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Lu sur : Indymedia.CH « HOMMAGE - Libertaire jusqu'au bout des ongles, André Bösiger était le dernier survivant de la tuerie du 9 novembre 1932 à Genève.
Il avait l'anarchisme dans la peau. Et l'humilité de ceux qui ont tout sacrifié à une cause. Hospitalisé au Centre de soins continus des Hôpitaux universitaires genevois, André Bösiger s'en est allé discrètement le 13 avril. Et a été incinéré quelques jours plus tard, à l'insu du mouvement anarchiste pour lequel il représentait «le vénérable ancêtre», selon l'expression du cinéaste Daniel Künzi.
Il avait 92 ans. Il faut dire que la vie d'André Bösiger, né le 22 juillet 1913 à Perrefitte, près de Moutier (Jura bernois), se mêle étroitement à des hauts faits qui ont émaillé l'action militante à Genève au cours du XXesiècle. Au début des années 1930, il milite au sein de la Ligue d'action du bâtiment, sorte de bras armé du syndicat de la branche, la FOBB. Objectif: faire comprendre aux patrons par l'action directe qu'ils ont intérêt à respecter les conventions collectives. Le 9 novembre 1932, il est un des témoins directs du massacre perpétré par l'armée contre des manifestants antifascistes qui fera treize morts et, selon le bilan officiel, 65 blessés.
Il luttera également, toujours depuis Genève, en faveur des anarchistes espagnols durant la guerre d'Espagne en organisant des expéditions d'armes et des prises en charges d'orphelins. Rebelote durant la Guerre d'Algérie. André Bösiger héberge tant des indépendantistes que des insoumis de l'armée française.
« NICOLE, CET IMBÉCILE »
Avec le temps, relève Daniel Künzi, André Bösiger était devenu « l'incarnation de l'anarchisme flamboyant. C'était un anarchiste à poil dur, un instinctif. Il n'était pas nécessaire de lui expliquer ce qu'était un policier ou un patron. Tout ce qui représentait l'autorité provoquait chez lui des réactions viscérales. » Marianne Enckell, du Centre international de recherche sur l'anarchisme, basé à Lausanne, abonde : « Il faisait preuve d'une solidarité inébranlable. Toute sa vie a été marquée par une grande cohérence. » Celle-ci lui a valu quelques séjours en prisons qu'il commentait avec ironie.
Libertaire jusqu'au bout des ongles, il n'a, disait-il, voté qu'une seule fois dans sa vie. Pour donner sa voix à l'élection au Conseil d'Etat de Léon Nicole et trois de ses camarades socialistes. L'espoir de voir la Genève rouge améliorer les conditions de la classe ouvrière était réel. La déception qui a suivi aussi. Lors d'une interview qu'il nous accordée en novembre 2002, André Bösiger lâchait: «Léon Nicole m'a tellement déçu. Il est devenu imbécile. Passant d'un parti à l'autre jusqu'à devenir un bolchevique. Il n'a pas su travailler avec les organisations syndicales et avec le mouvement ouvrier. A la fin, plus personne ne voulait de lui.» Il ajoutait, dépité: «Autrefois, nous luttions pour supprimer le salariat et le patronat. Aujourd'hui, plus personne ne parle de ça. »
En 1992, il publie ses mémoires, Souvenirs d'un rebelle. Un an plus tard, le réalisateur Bernard Baissat lui consacre un film : André Bösiger. Libertaire jurassien. « Les jeunes anarchistes se les arrachent tous les deux », note Marianne Enckell. André Bösiger apparaît également dans deux films de Daniel Künzi. Mais le cinéaste avait décidé de lui en consacrer un entièrement. Le tournage a pu être terminé, pas le montage. Celui-ci devrait être bouclé l'année prochaine. Le court-métrage qui en sortira s'intitulera Anarchisme, mode d'emploi. »
Marco Gregori pour le courrier
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Le 9 novembre 1932 l’armée tirait sur des manifestants qui protestaient contre la tenue d`un meeting fasciste. Bilan officiel : 13 morts et 65 blessés. André Bösiger se souvient.
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