 33 000 traitements médicamenteux divers qui ont été répartis dans les dispensaires des différents mouvements qui composent cette coordination. Au niveau universitaire, AUCA a impulsé la création d' « aguas negras » (Les Eaux Noires), association étudiante, qui s'est alliée avec les maoïstes et des péronistes de gauches s'inspirant des montoneros (groupe « Quebracho  ») pour s'emparer de la direction de la fédération des étudiants de La Plata qui était contrôlée avant Décembre 2001 par des péronistes libéraux. Ils ont présenté avec leurs alliés des listes aux élections, ont des élus dans certains départements universitaires et participent donc, à ce titre, aux organismes « paritaires » de l'université. Ils ont occupé il y a quelques mois.avec le MUP un collège privé qui a fait faillite dans le centre de La Plata et qui leur offre désormais un vaste espace pour se réunir, héberger des gens, mettre en place une bibliothèque, du soutien scolaire, réaliser des réunions publiques etc… AUCA bénéficie donc d'une « caisse de résonance » importante avec le MUP mais, en même temps, se retrouve débordé par la charge de travail et confronté aux mêmes problèmes que tous les autres mouvements piqueteros. Leur utilisation et gestion directe des plans individuels d'aide sociale a attiré dans le MUP plein de gens non politisés qui venaient poussés par la nécessité d'obtenir un plan, il faut alors former politiquement et pratiquement ces personnes, mettre en place un fonctionnement participatif et démocratique (ce qui ne s'improvise pas surtout avec des gens inexpérimentés et passifs surtout au début). Dans la période actuelle de reflux des luttes sociales, l'Etat va probablement chercher à reprendre le contrôle de la gestion de l'ensemble des plans d'aide sociale ce qui viderait les mouvements piqueteros de la majeure partie de leurs membres. Pour tenter de parer à cela, il faut alors tenter de mettre en place des projets productifs (boulangerie artisanale, jardins potagers, petits élevages de lapins et de poules, ateliers de ferronnerie…) susceptibles de faire rester les gens dans le mouvement même après que l'Etat ait fermé le robinet des plans d'aide. Par ailleurs, AUCA, qui dit s'inspirer des pratiques de la Fédération Anarchiste Uruguayenne (FAU, à savoir organisation spécifique de type plateformiste articulée avec des fronts « larges » d'action étudiants, ouvriers, syndicaux et de quartiers), tend à reproduire le schéma léniniste d'une avant-garde politique articulée à une organisation de masse à recrutement « large  », peu politisée de fait et au moins partiellement instrumentalisée en fonction des objectifs de l'avant-garde. Sa volonté d'insertion et d'implantation, de développement logistique et numérique l'a également conduit à entrer dans le jeu de la représentation électorale à l'université en vue d'y constituer une base d'appui reposant en partie sur une présence dans les institutions, quitte à nouer pour cela des alliances contre-nature avec des groupuscules autoritaires. AUCA fait également référence à la construction d'un « pouvoir populaire », «  d'un gouvernement de ceux d'en bas » reposant sur les formes d'organisation dont se dotent les « forces populaires » et sur des alliances stratégiques entre organisations révolutionnaires. Ce pouvoir aurait un contenu « national, anti-impérialiste, populaire et démocratique » et se développerait, au moins au début, « dans le cadre général de l'Etat bourgeois ». Comme on peut le constater, même si leur références idéologiques sont anarchistes (de tendance nettement plateformiste et classiste), leur culture et stratégie organisationnelle est indubitablement et fortement teintée de marxisme voire de léninisme. Cela explique que malgré son insertion sociale réelle et sa volonté affichée de faire « descendre l'anarchisme dans la rue », la plupart des autres groupes libertaires du pays considèrent AUCA avec méfiance ou hostilité, comme étant un groupe à la marge ou même en dehors du mouvement anarchiste.

