ANTI ELECTORALISME A TOUS LES NIVEAUX !
Nous pensons utiles et même nécessaire de dénoncer les aspects pervers de la délégation de pouvoir y compris au plus « petit » niveau, celui de la commune. Le « municipalisme » un temps défendu par certains est une voie erronée qu’il convient de dénoncer au même titre que la délégation de pouvoir qu’elle soit cantonale, régionale, nationale ou présidentielle.
Il n’y a pas de petit village et de grandes métropoles. Au soir des élections il ne restent plus que des élus qui le sont pour six années et qui mettront en oeuvre (nous imposeront) une politique que nous n’aurons pas choisie ! L’autogestion prônée par les anarchistes et tant décriée par les étatistes et les autoritaires réunis trouve dans notre engagement sa justification : Nous passer de professionnels de la politique afin d’accéder à la condition d’acteurs de nos propres vies.
Le rite du suffrage universel ou l’art de négocier la longueur de la chaîne...
La constitution de la Ve République impose à l'ensemble des citoyens, en âge de voter, de « choisir », à intervalles réguliers, un nouveau président, de nouveaux députés, conseillers européens, régionaux, cantonaux et municipaux, en sacrifiant bien entendu au sempiternel rituel électoral. Il ne s'agit évidemment pas de désigner le meilleur d'entre tous, mais au bout du compte, l'heureux élu qui s'accaparera, pour son usage et celui des siens tous les leviers de commande, toutes les manettes du pouvoir !
Il nous privera de parole, parlera en « notre » ( ?) nom au point de préfigurer ce que peut être un « père » (ici de la nation) ou un parrain (ici de la cité). Le suffrage universel est devenu, au fil des années, le rite qui consacre l'illusion du choix et du pouvoir démocratique alors qu'en réalité il entérine et pérennise le pouvoir des dominants. Il a relayé dans l'Histoire, au niveau de la symbolique, ce qu’avait de sacré le couronnement de Carolus Magnus.
Et les Municipales dans tous ça …
En réalité elles n’échappent pas à la règle électorale générale. En effet, ce n’est pas parce que le niveau « décisionnel » est plus proche des individus (des « citoyens ») que leur contrôle sur ce qui se fait et se décide, en est facilité ! Bien au contraire, sous couvert de gestion des intérêts dits collectifs au « raz des pâquerettes », les décisions se font sans aucune consultation préalable, sans que l’intérêt du plus grand nombre soit pris en compte.
Les élus ne peuvent donc être contrôlés et encore moins révoqués une fois en poste. Durant six années ils appliqueront leurs méthodes, imposeront leur politique et se passeront de tout recours auprès de celles et ceux qui sont sensés les avoirs désignés. La voilà, la forfaiture suprême ! celle qui fait que les intérêts particuliers des tenants du pouvoir sont toujours privilégiés quand ils sont en balance avec l’intérêt général !
En fait, les intérêts particuliers des tenants du pouvoir (fut-il que municipal) relèguent ceux des habitant(e)s au second plan!
Les appétits des « politiques » sont aiguisés comme des lames. Nous assistons à une empoignade pour le Pouvoir qui pourrait être risible, si en toile de fond elle ne se faisait au détriment du plus grand nombre, c'est-à-dire à notre détriment !
Homme politique, candidat, édile … une même école : celle de l’esbrouffe.
L'homme politique qui se proclame dans un premier temps - lorsqu'il n'est encore qu'un candidat - apte à gérer pour « notre bien » ( ?) les affaires de la cité, et qui s'engage à tenir d'une main ferme les rênes de la commune, l'homme qui, lorsqu'il est élu, se préoccupe de défendre envers et contre tous la « Raison d'Etat », les valeurs républicaines et libérales réunies et la sacro-sainte loi du capitalisme inégalitaire et barbare, cet homme ne remplit d'autre rôle que celui de gardien des principes qui sanctifient la domination du pouvoir sur les « citoyens », les dominés.
Les candidats aux futures « municipales » incarnent assez bien cet état d'esprit.Il est vrai que cette hyper-administration politique s'est arrogé des droits phénoménaux, et qu'elle a eu la géniale idée de camoufler tout cela sous les oripeaux du bien de la collectivité, du devoir accompli et des charges nécessaires à les réaliser. Les élus sont devenus, aux yeux des citoyens conditionnés, des êtres nécessaires, incontournables, sans lesquels la machine ne pourrait plus tourner.