Les « indépendants » de La Plata : C'est moi qui les appelle ainsi vu qu'ils n'ont en fait pas de nom. Ils sont une poignée de militantEs anars, en majorité issu d'une même famille de libertaires. Eux aussi bossent depuis plusieurs années dans quelques quartiers pauvres. Ils ont commencé à développer dans l'un d'entre eux une bibliothèque populaire sur un terrain squatté. Ils ont construit leurs locaux avec du matos de récupération. Après l'explosion sociale de décembre 2001, ils ont mis en place aussi un comedor, un potager, du soutien scolaire, une bourse aux vêtements, un four à pain et agrandi leurs locaux peu à peu avant de mettre en place une expérience du même type dans un bidonville. Ils ont eu recours aux plans individuels d'aide sociale et ont eu l'autorisation de les gérer directement suite à des actions d'occupation et de blocage de rues. Environ 80 plans sont gérés dans le cadre de cette expérience militante. Les anars et militantEs de gauche indépendants, autogestionnaire qui y participent ne forment pas une organisation, plutôt une sorte de réseau qui s'est constitué sur le tas, au gré des rencontres qui se sont effectuées à partir de la pratique. La participation du plus grand nombre, la collectivisation du fonctionnement, la diversification des activités sont des préoccupations assez centrales pour eux. Ils ont en projet un atelier de ferronnerie et un élevage de lapins susceptible d'approvisionner en viande leur comedor. Ils rencontrent les mêmes problèmes que tous les autres mouvement de chômeurs (comment faire participer les gens venus poussés par la nécessité, collectiviser les savoirs, s'auto-organiser, parer au risque de réforme de la gestion des plans d'aide etc… ?). Certains d'entre eux participent au collectif « Letra Libre » qui se destine à publier des ouvrages sur l'anarchisme. L'édition simultanée d'un recueil de textes de Chomsky sur l'anarchisme et d'un ouvrage d'un sympathisant libertaire uruguayen sur le mouvement social argentin actuel semble imminent.

La bibliothèque populaire « Alberto Ghiraldo » de Rosario : Cette bibliothèque a apparemment été fondée dans les années 40 par des anars à Rosario, une assez grande ville à quelques heures de bus de la capitale. Elle a déménagé au gré des locations mais s'est maintenue sans discontinuer depuis cette époque. Une vingtaine de personnes, dont pas mal de jeunes, y sont particulièrement impliquées. Les archives sont réduites mais il y a pas mal de bouquins. Des projections vidéos, des débats y sont régulièrement organisés. Pas mal de jeunes et quelques assembléistes s'en sont rapprochés depuis Décembre 2001. Leur situation financière est limite, ils rament pour payer les loyers, les factures et les impôts locaux grâce à leurs cotisations, souscriptions, dons, bénéfices tirés de petites fêtes etc... Leur bail touche à sa fin et il va falloir qu'ils déménagent de nouveau. La bibliothèque accueille les réunions d'un petit cercle d'études sociales non spécifiquement libertaire et celle d'un collectif anar assez récemment crée, le « Collectif Pensée et Action  ». Le lieu m'a paru assez vivant, pas mal fréquenté par des gens assez dynamiques. Ils auraient bien besoin d'un petit coup de pouce.