Une fois les élections passées et le Conseil municipale élu, le Maire est désigné en son sein. Il remplit une fonction et, quand nous comparons les comportements des uns et des autres et les résultats obtenus par les personnalités élues à ce poste, qu’elles soient d'idéologie ou d'approches des problèmes différentes, nous n’y trouvons pas de différences notables !
L’édile ne modifie en rien le sens profond de sa fonction. Le Conseil municipal lui-même n’a pas de poids réel comparé à celui du Maire. Le Maire peut aussi devenir Président d’une Communauté de communes et le rôle qui lui est dévolu est encore plus important.
L’Etat un invité omniprésent …
Précisons que, quelle que soit la taille de la commune (grande ville ou petit village), le maire y est le premier représentant de l’Etat, avec les droits régaliens qui y sont attachés, notamment les « droits de police ». L’organisation de la commune se fait sur le modèle de l’Etat. Les « administrés » ne décident de rien. Les décisions sont du seul ressort du Maire et de son Conseil. Nous savons pertinemment que lorsqu’un référendum communal est organisé concernant des problèmes liés à la qualité de la vie (déchetterie ; voies de grande circulation ; tunnel routier…), les résultats sont rarement, sinon jamais pris en compte.
C’est à l’Etat et au Préfet, en dernier ressort de faire respecter la politique et les décisions arrêtées en haut lieu ! En revanche, les habitants versent les « impôts locaux » qui doivent permettre en grande partie de mettre en oeuvre une politique décidée loin d’eux, sans eux ! Les antagonismes sociaux sont identiques que nous soyons au niveau communal ou au niveau de l’Etat. Quant à l’aménagement du territoire, il est décidé en haut lieu et le Maire et son Conseil ne sont là que pour appliquer les décisions arrêtées à l’étage supérieur…
Ne pas courber l’échine, … réagir : AGIR au lieu d’ELIRE.
Faire courber l'échine des exploités et de tous les exclus et ne leur proposer, comme seule « alternative », que le changement de personnel chargé de mettre en oeuvre ces politiques d'exploitation et d'exclusion.
C'est à ça qu'il faut s'attaquer, si nous voulons que les choses changent réellement en profondeur. Il faut s'atteler au démantèlement des structures de l'exploitation et de l’exclusion - l'Etat, la politique politicienne en sont des rouages essentiels - et ne plus se contenter de changer de maître. La servitude volontaire, comme l’expliquait il y a quelque temps de cela La Boétie, se caractérise par l'absence de révolte. L'homme, trop souvent, non content d'être esclave entend le demeurer et, pour ce faire, se forge lui-même ses propres chaînes.
L'électoralisme, le non - geste caché dans l'isoloir, le blanc-seing donné à l'élu, les voilà les maillons de la chaîne qui entrave les citoyens. Les élections ne peuvent pas être un moment fort pour nous qui considérons que c'est le système lui-même qui est à revoir et à changer en profondeur.
Autonomie, autogestion : les termes de notre affranchissement.
Nous ne pouvons rester spectateurs plus longtemps. Il nous faut être « acteurs » nous-mêmes, rejeter leurs fausses solutions. Nous devons être responsables, suffisamment pour gérer collectivement toutes les situations et tous les aspects auxquels nous sommes confrontés, sans en référer à des "professionnels" qui n'aspirent en réalité qu'à l'exercice du Pouvoir. Ne recommençons pas, une fois de plus, l'erreur de déléguer à des hommes politiques notre souveraineté, puisque nous sommes persuadés qu'ils n'en feront qu'à leur tête, une fois élus.
En prenant nos affaires en mains, en administrant ensemble et directement la vie de la cité, nous ferons mieux qu'eux et, sans affaires, sans scandales, sans appétits financiers ou de Pouvoir.
Nous pouvons, nous devons gérer la ville Nous-Mêmes. C’est l'administration des choses et des situations plutôt que le gouvernement des Hommes, c’est cette grande idée anarchiste qui a traversé le siècle qui s'impose à nous toutes et tous aujourd’hui encore plus qu’hier ! Elle seule peut nous permettre de sortir définitivement de l'ère de la barbarie pour rentrer de plain pied dans celle de l'humanité.
Alors, en mars 2008, sachons dire clairement à celles et ceux qui vont se proposer à nous pour « nous encadrer, nous conseiller, nous protéger, nous aider, nous guider, nous conduire, nous représenter… », que nous n’en avons aucunement besoin et que nous nous débrouillerons bien sans elles, sans eux…
En un mot, qu’elles et ils se limitent à s’occuper de leurs affaires et surtout pas des nôtres !
Groupe Puig Antich - Perpignan
Coordination des Groupes Anarchistes
www.c-g-a.org