Le Mouvement Anarchiste de Libération Ouvrière (MALO) de Bariloche : Je n'ai pas rencontré ce groupe isolé qui fut récemment découvert par les potes de la FORA de Patagonie. Découvert est bien le mot car le MALO est bel et bien une sorte de « miracle » politique. Le premier Mai 2002, des anars de Cholila, Esquel, Bolson se sont rendus en bus à Bariloche, à quelques heures de voyage d'Esquel, pour mener une petite action de soutien aux prisonniers politiques. A l'une des entrée de la petite ville, leur bus a été arrêté par un blocage piquetero (pneus qui crament, gens cagoulés avec des gourdins etc…). Ils descendent voir ce qui se passe et aperçoivent un drapeau noir flottant au milieu des piqueteros. Ils s'approchent, se présentent comme étant des anarchistes et tombent sur des jeunes ravis de constater qu'il y a d'autres anars dans la région. Eberlués, les compagnons de la FORA apprennent l'existence du MALO, créé par un groupe d'une trentaine de jeunes issus d'un bidonville qui survit grâce au recyclage des ordures de la grande décharge qui le jouxte. Le MALO semble exister depuis 4 ans, procède tous les premier Mai à des coupures de routes à l'entrée de la ville, participe activement à une sorte de mouvement piquetero informel issu du bidonville, pratique en son sein des blocages de routes donnant lieu à des prélèvement de « taxes » sur le transport de passagers et de marchandises. Avec l'argent récolté, ils achètent de la bouffe en gros pour le comedor populaire crée pour alimenter les gaminEs du bidonville ou en refilent une partie à la mère de l'un d'entre eux abattu par la police il y a 2 ans. A l'occasion de cet assassinat, ils ont détournés des bus avec d'autres habitantEs du bidonville et ils sont descendus avec en centre ville où ils ont commencé à ravagé les vitrines des commerces. Ils sont tous jeunes. Les plus vieux doivent avoir 21 ou 22 ans. Il semble que ce soit eux qui soient tombés sur un peu de propagande anarchiste. Après en avoir discuté et cherché un peu plus d'infos sur le sujet, ils se sont décidés à monter un groupe qui fut bientôt rejoint par une partie des jeunes du bidonville. Le niveau politique semble assez faible et marqué par une nette tendance à l'illégalisme. Une partie des jeunes du groupe n'échappe pas à la réalité de leur milieu et ont des problèmes d'alcool, de stupéfiants et certains se dédient à des activités de cambriolage dans les maisons des riches ou des classes moyennes. Ils sont aussi connu pour avoir pillé un hangar appartenant à l'église. Ce hangar situé prés du bidonville contenait du matériel de construction (ciment, tôles, briques, planches etc…) destiné aux œuvres de charité et du matériel du même type stocké là par un entrepreneur privé. Le pillage, réalisé par la majeure partie de la population du quartier, a donné lieu à un affrontement de plusieurs heures avec la police qui a finalement été obligée de se retirer. Le hangar est depuis entre les mains du MALO. Le comedor du quartier a été attaqué en plein jour par des junkies vraisemblablement recrutés par les politiciens locaux pour intimider les gens du quartier. Des coups de feu ont été tirés sur la cantine où des femmes et des enfants préparaient la bouffe. Certains jeunes du MALO se sont depuis procurés des armes pour leur auto-défense et celle du comedor. Ils ont participé à la première rencontre libertaire de Patagonie en Janvier et ont organisé la deuxième en Avril dans leur hangar. Je ne sais pas ce qu'a donné cette rencontre, j'ai quitté la région peu de temps avant mais les dernières nouvelles n'étaient pas bonnes. A force de faire parler d'eux, ils ont finit par faire l'objet d'un harcèlement policier. Une unité anti-émeute a été dépêchée à Bariloche et faisait régulièrement des descentes et des perquisitions dans le bidonville. Certains membres du MALO ont été systématiquement raflés, frappés et menacés au point que certains d'entre eux ont du se barrer pour quelques temps. Le contexte de la deuxième rencontre libertaire semblait donc particulièrement tendu.

Quelques bribes d'infos sur d'autres groupes : Il a des groupes constitué également à Cordoba et Mar Del Plata. Ils semblent actifs de puis des années. Leur taille est réduite. Un petit local existerait à Cordoba. Un petit réseau libertaire aux activités sporadiques existe à Viedma. Il porterait le nom d'Antonio Soto, un des militants de la FORA qui anima les grandes grèves des ouvriers agricoles de Patagonie en 1921 qui furent sauvagement réprimées par l'armée. Ses activités semblent fluctuantes. Quelques individus animeraient aussi sporadiquement une Croix Noire Anarchiste à Buenos Aires (circulation d'infos sur les prisonniers politiques révolutionnaires dans le monde). Quelques individus de la capitale ont aussi commencé à publier une feuille d'info intitulée « El Ilegal ». D'après ce qu'on m'a dit, il est fréquent de voir se créer de petits groupes d'individus, d'anarcho-punks qui collent quelques affiches, sortent quelques numéros d'un fanzine avant de disparaître dans la nature.

-  Le mouvement anar argentin est donc fragmenté, les communications sont difficiles, ils manquent de fric et d'expérience militante en ce qui concerne les plus jeunes. Il règne parfois une certaine confusion idéologique. Il ne doit pas y avoir plus de 300-350 anars organisés (plus ou moins) à l'échelle du pays. Voilà l'essentiel de ce que je pouvais dire sur le mouvement anar de ce pays.

COMMENT CONTACTER CES GROUPES ? ? ?

Voici les adresses de locaux, de boites postales et d'E-mail qui sont en ma possession.

-  Je précise clairement que tous ces groupes sont dans le besoin. Si vous passez les voir, il est souhaitable que vous leur apportiez de la presse, quelques affiches, des autocollants, des infos sur le mouvement en France, un peu de fric, quelques bouquins ou brochures en espagnol, un peu de matériel de bureau. Il est préférable de se débrouiller en espagnol pour communiquer. Les langues étrangères comme l'anglais ne sont pas toujours pratiquées.

-  Ces groupes peuvent être intéressés par des « jumelages » avec des groupes, syndicats ou organisations nationales françaises. A vous de voir dans vos structures locales et/ou nationales si vous pouvez les soutenir en collectant du pognon ou en collectant et transportant des ouvrages en espagnol.

-  Pour prendre contact par E-mail, envoyez vos messages bien à l'avance, les messageries n'étant pas toujours relevées fréquemment.

ATTENTION : il existe sur la capitale un groupe intitulé « Socialismo Libertario » à la phraséologie vaguement libertaire. Il s'agit en fait apparemment de trotskistes (drapeaux rouges dans leurs cortèges etc.).

FORA

-  A Buenos Aires : local Calle Coronel Salvadores N°1200, adresse C. P. 1167 Buenos Aires, Tel :4303-5963, E-mail : fora5congreso@hotmail.com ou fora@data54.com

-  A San Martin : oficiosvariossanmartin@hotmail.com

-  A Esquel : srcaesquel@hotmail.com

-  A Cholila : S. R. Oficios Varios Cholila ( adresse : Lago Lezana, CP 9217 Cholila- Chubut)

FLA

Local Calle Brasil N°1551

Adresse : Brasil 1551, 1154 Buenos Aires, Argentine

Tel : 4305-0307

fla2@radar.com.ar

Bibliothèque « Jose Ingenieros »

Local Calle Ramirez de Velasco N°958, Buenos Aires.

Tel :4857-6404

Journal « La Protesta »

Adresse postale : Amanecer Fiorito, casilla de correo 20, 1439 Buenos Aires, Argentine

laprotesta@topmail.com.ar

Groupe « Libertad »

Adresse : Libertad C.C. N°15, 1824 Lanus Este, Buenos Aires, Argentine

saludyanarquia@latinmail.com, saludyanarquia@ciudad.com.ar

Page web

OSL

libertaria@infovia.com.ar

ORA

resistencia_ora@ciudad.com.ar

Page web

AUCA

auca@data54.com

ofensivalibertaria@data54.com

Page web

« Les indépendants de La Plata »

letralibre@yahoo.com.ar

Bibliothèque « Alberto Ghiraldo »

Local (pour quelques mois encore) : Calle Paraguay N°2212, Rosario

ghiraldo@hotmail.com, pensamientoyaccion@hotmail.com

Ecrit par libertad, à 22:46 dans la rubrique "Culture".

Commentaires :

  Anonyme
20-08-03
à 23:58

correccion

por favor, corrijan la direccion del periodico de buenos aires, argentina, La Protesta. la direccion postal no esta mas en funcionamiento por el costo de mantenerla. la unica via de comunicacion es por e-mail: la_protesta@hotmail.com
cualquier cosa comuniquense con nosotros.
muchas gracias,
fedrico / Grupo Editor La Protesta
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  Anonyme
21-08-03
à 00:56

Re: correccion : la traduction

Traduction en français du pôst précédent :

S'il vous plaît, veuillez corriger l'adresse du périodique de Buenos Aires, Argentine, La Protesta. L'adresse postale n'est plus accessible à cause de son coût trop élevé. Le seul moyen de nous joindre est par e-mail : la_protesta@hotmail.com
Merci beaucoup,
Fedrico / Groupe éditeur de La Protesta

Note du traducteur : il est probable qu'il ne lisent que les mail écrits en espagnol...
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